« La continuité des élevages touchés dépendra de notre capacité à être solidaires »
À la suite des annonces de la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, au Sommet de l’élevage concernant la situation sanitaire (FCO et MHE), les éleveurs lozériens ne les jugent pas « satisfaisantes ». Éclairage avec Mickaël Tichit, président de la section ovine de la FDSEA.
À la suite des annonces de la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, au Sommet de l’élevage concernant la situation sanitaire (FCO et MHE), les éleveurs lozériens ne les jugent pas « satisfaisantes ». Éclairage avec Mickaël Tichit, président de la section ovine de la FDSEA.
Trop peu, trop tard : la formule, lapidaire, pourrait fort bien convenir à ce que pensent, en résumé, les éleveurs lozériens des annonces faites au Sommet de l’élevage par le gouvernement, pressé de calmer la colère agricole grondante. « Les annonces, au niveau du montant, me paraissent légères, regrette Mickaël Tichit. Surtout que la prise en charge concerne principalement le sérotype 3 ».
Pour sa part, le FMSE a annoncé un « accompagnement des éleveurs touchés par la FCO BTV8 en 2023 et 2024, et la prolongation de la période de prise en charge des foyers liés à la MHE en 2024 ». Les élevages éligibles sont ceux ayant fait l’objet d’une suspicion clinique posée par le vétérinaire de l’élevage et confirmée ensuite par un résultat d’analyse PCR positif FCO BTV-8, et sont ceux constatés entre le 1er juillet 2023 et le 31 août 2024, avec des pertes éligibles jusqu’au 31 décembre 2024. Ces programmes représentent une enveloppe fermée de 19 millions d’euros, avec application d’un stabilisateur en cas de dépassement de l’enveloppe. Le taux d’indemnisation des pertes est de 100 %.
Jean-François Maurin, président de la FDSEA, rappelle, pour sa part, que « l’indemnisation des éleveurs est soumise à déclaration. Il est impératif de déclarer ses foyers de maladies pour que le FMSE puisse prendre en charge l’indemnisation ».
Le nouveau variant du sérotype 8 a occasionné de nombreux dégâts dans les élevages du département. « C’est trop léger de penser qu’en proposant un vaccin gratuit, ça va solutionner la situation. Mais ça ne va pas nous rendre les brebis qui étaient aptes à faire du bénéfice, et donc des rentrées d’argent plus rapides, si je peux dire, pour les éleveurs ». Pour le responsable de la section ovine lozérienne, de nombreux élevages du territoire ont été touchés par la FCO 8 : « Il y a des élevages qui ont été touchés entre 5 et 25 %. Un éleveur lozérien a même plus de 60 %de son troupeau touché ».
Les éleveurs se sentent donc les grands oubliés des annonces et qui sont « au bord de l’explosion », prévient Mickaël Tichit. « Les plus touchés, et même les autres, ne s’en remettront pas s’il n’y a pas une aide. C’est vital, sinon ils ne vont pas remettre de brebis », craint l’éleveur, lui-même touché par la FCO 8, ayant perdu 18 brebis (sur 311 au total, ce capital ayant été entamé à la fois par la question sanitaire et par la prédation). « La continuité de ces élevages dépendra de notre capacité à être solidaires, et offrir une vraie prise en charge pour les plus gravement atteints ». Et de pointer le risque de « poudrière sur le terrain. Les éleveurs sont au bord de l’explosion ». Celui qui indique se battre avant tout pour les éleveurs ovins du département, souligne que sur le terrain, des réunions entre professionnels agricoles et pouvoirs publics ont déjà eu lieu, et les discussions continuent.
« Lors du congrès de la FDSEA, qui aura lieu le 24 octobre, nous recevons Christophe Chambon, le président du FMSE. J’espère que nous pourrons lui faire comprendre que nous sommes vraiment au bord du gouffre, pour certains. Et qu’il est important de trouver aussi des fonds suffisants pour accompagner aussi ceux touchés par la FCO 8 ».
Cependant, Mickaël Tichit souhaite rester positif, malgré tout : « Je suis sûr que cet épisode sanitaire est surmontable, même si, quand on le vit, on a l’impression qu’on n’y arrivera pas. Encore faut-il avoir des vaccins, en nombre, et à un prix qui soit acceptable pour les éleveurs », glisse le responsable syndical. « Quand on perd des brebis en production, que ce soit à cause de la prédation ou de la FCO, ça fait très mal comptablement », conclut-il.