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Production laitière
«Faire augmenter le prix du lait plus rapidement que ce qu’il est prévu»

Les producteurs se trouvent face à la problématique du prix du lait. Le point avec Yannick Fialip.

Yannick Fialip, président de la section laitière à la FDSEA.
Yannick Fialip, président de la section laitière à la FDSEA.
© HLP
Comment se portent les exploitations laitières de Haute-Loire?
Yannick Fialip : Le revenu des producteurs de lait a baissé en 2012. Cette baisse de revenu a été conjuguée à une baisse du prix du lait de 4% sur l’année et à une augmentation des charges de production de 30 euros les 1000 litres. Aujourd’hui, beaucoup d’exploitations ont des difficultés de trésorerie et se posent des questions quant à l’avenir de la production laitière ; dans les zones où il est possible d’opter pour d’autres productions (céréales, viande bovine), certains pourraient abandonner le lait.

A quelle problématique se heurtent les producteurs de lait en matière de prix du lait ?
Yannick Fialip : Le prix du lait est fixé avec un décalage de 3 à 4 mois avec le prix du lait des autres pays européens et notamment de l’Allemagne. Or, comme nos voisins allemands augmentent leurs prix en ce moment, on s’attend prochainement à une hausse du prix de notre lait.  Mais les perspectives données par nos entreprises ne sont pas suffisantes.

Quels efforts consentent les entreprises laitières en terme d’augmentation du prix du lait payé aux producteurs ?
Yannick Fialip : Pour l’année 2013, les entreprises parlent d’une augmentation de 5%. Nous, producteurs, nous demandons une hausse de prix de 10%. Nous proposons par ailleurs, la prise en compte d’un nouvel indicateur dans le calcul du prix du lait, l’indicateur «charges de production». Ce dernier permet de calculer d’une année sur l’autre, l’augmentation des coûts de production et d’impacter ensuite le prix payé aux producteurs. Nous demandons aux entreprises d’appliquer ce nouvel indicateur. Si on obtient un refus de leur part, on mettra en place des actions syndicales.

L’interprofession joue-t-elle toujours un rôle dans la fixation du prix du lait ?
Yannick Fialip : Non, nous n’avons plus la capacité juridique de fixer le prix du lait en interprofession. Aujourd’hui chaque entreprise fixe le prix du lait sans concerter réellement les producteurs. Et l’on s’aperçoit que des écarts de prix assez importants vont apparaître entre les entreprises, car certaines ont compris la problématique des producteurs et d’autres ne l’ont pas comprise. Au mois de janvier 2013, on a  par exemple constaté environ 15 euros/1000 L d’écart de prix entre deux entreprises.  
Il est important de signaler que pour une augmentation de 30 euros/1000L du prix du lait payé au producteurs, la répercussion au niveau du prix du lait consommateur n’est que de +2 centimes d’euros sur un litre de lait UHT. La prise en compte de l’indicateur «charges de production», qui devrait induire une hausse du prix payé aux producteurs, ne fera donc pratiquement pas augmenter le prix du lait à la consommation ; cet argument devrait aider les entreprises laitières à faire passer des hausses de prix auprès de la grande distribution !

Comment réagissent les entreprises laitières au sujet de ce nouvel indicateur «charges de production» ?
Yannick Fialip : Les entreprises font la sourde oreille et pensent que les producteurs vont courber l’échine et passer ainsi la crise. Aujourd’hui, d’autres productions agricoles s’avèrent plus rentables que le lait, et le risque majeur c’est que des producteurs se détournent du lait.

Quelle est la stratégie des producteurs de lait pour les jours et semaines à venir ?
Yannick Fialip :  Si nous ne sommes pas entendus, nous  passerons à l’action syndicale dans le courant du mois de février en vue de faire augmenter le prix du lait plus rapidement que ce qu’il est prévu.
Il faut aussi souligner que les pouvoirs publics ont leur responsabilité dans cette problématique du prix du lait. Ces derniers nous ont mis seuls face aux entreprises pour négocier le prix du lait. Or, malgré l’organisation des producteurs, nous n’arrivons pas à une situation équilibrée dans les négociations. C’est pour cette raison que nous avons envoyé un courrier au Préfet de Région. Nous demandons le rétablissement des règles de manière à ce  que l’on obtienne une concurrence saine entre entreprises. Aujourd’hui, ce sont plutôt les producteurs qui sont la variable d’ajustement des entreprises.

Propos recueillis par Véronique Gruber

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