Maison
Et si les enduits et la peinture à la chaux revenaient à la mode ?
Un vieux mur qui a perdu ses couleurs, une grange à rénover sans lui ôter son aspect ancien, une salle de réception à laquelle on veut donner du cachet…
Il y a toujours, dans une cour de ferme, un vieux mur dont l’antique enduit s’effrite peu à peu… Il a un charme suranné, mais on ne peut pas le laisser en l’état sous peine de le voir s’affaiblir davantage. Longtemps oubliée, la chaux revient peu à peu au goût du jour. Le ministère de la culture l’évoque longuement pour la rénovation de bâtiments anciens.
Avec le XXe siècle, l’industrialisation de la production de liants minéraux, l’invention et la fabrication du ciment, le terme « chaux » est resté dans le vocabulaire du bâtiment… Les ciments sont fabriqués à partir d’argiles cuites à très haute température (au-delà de 900 °C suivant le procédé), avec modification des structures moléculaires (vitrification). Leurs caractéristiques correspondent à l’architecture du béton (rigidité, solidité, caractéristiques hydrophobes, etc.). Ces derniers sont incompatibles avec le bâti ancien qui doit respirer et rester souple. Les ciments sont à éviter de toute réhabilitation (corps d’enduit, revêtement décoratif, joints et maçonneries ordinaires, etc.). Il est donc nécessaire de faire très attention aux appellations « chaux ».
Une préparation délicate
Au départ, « la chaux naturelle est obtenue par cuisson (calcination, à environ 850 °C) de calcaires contenant de l’argile (20 % maximum). Le faible échauffement des molécules permet au matériau de garder toutes ses caractéristiques naturelles (respiration, aptitude à véhiculer la vapeur d’eau, capillarité) », expliquent les spécialistes de la conservation du patrimoine du ministère de la culture. « Lorsque le calcaire utilisé est pur ou quasiment pur, la chaux est dite aérienne : elle fait sa prise uniquement à l’air. Par cuisson, on obtient une chaux vive qui était traditionnellement éteinte dans des grands bacs d’eau, la chaux en pâte. Elle est aujourd’hui éteinte artificiellement par vaporisation (technique industrielle) et mise en sac. » La préparation de la chaux pour un enduit est donc assez délicate. En effet, on ne peut pas utiliser une bétonnière pour mélanger chaux, sable et eau car le mortier à la chaux doit être très « onctueux » et la tentation d’ajouter de l’eau pour aller plus vite provoquera des microfissures lors du séchage. Si l’on n’est pas très motivé ni documenté, mieux vaut faire appel à un professionnel averti. Car la chaux est un matériau destiné à être travaillé à la main et qui demande, donc, plus de temps. Un enduit à la chaux correctement posé doit l’être en trois couches fines successives… « L’ancien » demande du temps. Cependant, il existe maintenant des produits prêts à l’emploi, contenant le liant et le sable déjà mélangé, ce qui évite bien des soucis. Mais, bien évidemment, le coût de l’enduit grimpe… Une autre piste est le lait de chaux que l’on peut utiliser comme couche de finition sur un enduit plus traditionnel. L’effet est très beau, mais la durée sera, bien sûr, moins longue. Alors, entre aspect ancien et travail à l’ancienne, il y a parfois un long laps de temps et de technicité.
Repère
La chaux est un liant, et représente l’élément de base de la construction traditionnelle. Elle est aussi utilisée pour toute une gamme de finitions, d’enduits, de badigeons et de peinture. C’est un matériau minéral souple que l’on applique mélangé à divers agrégats pour enduire les murs intérieurs et extérieurs et pour jointoyer les pierres. Ou bien, simplement diluée dans de l’eau, en lait ou en pâte, elle peut servir pour différentes techniques décoratives de peinture. La chaux se colore par les sables ou par adjonction de pigments.