La Lozère reste en situation de crise malgré les pluies des derniers jours
Vendredi 19 août, en conférence de presse, le préfet de Lozère Philippe Castanet a annoncé maintenir le département « en situation de crise », et averti que la sécheresse n'est pas terminée.
Malgré les pluies de ces derniers jours, le préfet Philippe Castanet a prévenu lors d'une conférence de presse, ce vendredi 19 août : « le département est maintenu en crise ». Le préfet de Lozère a par ailleurs précisé que « de nombreux épisodes de pluie seront nécessaires pour retrouver les niveaux d'eau habituels ». Le département garde donc les mesures* de crise mises en place depuis le 29 juillet, avec cependant de légères détentes, notamment en agriculture : « nous réautorisons, dans des limites très strictes, l'irrigation des parcelles agricoles collectives ou individuelles, dans des conditions très limitées, puisque pour ce qui est des irriguants dûment enregistrés en irrigation collective, c'est une consommation de 25 % maximum de leur autorisation d'irrigation qui est autorisée. Et pour les irriguant individuels, l'irrigation est autorisée un jour par semaine, sur déclaration à la DDT, et de nuit. » L'irrigation des cultures maraîchères, légumières, florales, fruitières ou pépinières est autorisée uniquement de 20 h 00 à 8 h 00 ; quant à l'alimentation en eau des rases, elle est interdite « sauf nécessité pour l'abreuvement des animaux ». Enfin, une précision : l'alimentation des fontaines est interdite « sauf si la fontaine fonctionne en circuit fermé ou si elle est déconnectée du réseau d'eau potable et permet l'abreuvement des animaux ». Le préfet de Lozère a aussi profité de la conférence de presse pour souligner, entre autres, « l'exemplarité du monde agricole : les agriculteurs ont joué le jeu de manière collective pour le bien commun ». Mais si les pluies de fin de semaine ont apporté un petit répit aux cours d'eau lozériens, le préfet a averti que « la sécheresse est loin d'être finie, et la discipline collective doit continuer » ; les modèles météorologiques de ces prochaines semaines n'annoncent, en effet, pas de pluie et des températures qui restent élevées.
Concernant les agriculteurs, un dossier au titre des calamités agricoles, qui avait été préparé dès fin juin, « a été considéré comme insuffisamment incomplet », a expliqué le préfet de Lozère. À ce titre, un nouveau dossier sera rapidement présenté à l'automne, après « un nouveau tour d'évaluation, d'un commun accord avec les partenaires, pour mieux prendre en compte les pertes du printemps et de l'été ».
Des mesures de soutien
En conférence de presse le 22 août, le ministre de l'agriculture Marc Fesneau a par ailleurs annoncé des mesures. La plus attendue concernait les semis des cultures intermédiaires qui ont pu être déclarées par les agriculteurs pour remplir leurs obligations de SIE (surfaces d'intérêt écologique). Marc Fesneau a annoncé qu'il ouvrait la possibilité de déroger individuellement à l'obligation de ces semis, à condition d'adresser une demande motivée aux services préfectoraux, et que celle-ci soit acceptée. Jusqu'ici, ces demandes d'exemption individuelle au titre des SIE n'existaient que pour l'obligation de levée. Le ministre de l'Agriculture avait au préalable dressé un état des lieux des dégâts de la sécheresse sur la ferme France : en grandes cultures (-13,5 q/ha de maïs sur un an, fin juillet), arboriculture (+6 % pour la récolte de pommes) et prairies (-21 % de pousse cumulée fin juillet par rapport à la référence), et soulignant qu'il était encore trop tôt pour évaluer d'éventuels phénomènes de décapitalisation du cheptel bovin. Des avances d'aides Pac versées le 16 octobre vont être gonflées : elles seront de 85 % pour l'ICHN (contre 50 % habituellement), et de 70 % pour les aides directes (contre 50 % habituellement). L'enveloppe annuelle de dégrèvement de cotisations sociales sera mobilisée, à hauteur de 15 millions d'euros dès l'automne. Enfin, le régime des calamités reste en vigueur, avec la réunion prochaine de comités départementaux d'expertise (CDE). Et, comme prévu par le code des impôts, des dégrèvements de TAFNB seront opérés « après détermination d'un taux de perte par zone géographique et par production ».
Quant aux produits sous signes de qualité, des demandes de modifications temporaires des cahiers des charges pourront être déposées auprès de l'Inao. « Ce sont des procédures prévues et traitées au sein d'un comité », a expliqué Caroline Ly, directrice par intérim de l'Inao. Trois dossiers avaient été déposés début août et leurs demandes accordées, et une trentaine d'organismes de défense et de gestion sont en réflexion sur l'opportunité de déposer leurs dossiers. « Nous serons réactifs, et prêts à réunir le comité au besoin » a assuré Caroline Ly. En 2019, treize modifications temporaires avaient été octroyées à des AOP-IGP qui l'avaient demandé, une fois les demandes étudiées. Un processus « assez rapide », selon la directrice par intérim, puisque les modifications peuvent être accordées en 15 jours à trois semaines.
*Les mesures prises au 19 août sont consultables sur le site de la préfecture de Lozère : https://www.lozere.gouv.fr/content/download/28331/201377/file/RAA_SPE37_19aout2022_APsecheresse.pdf