Hervé Argueyrolles : le pilote cantalien bat le pavé
Hervé Argueyrolles est le seul motard cantalien d’ASO. Après une expérience indélébile lors des Jeux olympiques de Rio, il sera au départ du Paris-Roubaix le 8 avril.
À 14 ans, Hervé Argueyrolles, cycliste à l’UCA, se plaisait à rêver à franchir les cols les plus mythiques du Tour de France. À 48 ans, il a réalisé son rêve, sur son deux-roues et avec un dossard. Son deux roues, c’est une moto ; son dossard, celui d’ASO. “Depuis tout petit, je voulais faire ça, confirme l’employé communal de Reilhac. C’est un rêve accompli. Ce n’est pas un métier, ce n’est pas un loisir non plus parce que c’est très professionnel. Je crois que je peux dire que c’est une passion... mais très professionnelle !”
Milieu très fermé
Entre le vélo et la moto, l’ancien employé de Bois et paysages à Aurillac, n’a donc pas eu à choisir. Après une dizaine d’années en tant que garçon de café à Paris, il renoue avec le Cantal à la faveur d’une mutation professionnelle de son épouse, originaire de La Roquebrou. En 2007, la Fédération française de cyclisme organise les championnats de France à Aurillac. Il se propose alors, juste au cas où... Au cas où une moto tombe en panne par exemple. Et voilà Hervé Argueyrolles introduit dans le milieu très fermé des “motards cyclistes”. “Tout a commencé ici, se rappelle-t-il. Après, c’est de fil en aiguille : on te rappelle, on te fait confiance, tu commences à connaître du monde...” Du monde qui a notamment ses entrées chez ASO, pour qui il travaille depuis 2013. Ses congés, ses week-end, il les passe désormais à rouler en fonction du calendrier des courses. “Dans l’hiver, François Lemarchand, numéro 3 d’Amaury sport organisation (ASO), nous demande nos disponibilités et il nous attribue les compétitions.” François Lemarchand, un nom qui, petit, faisait rêver Hervé Argueyrolles. Tout comme d’autres anciens cyclistes devenus pilotes moto, “habitués qu’ils sont à gérer la vitesse et le public”. Car évoluer à un tel poste ne s’improvise pas. “Ce n’est pas évident du tout. Il ne faut pas s’affoler ni être impulsif, mais rester calme. On a toujours quelqu’un avec nous, un commissaire, un photographe, l’ardoisière... Même si on ne fait jamais la même chose, il faut toujours piloter de la même façon : sereinement.” Des qualités qui ont permis au Cantalien d’évoluer et de passer “à la régulation”, “les fameux blousons et casques rouges qui s’agitent sur les motos !” Trois régulateurs qui ont pour mission de fluidifier et sécuriser la course, de gérer “à la seconde” les véhicules, les coureurs, les autres deux-roues, le public... Un poste “particulier, à l’instinct, où il faut avoir l’œil devant et derrière en permanence. Il faut garder son sang-froid, et ce n’est pas évident du tout... Des fois, on se demande comment ça peut passer, mais ça passe ! On n’a pas le droit de se rater”. Le motard a “testé” ses nouvelles fonctions lors du dernier Tour d’Oman, juste avant de retrouver son guidon pour Paris-Nice puis pour son premier Paris-Roubaix où cette fois, il conduira l’ardoisière. “La moto doit faire partie de notre corps, il faut que ce soit automatique. Tout est très bien organisé, ce n’est jamais la foire, et la Garde Républicaine est aussi là pour nous protéger. Les montées de cols, ça peut être très très chaud, comme au mont Ventoux, il a deux ans...” Des souvenirs du Tour de France indélébiles : “Sur la plus grosse course du monde, il faut arriver à se rendre compte qu’on est complètement dedans. On doit faire zéro faute, c’est interdit, c’est le pic de l’année. La moindre erreur est tout de suite montée en flèche...” Déjà que la pression est importante sur n’importe quel événement, sur le Tour, tout est démultiplié : “La première semaine, ça roule déjà très vite, les coureurs ne vous laissent pas passer, c’est très très tendu...” Les motards sont ainsi en liaison permanente sur Radio tour et si Hervé Argueyrolles, seul pilote cantalien sur le Tour, ne “sent pas” un ordre, il n’y va pas : “C’est moi le patron sur la moto. Si je commets une erreur, ce n’est pas le commissaire de course qui est viré...”
Objectif : Tokyo 2020
Pour l’heure, des erreurs, Hervé Argueyrolles n’en a pas commise. Tant est si bien qu’en 2016, après le Tour de France, il embraye avec les Jeux olympiques de Rio. “Un sommet dans ma petite carrière..., raconte-t-il les yeux brillants. Je ne pouvais pas ne pas y aller ! C’est la première fois que je franchissais l’océan, c’était une expérience hallucinante, avec un circuit magnifique, tracé au bord de l’eau !” Par contre, au niveau organisation, “c’était très cool... C’est là que l’on se rend compte que le Tour de France, c’est impeccablement huilé !” Pour les prochains, à Tokyo, “il faut se positionner”. Rassurons-nous, il l’a déjà fait. D’ailleurs, sur sa valise, à côté des autocollants “Tour de France” et “JO de Rio”, Hervé Argueyrolles aimerait bien y coller celui de “Tokyo 2020”.