En vidéo : « Fini de rigoler, maintenant faut nous payer ! »
À l'appel d'un mot d'ordre national FNSEA-JA, une centaine d'agriculteurs auvergnats ont convergé, mardi, vers le siège de l'ASP à Clermont-Ferrand.
À l'appel d'un mot d'ordre national FNSEA-JA, une centaine d'agriculteurs auvergnats ont convergé, mardi, vers le siège de l'ASP à Clermont-Ferrand.
Venus des quatre départements d'Auvergne, ils ont bravé la pluie pour exiger des comptes de l'administration. Au siège de l'ASP (Agence de services et de paiement), les agriculteurs n'avaient franchement pas envie de rigoler, mardi à la mi-journée, tant les situations que traversent certains d'entre eux, au-delà de leurs côtés ubuesques, sont dramatiques. Des paiements compensatoires datant de 2015, toujours pas versés au 22 novembre 2016 ; des aides 2016 dont on ignore encore l'échéance de paiement ; des contrôles PAC à peine entamés alors que les dossiers ont été renvoyés par les agriculteurs depuis le mois de juin, une cacophonie monstre au plus haut sommet de l'État... « La coupe est pleine, les agriculteurs ne peuvent plus attendre et se contenter d'explications techniques. Aujourd'hui l'administration doit assumer et payer!», s'est emporté, Yannick Fialip, président de la FDSEA de Haute-Loire. Au 22 novembre, le syndicalisme dénombrait près de 1.000 dossiers en Auvergne toujours en attente de paiement. « Derrière les dossiers, il y a des hommes, des femmes, des familles, incapables de se verser un salaire, d'honorer leurs annuités bancaires et leurs dettes fournisseurs ». Et de lancer aux responsables de l'administration, Bernard Viu, Boris Calland (DRAAF), Denis Cheminat (ASP) : « Imaginez-vous plus d'un an sans salaire ! ». Agriculteur dans le Cantal, André Angelvy a exprimé son ras-le-bol face aux renvois incessants de la DDT vers l'ASP, puis inversement, « en attendant mes aides n'ont toujours pas été versées ».
« On reviendra tous les jours s'il le faut ! »
Face aux attentes légitimes des agriculteurs, et pour éviter de se laisser empêtrer dans la « cuisine» administrative pétrie de justifications plus incompréhensibles les unes que les autres, les responsables professionnels ont posé des questions précises. D'abord sur la dizaine de dossiers 2015 d'aides du premier pilier encore non soldées en Auvergne. Réponse de Bernard Viu : les paiements devraient être effectifs d'ici le 5 décembre. Toujours au chapitre 2015, si 89% des dossiers auvergnats du 2ème pilier sur les ICHN ont été réglés au 17 novembre, «les 3.000 restants ont été mis en paiement à compter du 18 novembre», selon Boris Calland. Mais quid des dossiers soumis aux contrôles, de l'ordre de 1.600 pour Auvergne-Rhône-Alpes (843 en Auvergne), «leur paiement est annoncé entre le 15 et le 22 décembre», a expliqué Bernard Viu. Quant aux ATR 2016 et le complément d'aide ovine, ils devraient être virés dans leur intégralité au 25 décembre. Pour les aides bio, les MAEC et les assurances, il faudra à priori patienter encore jusqu'en février 2017. Colère des agriculteurs qui n'envisagent même pas une seconde un tel scénario : « Comme par hasard, deux jours avant cette manifestation, certains ont perçu les versements manquants. Comme quoi quand vous voulez», a souligné David Chauve, secrétaire général de la FNSEA 63. «On reviendra vérifier que tout se débloque rapidement, quitte à passer Noël ici. C'est inadmissible en 2016 de mettre les paysans dans une situation aussi délicate », a insisté Nicolas Merle, président des JA Auvergne-Rhône-Alpes. «Et qu'est-ce qui vous empêche de faire des chèques ! », a lancé, agacé un groupe d'agriculteurs. Triturant leurs fiches, essayant de justifier le retard de l'État par la mise en oeuvre de la réforme de la PAC en 2015, les représentants de l'administration ont bien eu du mal à calmer les ardeurs de paysans, bien décider à obtenir enfin leur dû.
900 euros de plus en Auvergne
« Les relevés de situation 2015 sont prévus pour janvier 2017. Le solde des aides 2016 devrait intervenir en mars 2017. En moyenne, entre 2014 et 2015, sur le premier pilier, la réforme de la PAC a généré 900 euros de plus en Auvergne par exploitation », a indiqué Boris Calland (draaf).