Économie : Plutôt un retour à la stabilité en 2017 qu’une vraie reprise
Les carnets de commande et la rentabilité des entreprises de la région devraient retrouver des couleurs cette année. Mais les signaux de reprise restent encore faibles dans le département.
Que retenir de tous les chiffres et ratios présentés jeudi soir par la chambre de commerce et d’industrie du Cantal (CCI) et la Banque de France ? Que si l’économie régionale va mieux, les signes de reprise, dans le Cantal notamment, sont eux bien timides. Le renversement de tendance devra sans doute attendre des réformes structurelles, c’est du moins l’avis de Jean-Louis Frutière, directeur départemental de la Banque de France. Ainsi, l’enquête réalisée par les succursales de la Banque de France en Auvergne-Rhône-Alpes en décembre 2016 auprès d’un échantillon de près de 4 500 entreprises, montre des performances contrastées sur l’année écoulée.
Les résultats dans l’industrie (+ 1 % de chiffre d’affaires (CA) contre + 2,3 % en 2015) sont jugés décevants. En cause notamment, des sous-performances à l’export (- 0,9 %) et la relative faiblesse de certains secteurs importants dans la région (métallurgie, produits métalliques). L’agroalimentaire (IAA) s’en sort mieux avec + 1,3 % de croissance. Grâce en partie aux mesures gouvernementales (CICE, crédit impôt recherche...), les marges de l’industrie se sont maintenues en 2016. Les prévisions dans ce secteur sont plus favorables pour 2017, avec des chiffres d’affaire attendus en hausse de 3,1 % (+ 3,5 % dans les IAA), sous l’effet de la reprise des exportations, et des niveaux d’investissements mieux orientés (à la peine en 2016 notamment dans les IAA : - 2,1 %).
Quand le bâtiment va...un peu mieux
Le secteur de la construction se redresse enfin après des années sombres : + 1,9 % de CA, grâce à une accélération des mises en chantier qui a cependant moins profité aux travaux publics (TP : + 0,9 %). Un créneau des TP qui reste sinistré dans le Cantal (- 3,5 % de CA et des effectifs salariés encore en baisse de 3,8 %) alors que le gros oeuvre s’en tire mieux. Pour autant, la Banque de France prévient : “C’est vrai que les entreprises ont retrouvé des carnets de commandes mais les marges bénéficiaires restent très faibles.” Du moins sur 2016 car l’activité croissante attendue en 2017 (+ 2,8 %) devrait s’accompagner d’une rentabilité confortée mais sans renouer avec l’investissement.
“Et cette reprise d’investissements productifs dans le Cantal, tous secteurs confondus, s’apparente plus à un maintien de la valeur de l’outil de production qu’à un retour de la confiance en une réelle reprise”, a ainsi nuancé Bernard Villaret, président de la CCI, qui a aussi pointé du doigt le manque à gagner dans le BTP lié à la taxe d’aménagement, “une fiscalité décourageante”.
Les indicateurs ont en revanche été au vert en 2016 dans les services marchands avec d’excellentes performances renouvelées (+ 4,1 % de CA), portées par des services informatiques et de l’ingénierie technique particulièrement porteurs (respectivement + 7,5 et + 6,1 % de CA). Les transports et la logistique (40 % des effectifs du secteur) affichent des performances plus modérées (+ 2,5 %). Cette bonne dynamique devrait se poursuivre à un rythme cependant un peu moins soutenu en 2017 tant en termes d’activité (+ 3,1 %) que de rentabilité ou d’emplois ; l’informatique restant en pointe dans les prévisions d’activité.
Hôtels-restaurants : remettre le couvert
Enfin, nouveau venu dans ce panel, l’hôtellerie-restauration (CHR) enregistre un bon courant d’affaires (+ 4,3 de CA) malgré l’effet “attentats”. Dans le département, les inquiétudes portent sur le maintien et la viabilité des CHR avec l’enjeu “de faire émerger une nouvelle génération et de passer l’écueil des mises aux normes et d’accessibilité”, a relevé le patron de la CCI, notant cependant que les établissements positionnés sur le haut de gamme “s’en sortent mieux”.
Aussi, pour la compagnie consulaire, malgré une croissance française annoncée robuste, 2017 n’ouvre pas de perspectives d’une reprise économique franche. “Les entrepreneurs cantaliens misent surtout sur un retour à la stabilité avec des secteurs porteurs comme l’industrie, et dans une moindre mesure, les services. Ils espèrent également que le soubresaut ressenti dans le BTP va se poursuivre”, a affiché Bernard Villaret, et ce malgré des marchés publics qui devraient être impactés par les échéances électorales. Aussi, une nouvelle fois, le président de la CCI a appelé le tissu économique cantalien à faire preuve d’adaptation à l’offre, à recourir à l’innovation et l’investissement, “les trois piliers de la reprise de la croissance”.