Fedatest : Un demi-siècle au service de la génétique
Boussole génétique du pôle ovin du grand sud de la France, la station Fedatest, située à Mazeyrat d’Allier en Haute-Loire fête ses cinquante ans.
1967-2017. Au cœur du Val d’Allier, voilà cinquante ans que les équipes de Fedatest œuvrent à l’amélioration de la productivité des élevages ovins. La station génétique située sur le site de Paysat-Bas à Mazeyrat d’Allier a été imaginée par et pour les éleveurs à la fin des années soixante « dans un contexte où la modernisation de l’agriculture était une nécessité », a rappelé Jean-Luc Chauvel, président de Fedatest et des races ovines des Massifs, à l’occasion d’une visite du site, organisée vendredi dernier, en présence d’élus et de nombreux responsables nationaux de la filière ovine. La modernisation passait, à l’époque nécessairement par la création d’un centre d’expérimentation. Objectif : augmenter la prolificité des troupeaux de races pigmentées par le croisement. « Déjà, la performance économique était largement corrélée au nombre d’agneaux né ».
Qualités maternelles et bouchères
Dans les années quatre-vingt-dix, face à la concurrence notamment australienne, Fedatest a engagé des travaux sur les qualités bouchères déployées à travers les signes officiels de qualité. Au début des années 2000, tout en continuant de travailler sur les qualités maternelles et bouchères des animaux, de nouvelles expérimentations ont été menées sur la réadaptation de l’animal à son territoire, avec un enjeu de taille : développer les capacités des brebis à optimiser les ressources. Cet atout des rustiques est d’ailleurs reconnu, y compris à l’international, notamment en Iran où des races françaises ont été exportées dernièrement par Rom Sélection.
Adaptation au territoire
« Le progrès génétique nous l’avons mesuré par des critères quantitatifs (indices de consommation, GMQ…Nous avons gagné en kilo d’agneaux produit par brebis c’est indéniable, puisqu’en vingt ans, nous avons gagné un mois d’engraissement. Aujourd’hui, les index techniques évoluent vers des index économiques et environnementaux », souligne le président de Fedatest. A l’heure de faire le bilan et de se projeter dans l’ère génétique de demain, l’éleveur altiligérien se veut pragmatique : « Les marges de progrès nous les atteindrons lorsque davantage d’éleveurs utiliseront la génétique existante et auront recours à l’encadrement technique ». En clair, la génétique ne doit pas être considérée comme une charge mais bien comme un investissement. Ce manque d’intérêt pour la génétique est l’héritage « de vingt années de parent pauvre de l’élevage où les choix budgétaires des éleveurs ovins étaient très primaires ». Pour Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine : « la génétique est le facteur essentiel du revenu des éleveurs ». Face aux nouveaux défis à relever notamment en matière de mortalité des agneaux, de l’ordre de 15% en moyenne nationale et régionale, la filière peut compter sur la recherche. Ainsi, sur la ferme expérimentale de Fedatest, quatre protocoles ont été mis en place en partenariat avec l’Idele et l’INRA : Vipagno (mortalité des agneaux), Luthopia (limitation de l’utilisation des hormones en IA), Climagrof (plaquettes de bois comme litières), et un projet sur la résistance génétique au parasitisme gastro-intestinal.