Inrae Clermont-Aura : l'excellence scientifique au coeur du territoire
Au coeur des terres fertiles de Limagne et des pâturages du Massif central, le centre Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes est un des sites historiques de l'Institut, avec des recherches de pointe dans les secteurs clés de l'agriculture, de l'environnement et de l'alimentation.
Auvergne-Rhône-Alpes.
La nutrition humaine préventive, les céréales, la qualité des produits, les territoires, l'agroécologie des systèmes d'élevage herbager, la robotique appliquée à l'agriculture, le fonctionnement de l'arbre... Avec ses 800 agents, c'est un acteur de la recherche incontournable de la région, au plus près des préoccupations et des dynamiques des territoires.
Emmanuel Hugo a été nommé président du centre INRAE Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes le 1er janvier 2020, pour une durée de quatre ans. Il succède à Jean-Baptiste Coulon qui occupait cette fonction depuis 2013. Sa nomination coïncide avec la création d'INRAE, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, né de la fusion de l'Inra et d'Irstea.
Emmanuel Hugo, depuis le 1er janvier 2020 vous êtes le président du centre de Clermont-Ferrand ainsi que délégué régional d'INRAE. Afin de mieux vous connaitre, pourrirez nous détailler votre parcours qui vous a conduit, aujourd'hui, à ces fonctions ?
Diplômé de l'Agro de Rennes avec une spécialisation machinisme agricole et sciences économiques connexes, Emmanuel Hugo intègre le Cemagref (qui deviendra par la suite Irstea) en 1982 comme chargé d'études à la division tracteurs et travail du sol. Il devient rapidement responsable des essais de performances de tracteurs agricoles à la division tracteurs et machines agricole dont il prend la direction en 1994. Il fera de l'agroéquipement son terrain de jeu pendant de nombreuses années, tout en développant les processus de qualité et de normalisation pour les travaux de recherche de son unité. En 2012 il prend la direction de l'unité de recherche Technologies et systèmes d'information pour les agrosystèmes à Clermont-Ferrand. Fort de son expérience de directeur d'unité, c'est en avril 2012 qu'il devient Directeur Régional du Centre Irstea de Clermont-Ferrand, un poste qui lui ouvrira la voie vers la fonction de Président de Centre INRAE à l'occasion de la fusion INRA-Irstea.
- INRAE est le fruit d'une fusion entre l'Inra et l'Irstea. Une stratégie économique ou de mutualisation pour mieux répondre aux défis d'aujourd'hui et de demain?
La création d'INRAE est fondée sur une étude des enjeux auxquels doit faire face l'humanité dans les années qui viennent et une analyse des complémentarités scientifiques entre l'INRA et Irstea. Cette analyse et cette étude ont permis de construire un projet scientifique nouveau s'appuyant sur un organisme regroupant les forces de l'INRA et d'Irstea. La création d'INRAE répond donc à une ambition scientifique et pas à des exigences économiques.
- Un institut qui restera cependant sous tutelle de l'Etat. Quels en sont les avantages ?
La tutelle d'INRAE par les ministères chargés de la recherche et de l'agriculture permet à l'Etat de mettre en oeuvre sa stratégie nationale de recherche en s'appuyant sur un opérateur majeur et un leader mondial dans le domaine des sciences pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement. Par ailleurs, comme le rappelle le film institutionnel d'INRAE que je recommande à tous (il peut aisément être visualisé sur Internet : https://www.inrae.fr/nous-connaitre#anchor1_1) cette organisation garantit l'indépendance de nos recherches en réponses aux grands enjeux sociétaux. Enfin, tu l'auras peut-être noté mais INRAE s'est doté d'une direction générale déléguée à l'expertise et à l'appui aux politiques publiques, c'est le moyen que nous nous donnons pour être encore plus efficaces que par le passé pour éclairer la décision publique sur ces grands enjeux évoqués précédemment. Nous garantissons ainsi aux décideurs publics (qu'il s'agisse de collectivités, de représentants de l'Etat, voire d'instances européennes ou internationales) de leur apporter les connaissances les plus récentes et les plus larges pour leur permettre de prendre les décisions en toute connaissance du sujet.
- Le monde de l'agriculture a profondément évolué et évoluera encore. INRAE sera moteur de nombreuses innovations dans les mois, les années qui viennent. Il faudra aussi répondre aux nombreuses attentes de la société. Face à la mondialisation, la France a-t-elle les moyens et l'ambition pour y parvenir?
La création d'INRAE est justement un des moyens que se donne notre pays pour relever les défis auxquels fait face et devra faire face l'agriculture. La France ne le fait pas seule, elle le fait au premier chef avec l'Europe mais aussi dans le cadre des grandes institutions internationales comme la FAO et en contribuant aux travaux des groupes d'experts comme le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) ou l'IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques).
- Quels sont les particularités du site clermontois d'INRAE ? Des sujets d'études plus spécifiques lui sont-ils dédiés ?
Le Centre INRAE Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes est un des sites historiques de l'institut, avec des recherches de pointe dans des secteurs clés de l'agriculture, de l'environnement et de l'alimentation : la nutrition humaine préventive, les céréales, la qualité des produits, les territoires, l'élevage à l'agroécologie des systèmes d'élevage herbager, la robotique appliquée à l'agriculture, le fonctionnement de l'arbre... Avec ses 800 agents, c'est un site de recherche incontournable de la région, au plus près des préoccupations et des dynamiques des territoires.
Le Centre Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes, rassemble les unités situées sur le territoire auvergnat, du Bourbonnais à Aurillac en passant par Clermont-Ferrand, avec 13 unités de recherche et 8 dispositifs expérimentaux structurants pour la plupart uniques en France et en Europe (comme l'Herbipôle, les équipements de phénotypage au champ des céréales ou le Centre de Ressources Biologiques « Céréales à Paille ». Il est particulièrement investi dans le tissu économique local et contribue activement à la politique scientifique de site. Le Centre attache également une attention particulière au transfert des connaissances en s'engageant par exemple dans le débat science-société (journées portes ouvertes, salons, fête de la science, interventions auprès des scolaires...).
Quelques chiffres significatifs : 25 contrats européens et 30 contrats avec l'Agence Nationale de la Recherche en cours, 55 brevets et 38 licences en cours, environ 10 millions d'euros de ressources contractuelles et 440 nouveaux dépôts de projets en 2018. Les compétences des équipes du Centre sont également mobilisées pour conduire ou participer à des opérations d'expertise ou de prospective, soit dans le cadre d'agences nationales ou européennes, soit dans le cadre d'actions spécifiques. Environ 500 publications scientifiques par an sont diffusées dans des revues à comité de lecture.
- Emmanuel Hugo, l'agriculture est un domaine que vous connaissez bien et depuis longtemps. Quels seront vos grandes lignes directrices pour INRAE en Auvergne ?
Ma première priorité va être de favoriser l'interconnaissance des équipes provenant de l'INRA et d'Irstea. Des actions ont été conduites dans ce sens depuis plus d'un an dans le cadre de ce que nous avons appelé la préfiguration, je souhaite bien entendu les poursuivre pour que l'ensemble des agents se reconnaissent comme appartenant au nouvel institut INRAE mais aussi que tous nos partenaires du territoire nous identifient comme étant des représentants d'INRAE.
Ensuite je souhaite consolider nos relations avec les territoires. Nous avons une chance immense, celle d'avoir une présence sur 3 des 4 départements auvergnats de Montoldre dans l'Allier à Aurillac dans le Cantal. Cette présence doit pour moi être un facteur facilitant le lien entre la Science et la Société, lien qui s'est malheureusement distendu ces dernières années avec une perte de la confiance des citoyens dans la capacité des scientifiques à résoudre une partie des problèmes auxquels ils sont confrontés (le « progrès » n'est plus source de contribution à l'amélioration des conditions de vie dans l'esprit de beaucoup). Il s'agit aussi de contribuer à réconcilier l'Agriculture avec l'ensemble de nos concitoyens en nous appuyant notamment sur le Laboratoire d'Innovation Territorial Grandes Cultures en Auvergne.
Enfin, nous portons avec nos partenaires académiques un grand projet de campus végétal distribué qui mobilisera notamment l'AgroTechnoPôle de Montoldre (plateforme partenariale de recherche et d'innovation pour les technologies de l'agriculture de demain).
Propos recueillis par Sébastien Joly
Quelques chiffres significatifs :
>8 sites sur le territoire auvergnat
>18 unités de recherche, expérimentales ou d'appui
>25 contrats européens en cours
>30 contrats ANR en cours
> 55 brevets
>38 licences en cours
> 440 nouveaux dépôts de projets en 2018.
> Environ 500 publications scientifiques annuelles