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Circuits courts
Fournir des repères à ceux qui veulent vendre en direct

C’est un projet multipartenarial d’envergure qu’a présenté l’Institut de l’Elevage au Sommet. Pas moins de 61 partenaires sont en effet impliqués dans la constitution d’un référentiel pour évaluer la performance technique, économique, sociale et environnementale des circuits courts et favoriser leur développement. Les premières données ont été dévoilées au Sommet de l’Élevage.

Frédéric Debacker, producteur de charolaises dans la Nièvre.
Frédéric Debacker, producteur de charolaises dans la Nièvre.
© La Creuse agricole et rurale

Ces derniers mois, un mot nouveau a envahi les médias : locavore. Définissant un nouveau type de consommateur qui achète ce dont il a besoin dans un rayon maximum de 250 km autour de chez lui, le concept pourrait sembler un peu… parisien. Il n’empêche, les circuits courts ne cessent de se développer aux quatre coins de l’hexagone. Assez pour que l’Institut de l’Élevage s’y intéresse. Dans le cadre d’un projet CASDAR, l’Institut planche actuellement sur la constitution d’un référentiel pour accompagner son développement. Six filières sont passées au crible : bovin, ovin, porcin, légumes, lait de vache et volaille. Après un gros travail de réflexion sur la méthode, une enquête a été menée auprès de 527 exploitations sur tout le territoire. Encore en cours d’analyse, quelques données sur les bovins et les ovins ont toutefois été dévoilées par l’Idele lors d’une conférence au Sommet. Point commun des éleveurs sondés des deux filières, la raison qui a fait se tourner vers les circuits courts : la recherche d’une meilleure valorisation de leur production. Les impacts sur leur travail sont également proches avec une nécessité de réorganisation chez 46 % des producteurs ovins ou celle d’accroître la main d’œuvre chez 50 % des éleveurs bovins. Pour chacune des deux productions, plusieurs types d’ateliers ont été décrits selon leur niveau d’intervention sur le produit, du plus simple au plus élaboré. Logiquement pour les deux filières, le temps de travail à rémunérer augmente avec la complexité du produit commercialisé. Néanmoins quel que soit le produit, dans la majeure partie des cas, les circuits courts permettent une meilleure plus-value.
Les questions étaient nombreuses dans la salle, preuves de l’intérêt grandissant pour les circuits courts et du manque de références existantes. Les résultats étant toujours en cours d’analyse, certaines sont restées sans réponse. Le témoignage d’un éleveur vendant en circuit court depuis plusieurs années a toutefois bien illustré la conférence. « Nos grands-parents devaient produire, nos parents devaient produire et gérer leur exploitation, aujourd’hui, nous devons produire, gérer et vendre, constate Frédéric Debacker. Étudiants, formez-vous à la vente ! ». Éleveur bovins viande dans la Nièvre, Frédéric Debacker a commencé à vendre ses bêtes en direct à une GMS, il y a une douzaine d’années en pleine crise de l’ESB. Aujourd’hui, avec neuf autres éleveurs, il fournit à la GMS environ deux animaux par semaine à un prix négocié sur l’année. En plus, il propose de la viande en caissette (une vache par trimestre) et les vaches de réforme sont utilisées pour les produits transformés. Dans toutes ces activités, un élément primordial : le temps. « Il faut apprendre à gérer son temps, explique l’éleveur. Plus les produits sont transformés, plus la valeur ajoutée générée est grande à condition de ne pas passer trop de temps ». Il faut faire des choix. Frédéric Debacker sous-traite donc l’activité de transformation et ne fait pas de vente directe durant la période de vêlage. Autre élément important, le prix de vente qui doit être en relation avec le coût de la démarche circuit court (transformation, transport, …). Enfin, par rapport à la concurrence et à la communication, l’éleveur est clair. « La meilleure pub c’est le bouche à oreille, dit-il. Mais attention, si l’animal n’est pas bon, ne le vendez pas. Il ne faut pas non plus vouloir vendre à tout prix en étant moins cher que le voisin ».

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