Faire reconnaître spécificités et plus-value de la montagne
Les orientations de Vincent Descoeur, désigné hier président après deux années au secrétariat général.Les orientations de Vincent Descoeur, désigné hier président après deux années au secrétariat général.
Vous venez de prendre la présidence de l'Anem, une casquette de plus diront certains...
V. Descoeur : "C'est une responsabilité tout à fait complémentaire avec mes fonctions électives et le travail parlementaire. Quand j'interviens à l'Assemblée c'est avec la double casquette, celle de mon département et celle des territoires de montagne. C'est aussi un engagement naturel m'étant beaucoup investi aux côtés d'Henri Nayrou. "
Y-a-t-il réellement une identité et un impact des élus montagnards à travers l'Anem ?
V. D. : "L'Anem est une vraie réalité dans le travail des parlementaires. Elle représente aujourd'hui 4 000 communes, 42 conseils généraux, douze conseils régionaux et peut mobiliser 240 parlementaires avec deux champs d'intervention : les assemblées elles-même et leur environnement proche (ministères...) et les médias. Notre objectif est d'identifier le dénominateur commun sur ce qui nous rassemble dans cette structure pluraliste. Cela a été le cas sur l'un de nos récents faits de guerre : la question de la TNT et des 630 000 foyers ignorés situés plutôt en montagne et en milieu rural. C'est vrai aussi sur la réforme des collectivités où, malgré des positions très marquées, l'Anem s'est efforcée de faire en sorte qu'il y ait des améliorations. Je pense au seuil de population pour l'intercommunalité dont on a pu s'affranchir en zone de montagne, à la question du cofinancement pour les communes de moins 3500 habitants..."
Il y a deux ans votre prédécesseur parlait d'un rouleau compresseur d'inspiration urbaine, le rouleau menace-t-il toujours autant la montagne ?
V. D. : "La majorité des évolutions se font effectivement au détriment des territoires moins peuplés. C'est pourquoi il nous faut continuer à militer pour la reconnaissance des spécificités de la montagne inscrites dans la loi. Rien n'est acquis. Sur l'agriculture il faut par exemple régulièrement se manifester pour expliquer qu'il y a plusieurs agricultures, dont celle de montagne, inconvertible, et qui représente pourtant le socle économique de nos territoires. L'économie montagnarde est encore fragile globalement. Cette montagne doit aussi bénéficier des évolutions technologiques qui vont révolutionner demain la question de la distance et qui sont de nature à gommer les handicaps, à condition qu'on donne les moyens à la montagne d'être au rendez-vous. C'est un enjeu majeur pour l'attractivité de ces territoires."
On rejoint là la question de la péréquation...
V. D. : "Oui une péréquation qui doit être horizontale, c'est à dire qui ne demande pas plus à un État dont on finit par être imprégné des difficultés. Il existe pour cela déjà des mécanismes dans la loi de finances 2010, avec un sujet qui va être de pleine actualité dans les prochaines semaines : la péréquation sur les droits de mutation issus des transactions immobilières, reparties à la hausse dans les départements les plus favorisés. Dans le cadre de cette péréquation, le retour vers les territoires plus fragiles atteindrait 800 millions d'euros. C'est un sujet sur lequel je compte beaucoup m'investir à la tête de l'Anem. Je souhaite aussi qu'on engage une réflexion offensive sur la plus-value de la montagne qui représente 25 % du territoire national et 4,7 millions de personnes à temps plein. Une montagne où séjourne près d'un Français sur deux en vacances et qui constitue pratiquement un modèle de développement durable".
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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