Garder un esprit positif
Une climatologie difficile, une crise sanitaire, 2020 aura été une année difficile, et les perspectives pour l'année à venir restent incertaines...
Tout est une question de position, de communication. Depuis deux ou trois ans maintenant, les acteurs de l'agriculture le clament, il faut parler du métier de façon positive. Il n'est plus question d'évoquer les problèmes, les contraintes, le tristement célèbre « agri-bashing ». Il vaut mieux évoquer un secteur capable d'évoluer, de se transformer, de proposer des solutions pour l'environnement, et qui offre de l'emploi.
Malgré tout, des points négatifs, il y en avait aussi dans le discours du nouveau président de la chambre d'agriculture régionale Nouvelle-Aquitaine. Luc Servant, qui a remplacé le 15 décembre dernier Dominique Graciet (qui a fait valoir ses droits à la retraite), a livré ses premiers voeux ce 19 janvier au quai des Saveurs à Bordeaux. Dans l'ombre d'une année 2020 tout d'abord difficile sur le plan climatique.
« Le climat aura eu un fort impact, avec de multiples épisodes pluvieux et des températures douces l'hiver, puis un enchaînement de coups de chaud et de froid. L'été a ensuite été très chaud et sec, avec des records en juillet », décrit Luc Servant. « L'ensemble des productions sont marquées par de fortes baisses en volume », ajoute-t-il. En face, la crise sanitaire a eu des conséquences de taille aussi sur la consommation, très variable.
« Avec l'hiver doux, plusieurs productions sont arrivées en avance, mais cela est tombé au début du confinement au printemps. Globalement, si les prix se sont maintenus justement par la baisse des volumes de production, ce n'est pas assez pour compenser les pertes », analyse le président de la chambre. La filière des fruits et légumes sort donc d'une année 2020 compliquée, autant que pour les autres secteurs de production.
Avancer
C'est le cas pour la viande, avec une évolution de la consommation vers des morceaux moins nobles, pour le lait, où Luc Servant s'inquiète « d'une baisse régulière de la production régionale », ou encore pour les grandes cultures, « avec une forte baisse de production, de 40 % par exemple en blé tendre », indique le président de la chambre. La crise aviaire de ces dernières semaines noircit encore le tableau.
Pourtant, il faut donc rester positif, voir dans les problématiques actuelles de belles perspectives de développements futurs. « La demande de produits locaux était dans l'air du temps, elle est maintenant très claire. Les grandes surfaces s'y sont mises, on regarde ce que pourra proposer la restauration hors domicile à l'avenir. Cela signifie aussi qu'il faut repenser l'offre sur le territoire », juge Luc Servant.
En parallèle, aucun des rôles de l'agriculture ne doit être oublié. « Il faut faire connaître notre métier, qui est un métier d'avenir où le besoin de main-d'oeuvre est déjà présent. L'agriculture a aussi un rôle à jouer dans le stockage du carbone, la production d'énergies renouvelables. Mais on s'adaptera aux attentes sociétales à condition de maintenir des niveaux de production et de rémunération suffisants », complète le président.
Pour accélérer dans toutes ces démarches, les liens avec le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine jouent un vrai rôle. Pacte Alimentaire Nouvelle-Aquitaine, Plan Protéines, Vitirev, Néo Terra, Alter'NA, les dispositifs ne manquent pas. « Il y a des liens forts. Tout ce qui a déjà été fait ressort dans le plan de relance actuel, ce qui nous permet d'être prêts, la région met des moyens pour faire évoluer l'agriculture », se réjouit Luc Servant.