Didier Guillaume s’attaque au suicide en agriculture
Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, et le ministre de la Santé, Olivier Véran, ont confié à Olivier Damaisin, député du Lot-et-Garonne, une mission interministérielle sur « la prévention et l’accompagnement des difficultés rencontrées par les agriculteurs ».
En 2015, la MSA avait recensé 600 suicides d’agriculteurs et de proches mais aussi de salariés, rapporte le ministère de l’Agriculture. « Ce ne sont pas que des raisons financières qui poussent les agriculteurs à passer à l’acte ! Mais si je le dis, je vais me faire canarder », a déclaré Didier Guillaume en marge d’un point presse le 10 mars dernier. Alors le ministre de l’Agriculture s’en remet à Olivier Damaisin, député du Lot-et-Garonne, « fin connaisseur des questions rurales », pour faire la lumière sur le sujet. Associé à Olivier Véran, le ministre de la Santé, ils ont signé une lettre de mission interministérielle sur « la prévention et l’accompagnement des difficultés rencontrées par les agriculteurs ». Dans moins de six mois, il reviendra alors au député du Lot-et-Garonne, chargé de cette mission, de remettre un rapport dans lequel il tentera d’expliciter les raisons qui poussent les agriculteurs à passer à l’acte. Ce document comportera aussi des pistes visant à améliorer la formation et la sensibilisation des organismes qui interviennent auprès des agriculteurs pour prévenir le suicide. Rendre le dispositif d’identification et d’accompagnement des agriculteurs en difficulté plus efficace fait aussi partie des objectifs de la mission d’Olivier Damaisin. Seront évidemment associées à cette tâche les banques, la MSA et des associations telles que « Solidarités paysans », a précisé Didier Guillaume. Enfin, un volet de la mission d’Olivier Damaisin tentera de comprendre si les controverses sur l’agriculture et la stigmatisation des agriculteurs font partie des facteurs qui poussent aussi les agriculteurs à passer à l’acte. Cette analyse sera aussi assortie de propositions.
Mieux comprendre les risques psychosociaux
Pour remplir sa mission le député du Lot-et-Garonne sera aidé par Frédéric Poisson, ingénieur au Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) du ministère de l’Agriculture. Ce dernier lui a confectionné un agenda de rendez-vous sur mesure. Au cours des six prochains mois, Olivier Damaisin rencontrera tous les acteurs professionnels et économiques agricoles. Au programme aussi, des entretiens avec des agriculteurs qui ont tenté de se suicider et avec des familles d’exploitants agricoles en deuil depuis la disparition d’un de leurs parents. Olivier Damaisin prendra soin de remplir sa mission en associant des députés de l’opposition car « le problème du suicide en agriculture est une question de société, transpartisane qui n’épargne aucune circonscription rurale, quel que soit le bord politique de l’élu à sa tête », explique-t-il. Lors du point de presse, Didier Guillaume a rappelé qu’un des objectifs qu’il s’était fixé en prenant ses fonctions de ministre de l’Agriculture, le 16 octobre 2018, était justement la baisse du nombre de suicides. Le député du Lot-et-Garonne n’ignore pas le travail déjà réalisé par Henri Cabanel, sénateur socialiste de l’Hérault et de quelques-uns de ses collègues « pour améliorer le système de détection des agriculteurs en situation de fragilité ». Dans un projet de loi, ils proposaient « d’obliger tout établissement bancaire ou financier à repérer les difficultés financières d’un client chef d’exploitation agricole ou salarié agricole et à l’orienter vers un accompagnement social et psychologique ». En 2010, Bruno Le Maire, alors ministre de l’Agriculture, s’était aussi penché sur la question du suicide, juste après la crise du lait et de la chute des prix des céréales intervenues en 2009. Enfin, l’État s’est aussi mobilisé ces dernières années aux côtés de la MSA pour prévenir le suicide (accès au droit au répit, reconversion professionnelle). Par ailleurs, 73 cellules d’identification et d’accompagnement ont été créées depuis 18 mois pendant lesquels 2 000 signalements ont été faits.