Engrais et pesticides, des défis épineux à la COP 15
La COP 15 qui s'est ouverte à Montréal le 7 décembre devrait permettre aux États signataires de la Convention sur la diversité biologique de s'accorder sur un cadre mondial rénové. Parmi les propositions, une réduction de deux tiers des épandages de pesticides ou de 50 % des fuites d'engrais. Des cibles controversées notamment par les États exportateurs, et qui pourraient faire le succès ou non de ce rendez-vous international.
Alors que les États signataires de la Convention sur la diversité biologique (CDB) se réunissent du 7 au 19 décembre à Montréal pour la Cop 15, l'agriculture devrait être au centre des discussions. « Il s'agit de l'une des principales pressions sur la biodiversité, sur laquelle la plupart des scientifiques recommandent de travailler », rappelle Hélène Soubelet, présidente de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).
Le brouillon de décision actuel, base de la discussion entre les États, prévoit quatre grands objectifs, dont l'intégrité des écosystèmes, la gestion durable des ressources ou le partage des bénéfices, qui se déclinent en une vingtaine de cibles plus précises. La négociation autour de la cible sept, en particulier, sera « clé », prévient David Ainsworth, responsable de la communication de la Convention des Nations-Unies sur la diversité biologique. Cette cible envisage de réduire les principaux dégâts de l'agriculture, en prévoyant une réduction de deux tiers des utilisations des pesticides, une baisse de moitié des risques liés à ces molécules, ainsi qu'une coupe de 50 % des nutriments « perdus » ou « en excès dans l'environnement ».
Autant de chiffres qui ont déjà fait débat lors des réunions préparatoires entre les négociateurs, notamment lors de la dernière rencontre à Nairobi en juillet. « La négociation est très difficile », a confié le ministère de la Transition écologique à l'occasion d'un échange avec la presse le 29 novembre. Ambition pour l'Union européenne et la France, selon l'entourage de Christophe Béchu : « La stratégie De la ferme à la fourchette doit être comprise, et le cadre final doit retenir au minimum l'ambition de 50 % de réduction des risques et utilisations des pesticides chimiques. Et plus largement, complète Sylvie Lemmet, ambassadrice pour l'environnement, l'Union européenne et la France défendent un langage sur l'agroécologie ». Mais celui-ci, regrette-t-elle, « n'est pas accepté par un certain nombre de pays exportateurs, qui n'ont pas envie d'avancer sur l'agriculture ».