Région
La chambre d’agriculture limousine à l’heure du bilan
La dernière session de 2009 a eu lieu le 21 décembre dernier à Panazol.
Noël oblige, c'est sous la neige que s'est déroulée la dernière session 2009 de la chambre régionale d’agriculture du Limousin (Cral), lundi 21 décembre dernier au Safran à Panazol (Haute-Vienne). Bien que tous les invités n'aient manifestement pu se déplacer pour l'occasion, eu égards aux conditions climatiques, les participants ont néanmoins débattu des sujets d'actualité 2009 et de l'année à venir.
2009 : des aides pour une agriculture extrêmement fragile
La conjoncture économique agricole en cette fin d'année est dramatique comme l'a rappelé le président Joël Soursac lors de son allocution. Les chiffres fournis viennent conforter cette constatation. Tous les secteurs subissent, plus ou moins fortement, une hausse des charges. Dans un contexte de baisse des cours (bovins viande naisseur, bovins viande naisseur/engraisseur, porcins, arboriculture, productions végétales) l'excédent brut d'exploitation (EBE) s'en trouve très dégradé. Pour les productions dont les cours demeurent stables (ovins) voire augmentent légèrement (bovins lait), la situation reste malgré tout tendue.
Face à cette situation, la Chambre régionale rappelle les mesures prises par les pouvoirs publics pour soutenir l'agriculture française et notamment le Plan de soutien à l'agriculture, annoncé cet automne par le Président de la République. Le président Soursac souligne que ce plan « même s'il est indispensable […], ne permettra pas de stopper l'hémorragie ». Par ailleurs, il rappelle que le Président est intervenu dans son discours sur la nécessité de faire renaître des outils de régulation. Enfin, la Loi de modernisation agricole, prévue pour début 2010, devra permettre, selon le président de la Cral, de développer la contractualisation, renforcer l'organisation économique et, il l'espère, de simplifier et clarifier les contraintes, notamment celles liées à l'environnement.
Le Plan de soutien prévoit le déblocage d'un milliard d'euros sous la forme de prêts (trésorerie, consolidation), de 650 millions d'euros de soutien sous la forme d'allègements de charges (charges financières, prise en charge des cotisations MSA) et l'accompagnement des agriculteurs en difficulté. Enfin, la taxe sur le foncier non bâti devrait être prise en charge, la TIPP et la taxe carbone (75 %) devraient être remboursées. François Geay, directeur adjoint de la Direction régionale de l’agriculture (Draaf), précise que les Coopératives d’utilisation du matériel agricole (Cuma) sont également concernées par ce plan.
Eviter l’impasse technique
Suite à ces mesures, les chambres régionale et départementales se mobilisent pour assurer un accompagnement plus individualisé des agriculteurs. Pour ce faire, le travail se fera dans un premier temps au niveau collectif, avec la mise en place d'un plan à moyen terme visant à économiser les charges, valoriser la production, améliorer la productivité et aider à l'adaptation financière des exploitations. Cette action doit permettre au Plan de soutien national d'être un levier pour l'agriculture limousine. La présentation de ce plan au Conseil régional a été suivie d'une demande d'aide.
Trois éléments principaux ont été au cœur des débats qui ont suivi la présentation de ces différentes mesures. La nécessité de la formation pour éviter l'impasse technique qui pourrait être fatale aux exploitations, la complexité persistante des documents de demande d'allègements de charges et la surabondance réglementaire touchant notamment à l'environnement ont été évoqué. Concernant le second point, le président Soursac a dénoncé la complexité du document MSA et le fait qu'il faille être au bord du gouffre pour bénéficier d'une aide. Anne Chambaret signale qu'une proposition d'exonération des charges patronales pour l'emploi de saisonniers a été faite au ministère de l'emploi.
En outre, de nombreuses personnes présentes ont réagi sur le procès fait à l'agriculture dans les médias concernant notamment la consommation de viande et les gaz à effet de serre. Le président de la Cral souligne quant à lui, « la totale méconnaissance de la consommation de viande en France et en Europe et de ses bienfaits dans l'alimentation […] ». Il en profite également pour mentionner l'intérêt de l'étude Climaterre menée en collaboration avec les instances régionales.
S'agissant de l'actualité de ces derniers mois, le Président de la Cral a également abordé dans son discours, les questions du développement agricole et de l'agriculture biologique.
Sur le premier point, Joël Soursac a tenu à souligner l'importance, pour le développement et la compétitivité des exploitations limousines, des programmes de recherche-développement. Ont été cités notamment les programmes « Herbes et Fourrages », et « Economies d'énergie » ainsi que les travaux sur la carte pédologique et l'édition de la première carte géologique du Limousin. En ce qui concerne l'agriculture biologique, la dernière conférence sur le sujet aura permis de définir des pistes de travail avec la décision de mettre en place une plate-forme permettant une meilleure lisibilité de l'offre régionale et la planification de la production et la programmation d'un travail d'expertise par filière et par produits. Une commission régionale Agriculture Biologique sera également créée.
Par ailleurs, le président s'est félicité de la qualité des travaux effectués en collaboration avec la Draaf sur l'Enseignement agricole et du renouveau du partenariat avec la région Limousin. Jean-Paul Denanot, président de région a confirmé son soutien à l'agriculture limousine, se disant prêt à accompagner les agriculteurs de la région pour des négociations au niveau européen. En outre, il se déclare favorable à la régulation des marchés voire à la garantie de certains prix pour que « les agriculteurs puissent vivre du fruit de leur travail ».
Des agriculteurs limousins dont les revenus sont inférieurs de 30 % à la moyenne nationale, rappelle François Geay, de la Draaf. Il précise pour sa part que les mesures prises par l'Etat ne peuvent compenser la volatilité des prix, cela n'étant pas leur but et que la Loi de modernisation agricole à venir sera une base juridique pour l'Observatoire des prix et des marges.
L'après 2013
Si le rééquilibrage des aides de la PAC et le Plan de soutien à l'agriculture apporte une aide bienvenue bien qu'insuffisante à l'agriculture, il n'en demeure pas moins que ce sont des mesures ponctuelles. Ainsi, la Cral, à l'initiative de l'APCA a conduit ces derniers mois des débats sur la PAC après 2013. Bernard Rebière, directeur de la Cral a présenté une synthèse des travaux menés. Chaque filière (sept au total) a travaillé sur trois points : un état des lieux, la définition de priorités et d'orientations à prendre. A l'issue de ces réflexions, trois axes principaux se dégagent : des produits à haute valeur ajoutée, dans un territoire dynamisé et valorisant le savoir-faire, avec un nombre d'actifs stable.
Des propositions par filière ont été faites. Au-delà des spécificités de chacune, des préoccupations communes ont émergé dans les débats. Ainsi, les participants ont insisté sur la nécessité d'harmoniser les réglementations au niveau européen, de mettre en place des dispositifs de régulation des marchés, de moduler les aides selon les marchés et avec des conditions d'accès assouplies, de créer un observatoire des marges, de développer la recherche en lien avec l'environnement et de revoir le système d'assurance revenu. La synthèse des débats, validée lors d'une réunion de bureau élargi de la Cral, a été transmise à l'APCA.