Handi-sport, le playdoyer d’Axel Jean
Vendredi 3 mai, plus d’une soixantaine de personnes se retrouvait au cinéma l’Arverne de Murat pour une soirée très enrichissante proposée par Axel Jean, élève de troisième à Allanche.
Vendredi 3 mai, plus d’une soixantaine de personnes se retrouvait au cinéma l’Arverne de Murat pour une soirée très enrichissante proposée par Axel Jean, élève de troisième à Allanche.
Dans le cadre de son brevet, Axel Jean a choisi d’effectuer “un parcours citoyen”, option comptant pour l’examen et à mener tout au long de l’année. Pour la restitution de son travail, il a organisé un ciné-débat parrainé par Antoine Cayrol, moniteur de ski et guide de haute montagne (voir notre édition du samedi 20 avril) preuve de la qualité de son travail. Le jeune muratais de 15 ans, élève de troisième au collège d’Allanche, en section sport, a visionné plusieurs films avant de proposer “Champions” qui non sans humour évoque l’engagement inattendu d’un entraineur de basket de haut niveau à construire une équipe où le collectif devient important pour l’épanouissement de chacun.
Rien d’Impossible
Ce film a permis aussi à Axel d’illustrer son projet et ce qu’il en a retiré, échangeant avec aisance et conviction avec la salle. Son travail repose sur la convergence de deux éléments de sa vie : sa passion pour le sport et son frère Louison, sujet au spectre de l’autisme. “J’ai voulu comprendre l’intérêt de la pratique du sport tant sur le plan individuel que la recherche d’une place dans la société pour les personnes atteintes d’un handicap. C’est important pour nous permettre de changer notre regard sur l’autre et contribuer aux améliorations nécessaires pour faciliter leur place dans la société”.
Durant ces derniers mois, Axel a rencontré Julien Veysseyre, champion du monde de cross-triathlon, Marie-Amélie Le Fur, championne olympique, championne du monde et présidente du comité Paralympique et sportif français, et l’écrivaine Valentine Goby, dont les ouvrages l’ont beaucoup inspiré sur la relation au handicap. Ces personnalités lui ont témoigné l’importance du sport qui au-delà de la performance permet d’être soi.
Le défi d’être soi
“Être, savoir faire et savoir être”, comme le résumait Axel devant son auditoire. “Il y a le défi physique de s’accepter et celui d’être reconnu par ses performances au sein de la société et non pour son handicap”, expliquait-il. Et, cela change tout.
Sa quête ne s’est pourtant pas arrêtée là. Le collégien s’est aussi intéressé aux structures d’accueil et à la place du sport dans le processus thérapeutique. Il a visité, entre autres, le centre des Bruyères à Paulhenc avec une initiation au judo, le centre pour cérébrolésés de Pierrefort. Il s’est intéressé aussi à l’inclusion avec le handi-ski en compagnie des moniteurs de l’école de ski du Lioran, le tennis de table avec le club de Murat, le canyoning ou l’équitation à Pierrefort. Il a proposé aussi un raid sportif avec nuitée pour appréhender les diffucultés à rendre cela possible quand on est en fauteuil roulant.
Cela reste toujours trop compliqué, malgré ces exemples locaux avec une moyenne en France de 50 kilomètres pour se rendre à une activité “adaptée”.
Changer le regard
Antoine Cayrol est l’un des précurseurs du handi-ski dans la station cantalienne et il accompagne régulièrement de grands blessés de guerre dans les Alpes. Le handicap de naissance n’est pas vécu de la même manière que les conséquences d’un accident. “Au début, accompagner des personnes handicapés ce n’est pas évident, indiquait ce spécialiste de la montagne. Il faut s’adapter pour connaitre les limites et oublier le handicap pour avoir en face de soi, une personne “normale”. En même temps, c’est très enrichissant pour nous!” Un sentiment largement partagé par les éducateurs présents dans la salle à l’exemple de Florence et Alexia Cusset, du centre des Bruyères et Laurent Ajalbert, moniteur sportif. “Ils nous apportent plus que ce que l’on peut leur apporter”, faisait part Laure Bastien, du centre équestre de Pierrefort.
Le propos d’Axel est allé bien au-delà de l’activité physique pour faire toucher du doigt l’inclusion, l’accès aux lieux publics ou le regard porté sur le handicap victime encore aujourd’hui de moqueries, d’incompréhensions coupables sources d’inertie pour faire avancer les choses. Une prise en charge précoce, un travail régulier tel un sportif soumis à la préparation physique et mentale est gage d’évolution positive pour beaucoup de personnes et leur éviter de sombrer dans la solitude.
La France accuse un retard certain en matière de prise en charge. Le travail d’Axel aura-t-il permis de sensibiliser sur le sujet et de faire prendre conscience localement et, au-delà d’une soirée, du chemin encore à parcourir.
Il était ravi que certains de ses camarades de classe, sportifs pour la plupart, soient venus à cette rencontre pour comprendre sa démarche et son intérêt à défendre cette cause. En véritable ambassadeur, Axel a fait la démonstration de ce que représente l’engagement. Tout au long de Sa soirée, il a fait preuve, comme l’a souligné un participant, d’humanisme, d’humilité également, donnant une leçon de vie à l’assistance alors que dans notre petit confort matériel beaucoup pensent que tout va mal autour d’eux.