FCO : La Haute-Loire en zone réglementée dans sa quasi totalité
Suite à de nouveaux cheptels infectés dans l’Allier, la Creuse et le Puy-de-Dôme, la zone de sécurité s’étend en France, et en particulier en Haute-Loire.
Depuis l’annonce officielle d’un foyer de fièvre catarrhale ovine dans l’Allier, le vendredi 11 septembre, et la mise en place d’un périmètre de sécurité de 150 km autour du foyer, un arrêté ministériel daté du 18 septembre élargit encore la zone réglementée. En effet, de nouveaux résultats d’analyses rendus par le laboratoire de l’Agence nationale en charge de la sécurité sanitaire (Anses) ont confirmé, le 17 septembre, l’infection par la FCO de nouveaux cheptels dans l’Allier, la Creuse et le Puy-de-Dôme. Dans ce dernier, 5 communes sont aujourd’hui en périmètre interdit.Pour la Haute-Loire, seuls 4 communes (St Bonnet le Froid, Le Mas de Tence, Les Vastres et Chaudeyrolles) demeurent en zone non réglementée à la date du 18 septembre. 85 communes sont en zone de protection (ZP) et 171 communes en zone de surveillance (ZS). Ces deux zones constituent la zone dite réglementée et couvrent donc 256 communes contre 201 la semaine précédente. La situation évolue donc très rapidement *. Ces données sont valables à l’heure où nous bouclons, mais la situation peut changer d’un jour à l’autre si d’autres foyers sont avérés dans les départements voisins voire chez nous. (...)
La liste des communes concernées, ainsi qu’une carte, sont téléchargeables sur le site des services de l’État en Haute-Loire : http://www.haute-loire.gouv.fr/
Suzanne Marion d’après communiqué de la Préfecture
* Consultez le site internet de la Haute-Loire Paysanne www.haute-loire-paysanne.com pour connaître les modifications de zone entre deux parutions.Suivez l'évolution de la situation et des conditions de circulation des animaux sur www.gds43.fr
> Le point sur l’impact de la maladie sur le plan commercial avec le président des commerçants en bestiaux de la Haute-Loire, Pierre Fayolle.
De lourdes conséquences sur les entreprises, les exportateurs et les éleveurs
Le retour de la FCO en France a un impact direct sur les flux commerciaux d’animaux. Pierre Fayolle, président des commerçants en bestiaux de Haute-Loire, explique la situation : «La première semaine (qui a suivi la confirmation d’un cas de FCO dans l’Allier), les mouvements d’animaux d’élevage ont été totalement bloqués. Au cours de la deuxième semaine, on a connu une légère ouverture des échanges avec toute une série de tracasseries administratives (désinsectisation...). Ces échanges vont permettre d’absorber 50 à 60% de la production de veaux naissants ; entre 30 et 40% des veaux sont en revanche non commercialisables sur le marché français autant pour des problèmes de qualité que de places».
Retrouver rapidement des débouchés à l’export
Pour Pierre Fayolle, il est urgent aujourd’hui de retrouver des débouchés à l’exportation : «Il est important d’ouvrir très rapidement les flux espagnol et italien pour écouler ces veaux tout en sachant que ces échanges vont être assortis de contraintes assez fastidieuses ; les espagnols parlent aujourd’hui de dépistages au moyen de sérologies qui sont coûteuses en travail et en prix (entre 7 et 15 euros par animal). Les discussions en cours avec l’Italie devraient s’orienter vers une sérologie pour les veaux et un protocole de vaccination pour les broutards. Ils pourraient demander 2 vaccinations + 30 jours après la dernière vaccination, mais les discussions s’orientent vers une primo vaccination associée à une sérologie. Cela reste en discussion pour l’instant».A ces contraintes exigées par les pays importateurs, s’ajoutent les demandes propres à chaque région ; ceci est vrai pour l’Italie comme pour l’Espagne. Autant de difficultés qui font dire à Pierre Fayolle que les flux commerciaux ne vont pas être faciles à remettre en place rapidement.
Vers une pénurie de doses de vaccins ?
En ce qui concerne la vaccination, le négociant redoute l’insuffisance à court terme des doses de vaccins : «les doses vont d’abord être réquisitionnées pour procéder à la vaccination obligatoire dans la zone de protection déjà très étendue en terme de surface. Le grand massif-central rassemble 80% des sièges des exportateurs dont les sites d’allotement étaient tous en voie de chargement pour le Maghreb ou pour la Turquie avant le retour de la FCO ; aujourd’hui, ces centres sont pleins et seront prioritaires pour la vaccination». La vaccination pose aussi un problème de prix ; sur un broutard, on peut compter que la vaccination aura un impact financier de 40 à 50 euros par animal (en comptant le prix d’une sérologie). Autre conséquence : la FCO risque d’induire une érosion des prix sur les animaux lourds, légers et sur les petits veaux. Déjà échaudée précédemment par diverses crises sanitaires, la profession des commerçants en bestiaux redoute la perte définitive de parts de marché. «Rappelons que c’est toujours le client qui achète la marchandise qui commande». D’ici la fin de l’année, la filière viande va être confrontée à une difficulté supplémentaire liée à un afflux de veaux gras sur un marché qui ne les absorbera pas forcément ; ceci risque de désorganiser l’ensemble de la filière veaux gras. Tout le monde l’aura bien saisi, la FCO va avoir de lourdes conséquences sur le plan économique en particulier sur les entreprises (en raison des pertes de volumes dans la durée), sur les exportateurs et par répercussion sur les éleveurs. «Dans le même temps, certains acteurs vont sortir gagnants de cette crise, c’est le cas des grands abatteurs (qui vont devoir abattre des animaux en excès sur le marché français), de l’engraisseur italien qui va baisser ses prix d’achat suite à une offre plus importante, et des grands intégrateurs français» explique Pierre Fayolle. D’autre part, «La maladie, qui risque d’être assez localisée sur le plan géographique, va générer de nouveaux circuits commerciaux qui vont bouleverser le commerce, comme la ruralité d’ailleurs» ajoute-t-il.
La gestion de la maladie en question
Le président des commerçants en bestiaux s’interroge sur l’efficacité de la gestion actuelle d’une telle maladie : «On est face à un réchauffement climatique, sachant que les animaux et les hommes voyagent à travers la planète, dans ces conditions, ne faudrait-il pas apprendre à vivre avec la FCO plutôt que de s’évertuer à se rendre indemne de FCO ? Faut-il rentrer dans un système de vaccination systématique ?». Toutes ces questions restent entières. Pierre Fayolle juge l’impact commercial de la FCO sur les ovins un peu moins sévère que sur les bovins car «l’ovin a plutôt une destination “boucherie“».
VÉRONIQUE GRUBER