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Lait de montagne
Faire enfin exister le lait de montagne

Hors AOP et IGP, la filière lait de montagne est fragile. Des propositions concrètes autour de trois axes
ont vocation à la relancer : appellation commune, cadre fiscal, promotion.

Le député Jean-Pierre Vigier, ici aux côtés du vice-président du Cniel,  Damien Lacombe.
Le député Jean-Pierre Vigier, ici aux côtés du vice-président du Cniel, Damien Lacombe, a rappelé le contenu des propositions.
© R.SA.

Non, le lait blanc de montagne n’est pas valorisé. Hormis l’initiative Montlait, rien ne le distingue d’un produit de plaine. Pourtant, sa qualité est indéniable (modèle extensif, 80 % d’herbe...) et son coût de production, lié à des contraintes topographiques, plus élevé d’environ 27 %. Deux bonnes raisons qui font que, si l’on veut maintenir une agriculture sur ces territoires de montagne, il est urgent de revaloriser le produit. Cela concerne deux milliards de litres de lait (auxquels s’ajoute un milliard déjà valorisé, notamment en AOP) et 65 000 emplois directs ou induits.

Compétitivité, attractivité et valorisation  

Le Cniel(1), a fait part de son empressement à faire bouger les lignes, lors d’une table ronde organisée sur le Sommet de l’élevage par “France terres de lait”, dont la vocation est justement la création et la répartition de valeur. Damien Lacombe, vice-président de l’interprofession, détache trois sujets : la compétitivité, l’attractivité et la valorisation. Trois thèmes dont un groupe parlementaire transpolitique - conduit par le député altiligérien Jean-Pierre Vigier (LR) et la députée des Alpes Pascale Boyer (LREM) - s’est emparé.  “C’est un sujet d’aménagement du territoire”, affirme l’élu de Haute-Loire, par ailleurs vice-président de l’Anem(2) et qui se désole du nombre décroissant d’exploitations laitières en montagne. Selon lui, pour faire valoir une différenciation, la solution passera nécessairement par le collectif. Son plan : une certification officielle unique sur tous les massifs ; une volonté politique d’exonération fiscale à l’investissement ; une stratégie transversale d’attractivité du métier qui sort des cours de fermes, comme la couverture numérique, le travail du/de la conjoint/e, etc.  En écho avec la loi Egalim 2, Jean-Pierre Vigier précise que “jouer collectif” signifie aussi une redistribution juste et équitable de la plus-value. 

Propositions transpolitiques

Au total, 13 propositions ont été faites. Dans le détail, il préconise à la filière de s’intéresser au label européen STG : Spécialité traditionnelle garantie. Du côté du gouvernement, il soumettra l’idée d’une ZRR (zone de revitalisation rurale) spécialement adaptée aux zones de montagne et un assouplissement pour les entreprises de collecte et de transformation de la règle des minimis (qui prévoit un plafond d’aides). Enfin, pour redonner envie aux jeunes de s’installer, prévoir dans les cursus de formation la spécificité montagne et la revalorisation de l’image.

Trouver une appellation officielle est une bonne solution selon Michel Lacoste, président du Cnaol(3), qui évoque à ce sujet "une dynamique partout constatée, alors même que les produits sont vendus plus chers qu’en conventionnel”. Sur les soutiens ciblés, Jean-Michel Javelle, administrateur Sodiaal et président du Criel Massif central, se remémore les aides à la collecte... qui n’existent plus, "alors que les surcoûts restent les mêmes ". Ce que confirme Didier Thuaire, directeur de la Société fromagère du Livradois qui explique être concurrentiel avec toutes les régions sur les marchés de l’AOP, mais pas lorsqu’il s’agit de transformation de lait blanc. Dominique Barrau, président de l’Association des producteurs de lait de montagne et de la marque Montlait, met en garde : “La GMS s’intéresse de près à la création d’une gamme montagne complète, mais sous une marque distributeur.” Autant dire que, dans cette hypothèse, le risque d’une plus-value qui échappe à la filière est évident. Or, c’est au contraire la diversité des productions que propose la densité de PME qui fait la richesse des territoires, estime Stéphane Joandel, responsable lait de la FRSEA Aura. Mais cela ne vaut que si la montagne abrite encore des élevages... Et d’alerter sur d’autres possibles conséquences dans le cas contraire : “Si on perd l’élevage, ce sera une catastrophe pour la biodiversité, avec le retour de surfaces boisées qui siphonneront les ressources en eau”...  

(1) Centre national interprofessionnel de l'économie laitière. 
(2) Association nationale des élus de la montagne. 
(3) Conseil national des appellations d’origine laitières. 

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