Gros coup de pompe pour les stations-service cantaliennes
Les stations-service craignent de voir arriver la fin de leur profession avec l’arrêt des subventions annoncé par l’État. Regard sur la situation départementale.
En 1991, le pays comptait 22 000 stations-service dites de proximité. Le chiffre est passé à 6 000 aujourd’hui(1). La guerre des prix avec les grandes surfaces plombe le secteur. C’est dans ce contexte que les professionnels de la distribution de carburants ont reçu mi-octobre l’annonce d’une mesure économique drastique. En cause : la loi de finances 2015 qui stipule l’arrêt du financement du Comité professionnel de la distribution du carburant (CPDC). Derrière ce sigle un peu barbare se cache un dispositif d’aide aux débitants de carburant. Au total, ce sont près de 3 millions d’euros octroyés au secteur qui pourraient tout simplement disparaître.
Balance concurrentielle en faveur des grandes surfaces ?
“Sur le territoire, on a des villages où il existe des petites stations-service qui ne sont pas aux normes, et le jour où on va leur demander de se mettre à jour, sans les subventions, ils n’en auront pas les moyens.” C’est le constat énoncé par Philippe Serieys, directeur d’Auvergne Carburants à Aurillac. “En Aveyron, j’ai une toute petite station qui n’est plus vraiment aux normes et sans les aides, je ne sais pas ce qu’elle va devenir”, déplore-t-il. Un constat partagé par beaucoup et qui donne aux professionnels du secteur un regard plutôt pessimiste sur l’avenir. Le directeur d’Auvergne Carburants ajoute ce que beaucoup confirment : “On est fortement concurrencés parles grandes surfaces, et sur le peu de volumes que l’on fait, on est obligés de gonfler les prix. Cet arrêt va creuser un peu plus l’écart de prix entre les pompistes et les grandes surfaces.” Côté supermarchés, le son de cloche est bien évidemment différent. Ainsi, Joseph Chauvet, PDG de l’enseigne Leclerc à Aurillac, indique : “Nous n’avions déjà droit à aucune subvention, donc pour nous ça ne va rien changer.”Le Cantal fait partie des départements où l’on compte le moins de stations-service en France. Cinquante-et-une seulement y sont recensées , ce qui fait un ratio d’une station pour 100 km2 en moyenne.
L’automobiliste encore lésé sur les kilomètres
Avec un taux d’équipement déjà en chute libre, le Cantal pourrait subir de nouvelles pertes. Si le nombre de stations-service continue de diminuer, le temps de trajet entre deux points d’approvisionnement va s’allonger considérablement. Encore un impact pour l’automobiliste, déjà bien malmené par les prix à la pompe.
(1) Source : Insee, base permanente des équipements, 2013.
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