La belle rousse au Sommet de sa forme
Seconde race allaitante de France, la limousine va à nouveau s’offrir une vitrine de choix en organisant son concours national au Sommet de l’Élevage (3 au 6 octobre à Clermont-Ferrand). De quoi susciter l’envie pour une race résolument bien dans son temps.
En ce début juillet, le paysage est vert. Rien à voir avec l’an dernier, où la messe était dite depuis le printemps déjà. Faute de précipitations suffisantes, le fourrage manquait à l’appel… Fatalement. Qui mieux qu’un paysan sait combien les années se suivent et ne se ressemblent pas. La météo comme boussole, ils s’adaptent. Bernard Coudert en sait quelque chose. Éleveur sur la commune de Sugères au sud est du Puy-de-Dôme, il a choisi son métier par passion, et la race limousine comme une quasi évidence. Lorsqu’il reprend l’exploitation familiale, il troque les charolaises contre des limousines. « D’emblée j’ai été séduit par ces bêtes, leur capacité à vêler facilement et à valoriser tous les types de fourrages ». L’organisation raciale avec un accompagnement bien rôdé des éleveurs a fait le reste.
Des hommes, des animaux, des territoires
Au seuil du parc régional du Livradois-Forez, son troupeau a trouvé un terrain de jeu idéal. Sur 140 hectares, ses animaux évoluent sur trois sites. Une quarantaine d’hectares est située en estives du côté de Compains. Sa plus grande satisfaction : le désir de son fils Mathéo, tout juste diplômé d’un BTS Acse de s’installer prochainement à ses côtés. « Je vais aller travailler un peu ailleurs et d’ici deux ou trois ans je m’installerai ». L’exploitation de la famille Coudert est à l’image de bon nombre de structures du Massif central : à taille humaine, qui préservent les hommes, les actifs, valorisent les systèmes herbagers et génèrent des viandes, des produits laitiers de qualité. C’est ce modèle durable dont le Sommet de l’Élevage entend se faire l’étendard. « L’élevage est régulièrement questionné. On se doit de répondre de manière dépassionnée en rappelant que le rôle et l’impact de l’élevage ne se résume pas à des émissions de gaz à effet de serre. Des publications scientifiques de très haut-niveau ont caractérisé les vertus de la prairie en terme notamment de biodiversité. La diversité de nos races est aussi une source non négligeable de biodiversité domestique », souligne Bruno Dufayet, président de l’Apramac.
La limousine résiste
Un sentiment partagé par Olivier Lasternas, président du Herd-Book Limousin : « Toutes nos races allaitantes ont des atouts indéniables à faire valoir non seulement car elles correspondent au marché mais aussi parce qu’elles cochent bon nombre de cases des attentes sociétales ». Installé avec son épouse en Dordogne, à la lisière de la Corrèze et de la Haute-Vienne, il élève un troupeau de 100 mères limousines, et des porcs sur paille. Le tout en bio. Avec au total 1,1 million de vaches et 20 000 élevages, la race limousine résiste. « On fait partie des races allaitantes un peu épargnées. On perd entre 1 et 1,5 % de nos effectifs quand la moyenne se situe entre 3 et 4 % ». Sans occulter les difficultés, Olivier Lasternas voit dans la sur-motivation des éleveurs à participer au concours national au Sommet, des raisons d’espérer.
Vente aux enchères : rendez-vous jeudi 5 octobre
« Nous allons accueillir de nombreuses délégations étrangères. C’est une fierté pour les éleveurs de voir leur travail reconnu à si grande échelle. Espagne, Portugal, Italie, est de l’Europe… mais aussi les pays d’Amérique du Nord prêtes un intérêt grandissant à notre race ». La vente aux enchères prévues le jeudi 5 octobre en fin de journée devrait combler les appétits des acheteurs étrangers. « Sur ces ventes-là, 80 % des animaux partent à l’export ». Rendez-vous du 3 au 6 octobre, pour admirer les 450 plus beaux spécimens de la race, issus de 140 élevages, venus de plus de trente départements dans un écrin de choix : le Zénith.