La filière tabac dans la tourmente
La section auvergnate de la coopérative Périgord Tabac a tenu son assemblée générale ; l’occasion de revenir sur la campagne 2016 et le soutien au projet de Scoop de la Seita de Riom.
Après un effondrement de la production en 2012, le tabac maintient désormais ses surfaces dans le département du Puy-de-Dôme. Sur la campagne 2017, 68 hectares et 40 planteurs, dont quatre jeunes, ont été enregistrés. La culture reste malgré tout dans une situation critique.
Sans plus aucun soutien de la part de l’Union Européenne et un marché mondial toujours en berne, les producteurs ne peuvent compter que sur le soutien de leur coopérative mais pour combien de temps ?
La production s’effrite
L’ambiance était morose à l’assemblée générale de la section territoriale Auvergne de Périgord Tabac, le 8 décembre dernier. Bien que la campagne en cours soit plutôt « pas mal en termes de rendements et de qualité » d’après Jean-Louis Duron, le président ; le prix du tabac ne promet aucune merveille. Stagnant aux alentours de 4€ depuis plusieurs années, il semblerait qu’il ne soit guère différent pour 2018. Cette situation est loin de satisfaire les planteurs coopérateurs dont les effectifs ne cessent de diminuer sur le territoire de Périgord Tabac. La coopérative enregistre cette année encore, une année déficitaire.
Le département du Puy-de-Dôme est l’unique exception où les planteurs parviennent à ralentir l’hémorragie. « Nos surfaces et nos rendements sont stables parce que beaucoup d’entre nous augmentent leur production et de nouveaux planteurs remplacent les arrêts » explique le président. La promotion de la culture du tabac auprès des agriculteurs et le soutien matériel aux nouveaux installés, ont rempli leur rôle. Cependant, Jean-Louis Duron en est persuadé : « sans prix rémunérateur et sans aide de la part de l’État aux jeunes installés en tabac, nous ne parviendrons pas à développer davantage la production. »
Le projet auvergnat est-il perdu ?
Alors, des produits « locaux » voient le jour. « L’orientation vers des tabacs de très grandes qualités, avec un prix rémunérateur, apparaît comme une voie d’amélioration. Mais, il faut être vigilant. La mécanisation ne nous permet pas aujourd’hui de garantir un tel produit. Il faut peser le pour et le contre. À quoi bon avoir 1€ de plus s’il passe dans la main-d’œuvre ?»
Les producteurs de tabac avaient un projet de cigarette made in Auvergne-Rhône-Alpes avec les salariés de la Seita de Riom. Depuis l’annonce d’Impérial Tabacco de stopper la production de l’usine, les producteurs de tabac puydômois ont soutenu les salariés. Ces derniers avaient un projet de Scoop et de poursuite de l’activité grâce à la reprise du matériel et des locaux. La multinationale a rejeté une à une toutes les propositions des salariés (rachat, location…). «Ils ne veulent rien nous laisser parce que notre projet représente une concurrence pour eux, même si elle est infime » témoigne Stéphane Allègre, le représentant du comité de soutien des salariés.
Début janvier, les outils de l’usine, dont certains uniques en France, devraient être démantelés et détruits. L’ex-salarié et Jean-Louis Duron regrettent l’absence de positionnement des politiques dans ce dossier. Le projet aurait pourtant permis le maintien d’une centaine d’emplois et la consolidation de la production tabacole de la grande région.