A Dienne, le moulin de Drils reprend vie
Bernard Rougerie et ses élèves ébénistes achèvent le mécanisme en bois du moulin de Drils, près de Dienne. Le moulin va tourner à nouveau cet été après de longs mois d’un travail de fourmi. Il ne manque plus que le meunier…
faisait parfois la sieste, il n’y habitait pas. L’espace était entièrement occupé par les mécanismes installés en vertical et actionnés sous la pression de l’eau. Après de nombreuses années d’abandon, l’herbe folle perçait entre les écailles de la toiture et la maçonnerie flanchait quelque peu. Derrière la porte, aujourd’hui refaite à l’identique avec ses clous récupérés un à un, il ne restait presque rien de ce passé. Les pièces de bois avaient pourri, les meules jetées à terre et l’odeur de la farine avait laissé place à celle de la poussière.
L’espoir né d’une rencontre
Le pire a failli survenir lors de la tempête de 1999 : enseveli sous un
amas d’arbres déracinés par le vent, le moulin s’en est tiré fort
heureusement sans dommages. Les premiers travaux d’urgence furent
confiés à des entreprises du secteur pour mettre le bâtiment hors
d’eau.
C’est en visitant le lycée professionnel de Murat l’an dernier, que
Marie-Simone Chanson, maire de Dienne et ardent défenseur du
patrimoine, demande à Bernard Rougerie, professeur d’ébénisterie et
Compagnon du devoir, de mettre son savoir-faire au service de la
renaissance du moulin. Au-delà de la restauration, l’objectif est de
faire de ce lieu un outil de connaissance du patrimoine local et de
s’en servir, dans un premier temps, de support à des classes de
découverte et des visites thématiques. L’enseignant se lance alors avec
passion et un dévouement sans limites dans le projet. Il consulte les
documents d’archives, prend de nombreuses mesures, déchiffre le
vocabulaire spécifique de la meunerie. Il propose même à une dizaine de
ses élèves de l’aider volontairement chaque mercredi. Cécile, Quentin,
Alexandre, Aurélien, Jean-Patrick, Thibault, Jérôme et Nicolas
acceptent volontiers.
Le mécanisme reconstitué d'après maquette
La plupart inscrits en CAP d’ébénisterie, ils
découvrent à leur tour un nouvel univers où l’objectif n’est plus de
plaire en priorité comme pour les meubles, mais bien de faire
fonctionner et de participer à un ensemble beaucoup plus large qu’est
la transformation d’un produit. L’année 2005-2006 est mise à profit
pour fabriquer le mécanisme en bois d’après les cotes prises par
Bernard Rougerie et mises en forme à l’aide d’une maquette au 1/10e. Le
projet reçoit le soutien du rectorat de Clermont-Ferrand, de la
Direction régionale des affaires culturelles d’Auvergne et de la
fondation de la Fédération nationale du BTP et de l’association Dienne
Patrimoine. Le travail s’organise et les choses avancent dans les
ateliers du lycée. Le montage des pièces de bois se fait à l’ancienne.
L’installation se fera à Drils à partir de cet été. Avec du grain à
moudre