Envisager l’implantation de cultures dérobées pour réaliser du stock
Pour pallier le déficit fourrager avéré après les ensilages, la Chambre d’Agriculture conseille d’implanter des cultures
dérobées, même si ce n’est pas une solution miracle.
À la fin des chantiers d’ensilage d’herbe, le déficit fourrager est avéré surtout dans les zones les plus basses du département. Des achats pourront s ‘envisager mais les disponibilités seront rares et les tarifs élevés. Les cultures dérobées sont une option pour produire soi-même son fourrage avant l’hiver. Ce n’est toutefois pas une solution miracle, la mise en place et la récolte ont un coût. Il faut choisir des cultures adaptées au potentiel du sol, à l’altitude et à la période de semis. Même si elles sont moins exigeantes, toutes ces cultures ont besoin d’eau pour pousser…
Ensilage de céréales immatures
Le développement des céréales d’hiver devrait permettre d’atteindre des rendements de 5 à 10 TMS/ha en fourrage selon le stade et la zone. Éviter l’ensilage ou l’enrubannage d’orge ou de blé barbu car les barbes limitent l’appétence du fourrage. Faire attention également aux parcelles ayant reçu un traitement phytosanitaire ou un désherbage, des risques de toxicité existent.
Le principal intérêt de récolter aujourd’hui une céréale est de libérer des surfaces pour implanter dès maintenant un maïs ou un sorgho.
Maïs et Sorgho fourrager pour un semis avant le 15 juin
Le maïs est la plante qui posséde le meilleur potentiel de croissance et qui permettrait aujourd’hui de rattraper une partie du déficit fourrager. Pour arriver à maturité à une altitude de 800 m un maïs doit être semé avant le 20 mai. Un semis plus tardif est possible, éventuellement jusqu’au 15 juin, le rendement peut être au rendez-vous (8 TMS/HA) s’il pleut suffisament mais la teneur en grain sera faible. Semer les variétés les plus précoces disponibles sur le marché.
L’implantation d’un sorgho fourrager est possible jusqu'à la fin du mois de juin. Si la levée est lente, le sorgho souffre énormément de la concurrence avec les adventices, privilégier un désherbage en pré-levée. Il peut être pâturé ou récolté en enrubannage, en foin ou en ensilage pour un rendement de l’ordre de 6 TMS/ha. Préférer les variétés hybrides, 25 à 30 kg /ha, fertilisation 70 U N, 60 U P, 100 U K, récolte 70 jours après semis, une deuxième coupe est possible.
Le millet perlé, proche du sorgho fourrager en termes de valeur et de rendement présente l’avantage de pouvoir être paturé à n’importe quel stade et de redémarrer très vite après pâture. Dose de semis 15 Kg /ha, même fertilisation que le sorgho.
Le moha est bien adapté à une récolte en ensilage ou enrubannage. Semis 20 kg/ha, fertilisation 70 U N, 100 U P, 100 U K , récolte 80 jours après semis, rendement de 4 à 5 TMS/HA.
Le sorgho sucrier peut également se tenter en dessous de 600 m. Il doit être semé très tôt, dès aujourd’hui, il se récolte en ensilage à l’automne. Le rendement est sensiblement le même que celui du sorgho fourrager mais les valeurs alimentaires sont bien meilleures s’il ne géle pas avant d’arriver à maturité. Comme pour le maïs, le choix d’une variété très précoce est indispensable.
L’avoine diploïde : un très bon choix
L’avoine diploïde, aussi appelée avoine brésilienne, est intéressante à cette époque car sa vitesse d’implantation rapide lui permet de couvrir très rapidement le sol. En 3 mois, en pur ou en association on peut obtenir 4 TMS d’un fourrage d’excellente qualité. On l’associera en priorité à un trèfle d’Alexandrie (Avoine 60 Kg + Trèfle 12Kg) ou à un colza.
Éviter les semis de juillet
Quelle que soit l’année, juillet est très souvent le mois le plus chaud et le plus sec. Il est préférable d’éviter toute mise en place de culture durant cette période car les chances de réussite sont souvent limitées. Il est judicieux d’attendre le 10 août pour mettre en terre des prairies ou des dérobés.
Semis d’août : ray-grass italien, colza, choux, avoine, vesce…
Le ray-grass italien est la culture la plus adaptée à un semis du mois d’août. Sa vitesse de croissance permet, dans de bonnes conditions, d’obtenir une pâture ou une coupe de 3 TMS dès l’automne. Il peut de nouveau être récolté au printemps avec un fort potentiel de rendement.
Le colza fourrager peut fournir une quantité importante de fourrage vert en 60 à 80 jours seulement. Il sera plutôt implanté après une céréale pour être pâturé à l'automne. Très intérressant pour sa richesse en azote, l’idéal consiste à l’associer à une avoine.
L’avoine présente un excellent potentiel de croissance. Associée à une vesce, sur un cycle de 3 mois elle peut produire prés de 6 TMS/ha d’un fourrage d’excellente qualité. Semer 50 à 75 kg/ha de vesce type printemps + 100 kg/ha d'avoine. Bien tasser le sol après semis
La conjoncture rend très tendu le marché des semences fourragères, pensez à assurer vos approvisionnements au plus vite.