SANITAIRE
La FCO laisse des traces dans les élevages bovins
Quelques mois après l'épizootie de FCO qui a frappé la région ainsi que toute la France, les éleveurs bovins puydomois observent des séquelles sur les animaux ayant contracté la maladie.
Quelques mois après l'épizootie de FCO qui a frappé la région ainsi que toute la France, les éleveurs bovins puydomois observent des séquelles sur les animaux ayant contracté la maladie.
Les bovins sortent-ils réellement indemnes de la FCO ? La dernière épizootie a démontré une fois encore que la fièvre catarrhale ovine touchait principalement, et de façon virulente, les ovins avec un fort taux de mortalité. Elle a également impacté les bovins dans une moindre mesure, avec très peu d'animaux morts des suites de la maladie. Toutefois, les éleveurs observent une augmentation des pertes embryonnaires et des avortements ainsi qu'une baisse de la production laitière sur les animaux guéris. Les témoignages s'accumulent un peu partout en France, y compris dans le Puy-de-Dôme avec la difficulté de relier ces constatations directement à la maladie.
« Certaines génisses ne retiennent plus »
À Olliergues dans le Livradois-Forez, l'altitude n’a pas suffi à stopper la FCO. Dans son élevage laitier, Arnaud Tixier a vu plusieurs de ses animaux contracter la maladie malgré une désinsectisation en règle. Les génisses âgées de seulement un an ont été les premières touchées. « Elles étaient pourtant en bonne santé, on les préparait pour la reproduction. » Les génisses ont contracté la maladie peu de temps après le début de l'estive. Sur la trentaine d'animaux, quatre ont développé des signes cliniques : « fièvre, affaiblissement général, perte de poids et de croissance ». Les carences induites par la FCO ont contraint Arnaud Tixier à reporter l'insémination de ces animaux.
Un autre lot de génisses, gestantes celles-ci, a également été contaminé en juillet. Là encore, quelques-unes seulement ont développé des signes cliniques. « Nous avons refait des échographies sur ce lot pour s'assurer de la gestation. Toutes les génisses qui ont été malades se sont avortées. »
La perte est d'autant plus importante que certaines de ces génisses n'ont pas retenu la saillie du taureau. Elles restent désespérément vides encore aujourd'hui.
« Elles ont perdu deux fois. Il n'y a plus rien à faire. Ce sont des animaux qui vont finir à l'engraissement. »
Des pertes qui s'accumulent
La FCO ne s'est pas arrêtée aux jeunes animaux. Elle a également contaminé un lot de vaches taries faisant une victime. « Cette vache avait eu une mammite que nous avions réussi à soigner. Sans la FCO, elle ne serait pas morte. » Arnaud Tixier explique d'ailleurs que ce lot d'animaux a développé des symptômes importants. Même son vétérinaire n'a su lui expliquer pourquoi elles étaient plus touchées.
« Elles avaient des aphtes gros comme une pièce de 2 euros partout dans la bouche et l'œsophage. »
Désormais toutes guéries, les vaches d'Arnaud Tixier n'en demeurent pas moins affaiblies. Les pertes peuvent paraître substantielles mais toutes additionnées, elles pèsent lourd au sein de l'exploitation. « Les vaches malades ne pouvaient pas manger. Elles ne se sont donc pas préparées convenablement pour la lactation. Nous avons perdu 500 à 1 000 litres pour 4 vaches. C'est une perte sèche parce qu'elles produisent moins mais mangent comme les autres maintenant. »
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Des situations difficiles à bilanter
Le cas d'Arnaud Tixier n'est pas isolé. Depuis plusieurs semaines les témoignages similaires se multiplient tant dans les élevages bovins laitiers qu'allaitants. Cependant, aucunes données chiffrées n'existent à ce jour. Pour Philippe Andraud, conseiller en élevage laitier à l'EDE 63, il est difficile de faire le lien avec la FCO.
« Nous ne savons pas si ces avortements ou les pertes de lait résultent des effets de la maladie uniquement ou d'un état sanitaire des animaux insuffisant que la FCO est venue dégrader davantage.»
Ce qui est certain en revanche, c'est une baisse d'immunité sur les animaux guéris, notamment vis-à-vis des risques infectieux. « Les animaux qui ont eu la FCO sont plus prompts à développer des boiteries par exemple. »
Philippe Andraud recommande aux éleveurs d'être vigilants. Ces bovins doivent faire l'objet d'une cure de rétablissement. La priorité est donnée à la minéralisation et notamment aux antioxydants comme le sélénium et la vitamine E, complémenter avec du cuivre et du zinc (oligo-éléments nécessaires au bon fonctionnement du système immunitaire). « La composition du minéral doit être adaptée pour chaque situation d’élevage. » Une ration plus énergétique doit également être envisagée.
Un protocole qu'applique à la lettre le jeune éleveur d'Olliergues. « C'était la première fois que la FCO touchait mon élevage. »
Arnaud Tixier dit avoir déjà acheté les vaccins contre la FCO ainsi que celui pour la MHE. « Une fois, ça suffit ! »
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