Des prix rémunérateurs pour mieux affronter les aléas climatiques et sanitaires
Confinement oblige, l’assemblée générale de la FDSEA qui aurait dû se tenir ce vendredi a été annulée. La secrétaire générale de la fédération revient sur les combats de cette année singulière.

Au-delà de la crise sanitaire, cette année a été synonyme pour l’agriculture cantalienne d’une nouvelle crise climatique. Comment aider les éleveurs à faire face ?
Delphine Freyssinier : “Nous avons vécu une troisième année de sécheresse consécutive, doublée d’épisodes caniculaires, avec une situation géographiquement plus contrastée mais des pertes encore importantes pour de nombreuses exploitations. Rappelons d’abord que notre mobilisation syndicale a permis de ramener près de 25 M€ à la ferme Cantal pour l’épisode de sécheresse 2019 en associant les indemnisations du fonds des calamités agricoles, l’exonération TFNB, une aide exceptionnelle de la Région, du Département (pour les dossiers non éligibles au CNGRA...).
Sécheresse : enquêtes terrain en cours
Cet été, nous avons fait preuve de la même réactivité pour activer un dossier de demande de reconnaissance en calamités. Malgré le Covid, les enquêtes sécheresse sont en cours sur le terrain et un comité départemental d’expertise est programmé le 13 novembre. Nous demandons bien entendu l’exonération de la TFNB, un soutien du Conseil régional... Nous sommes bien conscients qu’il sera difficile d’obtenir un même niveau d’indemnisation compte tenu de l’étendue de cette sécheresse sur une grande partie du territoire national mais nous allons tout faire en ce sens.
De toutes façons, au-delà des mesures d’urgence, la meilleure façon d’aider les éleveurs à passer ces aléas climatiques, c’est la prise en compte de nos coûts de production dans le prix de nos produits ! Il faut aussi que les pouvoirs publics nous donnent la possibilité de mettre en œuvre de nouveaux moyens d’irrigation et d’abreuvement des animaux. Attendre quatre à cinq ans pour voir accepté un dossier de stockage d’eau, c’est inadmissible ! On a le temps de vivre trois à quatre sécheresse. Il faut lever tous les freins et lourdeurs administratives !”
Loup, vautours, rats... : “On ne baisse pas la garde !”
Même si on en a moins parlé cet été, le loup a fait encore des victimes dans les élevages du département. Il n’est pas le seul...
D. F. : “La menace plane toujours comme le montrent ces attaques (26 constats, dont 17 loups non exclus à mi-octobre, avec 54 brebis tuées, NDLR). Si les éleveurs ont dû mettre en place des mesures de protection, avec des clôtures, des chiens... ils restent exposés au risque de prédation. Et encore une fois, ce sont les agriculteurs qui ont dû s’adapter au loup avec des éleveurs qui ont dû renoncer à monter leur troupeau en estives, ce qui n’est pas acceptable. C’est un dossier sur lequel nous ne baissons pas la garde et il faut que tous les éleveurs du département - ovins, caprins, bovins - soient mobilisés car quand il n’y aura plus de brebis, le loup passera à d’autres animaux...
Nous sommes aussi confrontés aux vautours avec des attaques qui se sont multipliées, d’abord sur des bovins morts ou affaiblis, mais on voit que ces charognards effarouchent aussi des troupeaux pour isoler et affaiblir des animaux. S’y ajoute le risque de propagation de certaines maladies. Nous avons interpellé les pouvoirs publics sur ce dossier avec la visite de la sous-préfète de Saint-Flour sur une exploitation de l’Aubrac. Notre volonté est aussi d’avoir une action coordonnée avec nos homologues des départements voisins touchés : l’Aveyron, la Lozère... Une réunion devait d’ailleurs se tenir le 30 septembre, à l’initiative du préfet de Lozère, missionné sur ce dossier, mais elle a été annulée. Il faut agir car les vautours vont devenir un vrai problème comme le loup.”
Les rats refont eux-aussi surface...
D. F. : “Oui c’est la raison pour laquelle il faut continuer la lutte même si c’est très contraignant. Nous disposons désormais d’un nouveau produit, le Ratron GW, disponible auprès de la FDGDon et qui s’avère, selon les tests, plus efficace que la bromadiolone. Il ne faut pas hésiter à s’en servir et s’assurer d’être à jour de son contrat FMSE pour être indemnisé du coût de ces moyens de lutte.”
Avec le confinement, le risque est de voir aussi proliférer le grand gibier et les dégâts de sanglier...
D. F. : “Sur ce dossier, les choses ont évolué ce week-end avec l’annonce d’une dérogation au confinement pour des opérations de régulation des espèces générant des dégâts importants aux cultures et forêts. Nous portons avec la Fédération des chasseurs une demande commune auprès du préfet pour activer cette dérogation afin de déployer des actions de régulation des espèces nuisibles, surtout le sanglier, et de finir les plans de chasse. Il faut en parallèle que les agriculteurs continuent à déclarer les dégâts en se rapprochant si besoin de la FDSEA.”
Broutards : “Nos actions dérangent !”
Cet automne a vu une mobilisation répétée de vos troupes - et de la FNB - dans la “crise du broutard.
D. F. : “Dès le 15 août, les cours du broutard ont commencé à dévisser et nous avons décidé d’engager une stratégie similaire à celle de la FNB qui a permis au printemps de faire remonter de 50 centimes le prix des vaches. En publiant les données indépendantes sur la situation du marché en France et à l’export, on a appuyé là où ça faisait mal. On a bien vu que ces publications, comme nos actions devant les centres d’allotement, ont dérangé les opérateurs qui défendent davantage les Italiens que les naisseurs cantaliens. Des naisseurs, qui, avec un prix du broutard en baisse de 30 centimes, perdent un tiers de leur revenu annuel (13 000 € en 2019, NDLR) ! Pas question de continuer comme ça, il va falloir que les choses bougent et vite !
En production laitière, notre section s’est elle aussi attachée à défendre un prix du lait rémunérateur pour les producteurs en revendiquant la pleine application des EGA. Et nous poursuivons le travail engagé pour une valorisation à son juste titre de la qualité de nos AOP.”