CAPRIN/OVIN LAIT
Éleveurs caprins et ovins lait réclament une montée en compétences
Selon l’association Cabriol 63, la difficulté à valoriser des chevreaux limite le développement de la filière laitière caprine sur le département et les projets des éleveurs.
Selon l’association Cabriol 63, la difficulté à valoriser des chevreaux limite le développement de la filière laitière caprine sur le département et les projets des éleveurs.
Les éleveurs caprins sont de plus en plus nombreux dans le Puy-de-Dôme. En 2021, ils créent l'association Cabriol 63 afin de se fédérer pour développer sur le département un appui technique et être représentés auprès des OPA et des différents acteurs du territoire. Une mission presque atteinte. Lors de leur assemblée générale (AG), les membres de l'association sont revenus sur leurs actions de l'année 2023 et notamment sur la représentativité de leur filière auprès des acteurs publics. Le récent plan filière de la région AuRA en faveur des éleveurs caprins et ovins lait en témoigne. « Sans la mobilisation des 1 567 éleveurs caprins et ovins lait de la grande région, ces aides en notre faveur n'existeraient pas » souligne Noëlle Champroux, la présidente. Ce plan filière prévoit notamment de soutenir les investissements pour l'amélioration des conditions de travail à la traite et en fromagerie ou encore pour l'économie d'énergie et l'adaptation des bergeries et chèvreries au changement climatique. Un autre volet prévoit de couvrir les investissements pour l'engraissement des chevreaux. Un point qui a fait réagir les éleveurs présents car la question de la valorisation de ces animaux reste problématique dans le Puy-de-Dôme.
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Des chevreaux sur le carreau !
« À ce jour, seuls 10% des chevreaux de la région sont valorisés » précise Noëlle Champroux. Ceux du Puy-de-Dôme ne font pas exception. En fin de zone de collecte, les jeunes animaux des chevriers puydômois trouvent difficilement preneur et « très souvent pour moins de 1€/kg ». La consommation de viande de chevreaux en France a dégringolé, contrairement à celle de certains pays méditerranéens. « Il y a quelques années, je vendais beaucoup de chevreaux aux portugais immigrés à Clermont-Ferrand » raconte un éleveur « mais les générations changent, les jeunes n'ont plus les mêmes habitudes de consommation ». Perte des recettes, des habitudes et « l'image attendrissante des chevreaux souvent véhiculée par les réseaux sociaux » selon une éleveuse, ont eu raison de cette valorisation. Les éleveurs de Cabriol 63 remercient le soutien de la Région pour l'investissement dans la filière chevreaux (réflexion sur la collecte, sur la mise en place d’ateliers d’engraissements, investissements en lien avec l’engraissement…). La valorisation de ces derniers interroge cependant encore les éleveurs. « Nous nous posons la question de s’engager dans cette voie (de l'engraissement) et à la fois nous avons peur qu’il n’y ait personne pour collecter nos chevreaux ou les valoriser à plus de 1€/kg. Dans un premier temps, nous devons nous structurer collectivement pour maintenir la collecte dans le Puy-de-Dôme »
Besoin de formations en hausse
Durant l’AG, les éleveurs caprins et ovins lait du département ont surtout renouvelé leurs attentes en matière de conseils. « Nous avons besoin de monter en compétences. Il est inutile d'investir dans du matériel neuf si l'éleveur ne maîtrise pas ses process de fabrication. Notre métier aussi demande des compétences et un appui technique. » L'association bénéficie d'une convention avec la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme pour la mise à disposition d'une conseillère, Clémentine Lacour. Dans le même cadre, deux stagiaires ont été recrutés cet été pour mener une enquête détaillée sur la filière (nombre d'éleveurs, types de produits, circuits de commercialisation...) et une étude sur le lien entre le parasitisme gastro-intestinal et les pratiques de pâturage. Les résultats de ces deux projets seront connus début 2024. Toutefois, les éleveurs voudraient aller encore plus loin avec des formations notamment sur la fromagerie. Or, les financements publics, tels que ceux du Conseil départemental et de sa politique agricole, ne permettent pas ce soutien sur le fonctionnement. « C'est réglementaire. Nous n'avons pas le droit d'utiliser des fonds publics pour soutenir le fonctionnement des exploitations, seulement pour de l'investissement » explique Nicolas Portas, directeur Agriculture, Sylviculture et Alimentation du Conseil départemental du Puy-de-Dôme. Les prochaines actions de Cabriol 63 seront donc de poursuivre le développement de l'association et de fédérer les éleveurs caprins et ovins lait du Puy-de-Dôme.