La laine en quête d'un bon filon
Premier bassin de production de laine, le Massif central souffre de la baisse de la demande asiatique, les stocks s’accumulent dans les fermes. Dans ces conditions plusieurs projets sont à l'étude parmi lesquels la création d'un cluster laine portée par l’association Lainamac, la CCI de Bayonne Pays Basque soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine.
Premier bassin de production de laine, le Massif central souffre de la baisse de la demande asiatique, les stocks s’accumulent dans les fermes. Dans ces conditions plusieurs projets sont à l'étude parmi lesquels la création d'un cluster laine portée par l’association Lainamac, la CCI de Bayonne Pays Basque soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine.
Les travaux sur la filière laine progressent dans le Massif central
Le Service interdépartemental des Chambres d'agriculture vient de réaliser un état des lieux sur la filière laine, qui
fait ressortir le riche tissu de transformateurs qui localement valorisent les laines selon leurs caractéristiques au profit de divers débouchés.
A côté des textiles tissés, le secteur de la matelasserie et de la literie utilise les qualités gonflantes des laines locales. Par ailleurs, l’isolation et le paillage en laine peuvent participer à l’adaptation du bâtiment et de l’agriculture au changement climatique. Dans le cadre de la convention de Massif central, un projet de feuille de route pour la filière laine a été soumis à consultation des acteurs en janvier dernier. Globalement validé, il s’enrichira des nombreuses contributions. La feuille de route prévoit de soutenir les dynamiques collectives et les expérimentations visant à faciliter le déstockage des laines, consolider les outils et les savoir-faire de transformation, augmenter les débouchés et structurer des filières durables.
Un Cluster laine en Nouvelle-Aquitaine
Chaque année, quelque 2 300 tonnes de laine sont ainsi collectées dans la région. Si la ressource existe et que certains produits emblématiques de la région l’utilisent (béret basque, charentaises, tapisserie d’Aubusson…), elle demeure insuffisamment valorisée. « Les marchés se sont effondrés avec la crise sanitaire, confie Géraldine Cauchy, directrice de Lainamac. Il faut que nous trouvions de nouveaux débouchés, notamment pour les laines rustiques ».
Textile, ameublement, matelas...De nombreux usages
Deux types de laines sont en effet collectés en Nouvelle-Aquitaine. Les laines croisées, issues du bassin allaitant sont utilisées pour le textile, l’ameublement, la matelasserie, etc. La longueur de leurs mèches permet la filature. Les laines rustiques proviennent quant à elles des massifs Central et Pyrénéen et sont plus difficilement exploitables. De nouveaux débouchés sont à inventer. « On pense à l’isolation mais quid de la certification ? reprend Géraldine Cauchy. On peut aussi imaginer utiliser les laines rustiques pour du calage (emballage) et dans l’agriculture comme paillage ou comme fertilisant mais là encore des questions se posent, sur l’hygiénisation par exemple ». Bref, de nombreux freins sont à lever pour trouver et mettre en place ces nouveaux débouchés. Ce sera une des missions du futur Cluster laine qui va être mis en place en avril avec pour fers de lance la CCI Bayonne Pays Basque qui travaille sur les nouveaux débouchés de la laine en partenariat avec l’association Lainamac.
Lainamac dispose d'un pôle de formation en Creuse
Implantée à Felletin, au sud du département de la Creuse, aux abords du plateau de Millevaches et au cœur du pôle historique du tapis et de la tapisserie d’Aubusson, Lainamac est un organisme de formation professionnelle continue déclaré depuis 2012 et certifié Qualiopi depuis 2020. Les principaux savoir-faire enseignés sont la connaissance de la laine, la teinture naturelle, le feutre, le filage, la maille ou encore le tissage.
Depuis 2021, Lainamac propose des parcours de formation d’environ 150 heures par spécialisation dans le cadre d’une démarche de certification de son offre. Le centre de formation porte une attention particulière au fait main et à l’origine des matières, qu’elles soient françaises ou issues de collections des filatures de la Creuse. Il est très en lien avec le tissu d’entreprises locales et facilite les visites d’entreprises et immersions en stage.
Participation à la Fashion Week à Paris
Lainamac anime également un incubateur textile axé sur la laine, dédié aux artisans d’art et marques émergentes des secteurs de la décoration d’intérieur, du matelassage et de l’habillement.
L’incubation, d’une durée de 1 à 3 ans, permet à ses participants de bénéficier d’un programme d’ateliers et de formations. Les entreprises peuvent aussi profiter d’équipements mutualisés qu’elles n’auraient pas les moyens d’avoir à titre individuel. Un développement économique potentiel qui passe aussi par une visibilité accrue, avec la participation à des événements comme la Fashion Week à Paris. "Cela permet aux entreprises de mieux se structurer, de se consolider, aux entrepreneurs-artisans de gagner en sérénité et, à travers un renforcement de leur stratégie marketing, de faire connaître leurs productions afin de trouver de nouveaux circuits de vente", explique Géraldine Cauchy. Soutenue financièrement depuis sa création par la Région Nouvelle- Aquitaine, notamment à travers son incubateur Oh My Laine, Lainamac va poursuivre son action en faveur d’une filière de la laine vivante et créative avec en projet l’ouverture d’un deuxième atelier à Aubusson.
Le 27 avril prochain, une première rencontre entre les partenaires aura lieu à Libourne sous l’égide du Conseil Régional. Elle sera suivie d’un séminaire courant 2024 qui permettra d’établir une feuille de route détaillée pour le nouveau Cluster.