La coopérative Célia reste prudente sur ses perspectives d’avenir
Mardi 3 décembre, l’assemblée de section Languedoc de la coopérative Célia a eu lieu à Antrenas. L’occasion pour éleveurs et élus de revenir sur des années où prix et production fluctuent beaucoup, rendant les prévisions compliquées.
Mardi 3 décembre, l’assemblée de section Languedoc de la coopérative Célia a eu lieu à Antrenas. L’occasion pour éleveurs et élus de revenir sur des années où prix et production fluctuent beaucoup, rendant les prévisions compliquées.

« 2024 a été une année favorable pour les éleveurs », s’est réjoui Henry Peyrac, président de la coopérative Célia dans son rapport moral. « On a vu une augmentation des cours, que ce soit en ovin ou bovin, qui a été relativement forte », a noté ce dernier, qui a rappelé que le pendant de ces nouvelles positives était de nombreux questionnements sur le prix payé aux éleveurs, notamment par les coopératives, et principalement au niveau de leurs fonds propres pour financer le tout. « Tout ça, on l’assume, et des choix ont été faits au niveau de la coopérative, mais c’est important de le souligner. Car si ces choix n’avaient pas été faits, et par nous et par nos prédécesseurs », ce serait sans doute plus compliqué, a admis Henry Peyrac, rappelant par ailleurs que « les volumes, sur l’année, ont baissé et continuent de baisser encore. Ce qui est embêtant, parce qu’on est des régions où on ne peut pas faire autre chose, et quand on voit que même dans les régions d’élevage, il y a une baisse des effectifs, on s’interroge ». Différents critères peuvent expliquer ces baisses de volume, entre inflation, sécheresses répétées et décapitalisation des troupeaux pour garder de l’autonomie : « mais cela fait quand même partie des choses qui font tiquer jusque dans les coopératives, puisque nous avons des frais fixes (personnel structures, etc.), mais ce sont des choix d’avenir ». Malgré un contexte sanitaire compliqué par les variants de la FCO et la MHE, la coopérative Célia continue donc sur sa lancée.
Une activité bovine qui donne des signes de reprise
L’activité bovine, sur les dix premiers mois de l’année 2024, est « en retrait au niveau du groupe de 3 % », a présenté Hervé Chapelle, directeur de la coopérative Célia. « C’est surtout l’activité de négoce qui est en très forte baisse, compte tenu des différences de prix ».
Mais sur la partie purement coopérative, l’activité se maintient, a souligné le directeur de Célia, puisque « sur les achats auprès des adhérents, on a presque atteint l’équilibre sur les huit premiers mois ». Une bonne performance, a averti Hervé Chapelle, « liée essentiellement à une bonne campagne de repousse. Les équipes avaient mis pas mal de veaux de repousse à l’automne dernier, qui sont sortis sur le premier trimestre ». Mais les chiffres du second semestre semblent dessiner une baisse, pour le moment. « Toutes les catégories sont concernées par ces baisses, même si on observe depuis un an, une tendance à reconstituer un potentiel de production, note Hervé Chapelle. On a sensiblement beaucoup moins de broutardes qui sont proposées à la vente et les réformes, en conventionnel ou filières de qualité, sont aussi un peu en retrait, comme si le potentiel de reproduction est en train de se reconstituer tout doucement ». Une reconstitution aidée notamment par l’achat de mâles, puisque « la coopérative Célia en a acheté plus que l’an passé, près de 400 ». Quant aux filières de qualité, elles se sont maintenues globalement, avec « une perte de 80 bêtes en Fleur d’Aubrac, tandis que les BFA ont une décroissance beaucoup moins marquée que sur l’année précédente ».
Ces prix rémunérateurs doivent « pousser les éleveurs à être encore plus techniques que par le passé, parce que ça vaut le coup, aujourd’hui, de faire vêler une vache, d’élever des veaux, etc. ».
Une activité ovine fluctuante
« Depuis le début de l’année, l’activité ovine apparaît un peu plus chahutée, puisqu’on a perdu 30 % des volumes », a noté le directeur de la coopérative Célia. Des volumes perdus notamment sur les agnelets, « même si en activité globale, on a tendance à être stable, et même à repartir ». Particularité du marché ovin : les prix ont continué de monter, et les prix au kilo ne sont plus « le facteur limitant ». Hervé Chapelle a rappelé cependant que le cheptel race à viande a été « fortement impacté par la FCO cet automne, notamment ». Quant au cheptel laitier, « il y a carrément le feu ces temps-ci, puisqu’on achète des agnelets 24 euros supplémentaires par tête qu’à la même époque l’an dernier ».
Le véritable frein à la production concerne plutôt le volume de production que peuvent fournir les éleveurs, bien en deça de la demande, plutôt que le prix au kilo. « Cela fait trois mois que l’on manque de production, on ne trouve pas d’agneaux » a souligné Hervé Chapelle. « On s’interroge sur ce qu’il faut faire pour vendre de l’agneau quand on n’a pas de production. Alors c’est général sur le schéma national, en décroissance forte, mais la question se pose. L’an dernier, on avait compensé avec du négoce, mais cette année, ça a été quasiment impossible. Tout le monde cherche des agneaux ».
Mardi 3 décembre, l’assemblée de la Fleur d’Aubrac a eu lieu à Antrenas. Un moment pour éleveurs et élus d’échanger sur une filière de qualité qui souhaite se développer.
La filière de qualité Fleur d’Aubrac maintient son activité
« Les filières de qualité sont des locomotives, et quand ça tire vers le haut, c’est bien » a salué Henry Peyrac, président de la coopérative Célia lors de l’assemblée générale de l’association Fleur d’Aubrac. « On a passé des époques où la présence des filières était hyper importante pour tenir les prix », a rappelé Henry Peyrac qui a par ailleurs salué l’effort de revalorisation qui est en train d’être effectué sur les grilles de prix des filières de qualité. « Il y a un déséquilibre matière qui s’accentue pour des raisons de pouvoir d’achat et de changement de comportement des consommateurs, mais les filières de qualité se maintiennent », a pour sa part souligné Hervé Chapelle, directeur de la coopérative Célia.
Revaloriser les filières de qualité
David Cayrel, président de l’association Fleur d’Aubrac, a salué cette réévaluation des grilles, tout en rappelant que ce « n’est pas une révolution. C’est une augmentation qui intervient chaque année, pour essayer de suivre un peu le prix du maigre, qui ne fait qu’augmenter, donc il faut qu’on suive pour que les éleveurs qui font le choix d’engraisser des génisses s’y retrouvent aussi ». Une revalorisation qui, espère le président, devrait encourager les éleveurs à revenir à ces filières de qualité. « Nous constatons une légère baisse pour le moment, notamment au niveau du nombre d’animaux engraissés sur les fermes qui baissent un peu partout, donc il se fait un peu moins de croisement, et mécaniquement, il y a un peu moins de génisses disponibles ». Et la concurrence actuelle du prix du maigre n’encourage pas forcément les éleveurs à se lancer dans de l’engraissement, opération longue et coûteuse le temps de l’engraissement.
Via la rémunération du prix, David Cayrel espère encourager les éleveurs à se tourner vers ces filières de qualité telles que la Fleur d’Aubrac, même s’il sait que « lorsque quelqu’un arrête quelque chose, c’est compliqué de relancer la machine ».
Mais le président de l’association Fleur d’Aubrac compte notamment sur les nouvelles générations d’installés pour se tourner vers les filières de qualité, qui selon lui, « restent attractives et une bonne chose pour amener de la plus-value sur leurs animaux et sur les fermes ». Tout en soulignant que si les prix du maigre et ceux des filières de qualité se rapprochent, les filières de qualité gardent encore une marge de manœuvre intéressante. L’autre pendant de l’attractivité des filières de qualité est constitué des coûts de production, qui ont flambé ces dernières années, mais qui, selon David Cayrel, amorcent désormais « une légère descente. Surtout, ça n’a pas augmenté aussi vite que passé un temps, donc on est un peu plus serein par rapport à ça et aux marges que l’on peut dégager sur nos animaux ».
« C’est une filière qui se porte bien, qui rémunère ses éleveurs et qui roule », conclut David Cayrel.