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Entendez-nous dans vos campagnes !

Pour faire entendre la voix de la ruralité,  Vanik Berberian, président national de l’Association des maires ruraux de France, était de passage à Anglards-de-Salers.

Samedi 15 octobre, la défense de la ruralité a mobilisé une quarantaine d’élus du département.
Samedi 15 octobre, la défense de la ruralité a mobilisé une quarantaine d’élus du département.
© APAP

“Il faut se bouger le c..., il faut expliquer les choses !” Vanik Berberian est en campagne pour la ruralité et compte bien se faire entendre auprès des prétendants à la présidence de la République. “On ne pourra pas impunément faire abstraction de la ruralité”, prévient-il, en rappelant qu’en 2012, “une seule candidate avait parlé de la ruralité. Elle était blonde”. Le président national de l’Association des maires ruraux de France  (AMRF) raconte volontiers s’être fait récemment traiter de conservateur-réactionnaire dans un ministère et se rassure en remarquant qu’on le qualifiait d’anarchiste- révolutionnaire du temps d’un autre président. Pour lui, “un assainissement, il n’est pas de droite ou de gauche, il est en panne ou il fonctionne.”

Pas de vacances pour la ruralité

Cet été, Vanik Berberian était dans le Cantal en vacances. Samedi 15 octobre, il était à Anglards-de-Salers en militant. Le président de l’AMRF s’est lancé dans un tour de France pour réveiller les campagnes et lancer des États généraux de la ruralité. Trois ateliers vont être organisés dans le Cantal pour faire remonter les besoins, des idées et proposer une autre voie. “Il faut revoir le logiciel”, remarque-t-il, en évoquant la DGF (Dotation globale de fonctionnement) et son mode de distribution qui date des années 60, une époque où les villes devaient s’équiper pour accueillir l’exode rural. Aujourd’hui, le mouvement se fait dans l’autre sens… “Il y a un regain de population dans les territoires ruraux. Cent mille personnes, chaque année, quittent la ville pour la campagne”, rappelle-t-il, en soulignant l’importance de lutter contre les a priori.

Contre les a priori

“Beauté du paysage et monde en fin de vie, telle est l’image véhiculée par les médias. L’information est faite par les gens des villes. Il faut qu’on sorte du complexe du plouc : pour être attractif, il faut être moderne, faire comme à la ville. Vaut mieux cultiver sa différence. On n’imagine pas le potentiel que portent les territoires ruraux”, martèle-t-il, en expliquant qu’au retour du Salon des maires, “on repart tous avec notre mallette de mobilier urbain - le concept de mobilier rural n’existe pas - alors on achète la même chose” et on en arrive à une uniformité des paysages. “Plus c’est gros, mieux c’est…” C’est toujours la même mécanique : regrouper, regrouper, regrouper. Maintenant, ce que demande le ministère, c’est de faire des regroupements de regroupements”, ironise-t-il, en égratignant au passage “tous ces petits maires qui veulent être plus gros que le bœuf”. Il raille cette course à la métropole, cette fuite en avant pour avoir toujours plus d’habitants. Quant aux 36 000 communes ? Pourquoi, sans arrêt, faire la comparaison avec les autres pays européens en faisant fi de notre histoire ? Les communes nouvelles ? “Je ne suis pas pour ni contre, bien au contraire”, répond-il en exigeant que l’idée soit, préalablement, soumise à la population. Qu’est-ce qu’un maire à l’échelle d’une commune ? “La commune nous dépasse.”

Une chance pour la République

“Comment être aussi éloigné du terrain pour faire des erreurs pareilles ?”, s’indigne-t-il, en évoquant la suppression des numéros des départements sur les plaques d’immatriculation, l’Éducation nationale qui, pour la carte scolaire, oublie de prendre en compte le temps de déplacement ; les cinq syndicats des eaux qui, au 1er janvier, devront travailler ensemble suite à la fusion de sa communauté de communes, ou le transfert de la compétence transport à de grandes Régions qui place parfois à plus de deux heures les décisions relatives au ramassage scolaire. “À vouloir mettre à tout le monde le même costume, on passe à côté des spécificités locales.  L’impératif de réalité va s’imposer”, prévient-il. “Je leur reproche de ne pas comprendre comment on fonctionne.” Dernièrement, dans le deuxième village de sa commune, une mamie lui demande de s’arrêter. Son aspirateur était en panne. Rien de bien grave, il la sauve. “Allez expliquez ça à un haut fonctionnaire”, interroge le président des maires ruraux. Pourquoi un habitant des campagnes vaudrait-il la moitié d’un urbain ? À ceux qui lui disent qu’ils ont des charges de centralité, il répond qu’il a des charges de ruralité. Au-delà d’une “charité publique, d’un système de coopération décentralisé”, il aspire à ce que la ruralité soit considérée “comme un lieu où l’on peut investir”, “un atout essentiel de la République”. Il demande à ce que les efforts de gestion de l’air, de l’eau, soient pris en compte dans la DGF. “Nous n’arriverons à rien si l’on reste isolé dans notre écosystème”, lance-t-il en appelant les élus du Cantal a participer à ces États généraux de la ruralité.

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

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