Fromages AOP: des impacts différents face à la crise !
Editorial de David Chauve, président de la FNSEA 63 et de la FDPL du Puy-de-Dôme
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Dès l'annonce du confinement, la filière laitière n'a pas échappé à l'implosion des réflexes de consommation des français.
En effet, tout s'est brutalement déséquilibré ; la restauration hors foyer (RHF) a fermé, les marchés ont été interdits et souvent les rayons coupe en GMS ont fermé. On assiste alors à une ruée vers les produits laitiers standards au détriment des fromages en général et plus particulièrement des fromages AOP considérés, habituellement, comme une consommation plaisir.
Les chiffres sont terribles les premières semaines, jusqu'à -80% de consommation tant pour les laiteries que pour les producteurs fermiers mais ils semblent se stabiliser en dessous 50% cette semaine.
Selon l'orientation des marchés, les répercussions sont différentes pour les entreprises.
De manière générale, les grands groupes encaissent mieux ce chamboulement avec souvent un éventail de produits plus large et plus orienté vers la GMS à l'inverse des PME très spécialisées fromage, et parfois plus orientées vers la RHF.
Certaines entreprises ont arrêté des lignes de fabrication comme en pâte persillée, alors que d'autres tournent à plein régime sur le lait de consommation, la raclette notamment... et tant mieux.
Cette situation inédite génère des excédents et amène des PME à orienter 30 à 40 % de leur collecte vers le marché Spot- faute d'autres solutions de dégagement-, alors que les grands groupes coopératifs ou privés possèdent des tours de séchage et vont sur le marché de la poudre de lait jusque-là plus rémunérateur.
Résultat : en un mois la poudre passe de 300EUR à 200EUR et le Spot de 300EUR à 150EUR/1000L !
Malgré une incitation générale à baisser les volumes de production, l'addition risque d'être lourde !
Les entreprises peuvent bénéficier des dispositifs mis en place par l'Etat.
Il faut donc en urgence une intervention de l'Europe pour mettre en place des mesures de stockage de fromage et obtenir de l'Etat une compensation de perte de valeur pour les producteurs concernant ces laits de dégagement qui représentent plus d'1 Million de litres par semaine sur notre département !
Certes, personne n'est responsable de cette situation, mais les producteurs ne peuvent pas être l'habituelle variable d'ajustement d'une filière où certains nous expliquent déjà que l'horizon est bouché, ce qui n'est pas forcément vrai, et d'autres qu'il va falloir s'adapter rapidement au pouvoir d'achat des consommateurs.
Soyons lucides, certains sont déjà dans l'APRES...et vous l'aurez compris, l'accalmie n'aura été que de courte durée !