Prospective laitière
Faire plus du lait doit rimer avec efficacité économique
La production laitière dans le Puy-de-Dôme est face à un dilemme : celui de produire plus- car le potentiel existe- mais dans des conditions économiques efficaces. L’exercice n’est pas simple !

L'avenir de la production laitière à l'horizon 2015 fait l'objet d'une enquête à l'échelle nationale auprès de 440 exploitations dont une trentaine située dans le Massif central. Cette démarche, initiée par le Cniel, est mise en œuvre par l'Institut de l'Elevage en lien avec les réseaux des fermes de références- animé dans le Puy-de-Dôme par Clémentine Lacour.
Le 11 mars dernier, Jean Luc Reuillon et Christelle Couzy, de l'Institut de l'Elevage, organisaient donc des entretiens collectifs à Rochefort Montagne auprès d'une quinzaine d'éleveurs laitiers. Leur objectif : recenser les atouts et les contraintes de la zone par rapport à la production laitière.
Une opportunité : l'AOC
Dans les atouts, les éleveurs citent en priorité la présence de l'AOC, porteuse d'une « image montagne » positive pour l'avenir mais aujourd'hui insuffisamment valorisée. La production à l'herbe est aussi considérée comme un argument fort pour le développement de la production laitière dans le Puy de Dôme et plus largement dans le Massif central. Les éleveurs mentionnent par ailleurs le caractère dominant de l'activité agricole dans cette zone, le tourisme qui s'avère être « une chance dans la valorisation de la production », le nombre important de jeunes qui s'installent, « preuve que nous sommes dans un bassin laitier dynamique ». La présence de nombreuses usines et collectes constitue également un atout non négligeable à la production, selon les éleveurs. Même s'ils s'interrogent sur leur devenir et s'inquiètent sur les problèmes de concurrence qui émergent ici ou là.
Un frein : la main-d'oeuvre
Côté contraintes, le problème de la main-d'œuvre revient en force, «c'est une des préoccupations majeures des éleveurs dans le Puy-de-Dôme, mais qui se retrouve également à l'échelon national » indique Clémentine Lacour. Elle va de paire avec la problématique bâtiments en zone de montagne et le caractère individualiste des exploitations (peu de travail en Cuma, installations individuelles...). L'enquête de l'Institut, auprès des producteurs laitiers du Massif central, indique par exemple que les premiers motifs de non réalisation du prêt de quota en 2007-2008 sont liés à 22% à la saturation des capacités de logement des bâtiments et à 44% à l'insuffisance de la qualité des fourrages d'hiver.
A ces contraintes fortes s'ajoutent les exigences non valorisées des cahiers des charges, la pression foncière sur certaines zones, le morcellement parcellaire, les surfaces accidentées, le climat difficile ou bien encore la prolifération des campagnols terrestres.... Alors Produire plus pour gagner plus ? Voilà un challenge « sexy » auquel les producteurs de la zone Dômes Hautes Combrailles préfèrent un défi plus raisonnable et raisonné, basé sur le « produire mieux » en agissant sur différents leviers. Les professionnels restent en effet prudents quant à l'évolution de la production laitière dans le département. « Certes, il y a des signes positifs de développement mais ils doivent être cohérents au regard des difficultés de main d'œuvre rencontrées sur les exploitations » relève Clémentine Lacour.
Des marges de progrès
Ce travail de prospective initié par l'Institut de l'élevage est l'occasion pour les producteurs de s'inscrire dans une dynamique de production et d'anticiper leur choix de produire plus de lait. La démarche engagée au sein des 13 fermes de références du Puy de Dôme va aussi dans ce sens, « elle a pour objectif d'échanger entre éleveurs sur des pratiques et de dégager des marges de progrès technico économique sur les exploitations » explique l'animatrice du réseau. En cette après-midi du 11 mars, à l'issue des entretiens animés par l'Institut de l'Elevage, les éleveurs du réseau ont défini quatre thèmes sur lesquels ils envisagent de travailler : améliorer les coûts alimentaires, optimiser la conduite du pâturage ou « réapprendre à cultiver l'herbe », travailler sur la fertilisation et améliorer le produit viande de l'atelier lait. « Quelle que soit leur taille (de 120 000 litres à 480 000 litres) les fermes du réseau ont une bonne efficacité d'exploitation, toutes ont réussi à dégager des marges de progrès. Il n'y a pas de solution miracle mais seulement une maîtrise des charges et une cohérence de la conduite d'exploitation auxquelles doivent veiller les éleveurs» conclut Clémentine Lacour