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Face-à-face : CRS contre agriculteurs

Lacrymogènes et fumigènes ont rapidement rempli la place Bonnyaud.
Lacrymogènes et fumigènes ont rapidement rempli la place Bonnyaud.
© AM

Répondant l’appel de la FDSEA et des JA de la Creuse, une centaine d’agriculteurs, rejoints par une cinquantaine de « gilets jaunes » sont venus manifester leur colère sur la place Bonnyaud, ce lundi 10 décembre pour rencontrer la préfète Magali Debatte. Alors qu’habituellement les accès à la Préfecture restent ouverts afin de dialoguer directement avec les représentants de l’État, force était de constater qu’aucun accès n’était possible, bloqués par les véhicules des compagnies de CRS.
Si les responsables agricoles auraient nettement souhaité un dialogue constructif, la fin de non-recevoir des autorités a commencé de cristalliser les manifestants avant de subir une charge de gaz lacrymogènes et de grenades fumigènes.
Ce qui devait être au départ une manifestation calme mais déterminée par les organisations syndicales a très vite dévié en une véritable scène de guérilla urbaine. Résultats, quelques blessés étaient à déplorer, dont le président des Jeunes Agriculteurs Michael Magnier qui a reçu un tir de flashball au niveau du cou et a été transporté aux urgences de l’hôpital de Guéret et un autre agriculteur qui a aussi reçu des éclats de verre dans la main, alors qu’il se trouvait dans son tracteur.
Pour le secrétaire général de la FDSEA Christian Arvis, « les raisons de notre colère sont légitimes, mais on nous mène en bateau depuis trop longtemps en nous promettant de nombreuses mesures, mais au bout du compte, il n’y a rien de concret. On veut maintenant des actes ».
Sur le dossier sécheresse, le CNGRA, le comité qui statue sur les classements des départements en zone sinistrée doit se prononcer le 12 décembre sur la recevabilité du dossier creusois en calamités agricoles. Pour la FDSEA et les JA, « nous attendons sur ce dossier non seulement le classement de l’ensemble du département, mais surtout une enveloppe financière suffisante pour aider tous les agriculteurs creusois à passer ce cap extrêmement difficile ».
Au sujet des États Généraux de l’Alimentation, le ministre Didier Guillaume avait annoncé récemment lors d’une rencontre avec les responsables professionnels agricoles creusois, que les ordonnances seraient signées dans les jours à venir ; or la décision du Gouvernement de reporter ces signatures à une date ultérieure et a priori pas avant janvier voire février a de quoi agacer les responsables agricoles. Ces ordonnances visent justement à encadrer les marges, les promotions et les ventes à perte des grandes surfaces.
Et puis, l’autre sujet qui fâche, c’est celui du versement des aides. Aucun paiement à ce jour n’a été effectué sur des aides instruites entre en 2016 et 2017 et notamment pour les mesures agroenvironnementales (MAE). Des retards qui mettent à mal de nombreuses exploitations agricoles parfois déjà dans des situations extrêmement vulnérables. Pour certaines, les montants à percevoir dépassent les 30 000 à 40 000 €. « C’est un véritable scandale » s’exclament certains manifestants. Comme ce qui avait été rappelé précédemment au ministre de l’Agriculture, « nous voulons tout simplement un calendrier de versement des aides avec des dates précises et surtout qu’il soit respecté » clame haut et fort Michael Magnier, le président des JA.
Mais au-delà des revendications que portent la FDSEA et les JA, les responsables professionnels souhaitaient tout simplement dialoguer. Seul le député Jean-Baptiste Moreau, accompagné de son suppléant Vincent Turpinat, a eu la décence de venir à la rencontre des agriculteurs. « Je comprends totalement le désarroi des agriculteurs, mais je travaille sur l’ensemble des sujets que vous évoquez » précise-t-il.
Dans la foule qui l’entoure dans un débat quasiment inaudible, les noms d’oiseaux fusent, la colère de certains s’exprime librement et totalement, avec pour résonance « Moreau démission ».
En fin d’après-midi, les forces de l’ordre ont fait les sommations d’usage pour disloquer la manifestation à coup de gaz lacrymogènes et grenades fumigènes. Une deuxième vague de CRS est sortie des rangs et, dans une charge digne des grands westerns américains, matraque et bouclier à la main, a coursé les derniers manifestants dont quelques « gilets jaunes ».

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