Des défis au service de l'excellence
Si l'Aubrac continue sa belle progression en matière d'effectif avec 245 000 vaches, les responsables de la race regrettent le manque de valorisation, en particulier des broutards, et le difficile contexte international en matière d'exports d'animaux de repros. Réunie en assemblée générale vendredi 6 août à Graissac, l'Union Aubrac a présenté les prochains défis pour mettre en avant l'excellence de ses animaux et des pratiques d'élevage de ses producteurs.
« Difficile et décevante », c'est ainsi que le président Yves Chassany a qualifié l'année 2020. Un concours national reporté au prochain Sommet de l'élevage, des ventes à la station de La Borie annulées, tout comme les traditionnels concours et portes ouvertes qui jalonnent l'année... auxquels s'ajoutent des cours du maigre à la baisse, un contexte géopolitique sur les pays de l'est limitant pour le marché de la repro et contraint à la seule Roumanie grâce à l'appui de la SARL Nolorgues et du GIE Aubrac... Une année à vite oublier comme l'a expliqué Yves Chassany : « Malgré de gros efforts consentis et une qualité de nos productions sans cesse améliorée, nos systèmes ne parviennent pas à valoriser au juste prix l'excellence de nos animaux et les pratiques d'élevage ». Et d'ajouter : « Le contexte sanitaire nous a en plus privés de nos nécessaires moments de convivialité et de confiance partagée entre éleveurs et avec nos partenaires ».
Des effectifs toujours en hausse
Devant les défis qui s'ouvrent à eux et le potentiel de leur chère race Aubrac, les éleveurs restent motivés : « En 2021 nous avons fait preuve d'adaptabilité et nous avons de nombreux chantiers en cours pour aller vers encore plus de professionnalisme, de qualité, de valorisation », a encouragé le président de l'Union Aubrac. Déjà au printemps, les ventes à la station de La Borie ont pu se tenir à distance : « même si les prix n'ont pas toujours satisfait les vendeurs, nous avons pu tenir les ventes. Cette première a été un succès et nous serons prêts à le renouveler si besoin, avec des améliorations », a avancé Yves Chassany. Les veaux de la prochaine campagne feront leur entrée en octobre à la station.
Autre signe encourageant pour l'Aubrac : la progression constante de ses effectifs avec 245 000 vaches (IPG 2021) et près de 50 000 naissances en 2020. « Cette progression de 2,5 % est un exploit alors que l'élevage est en recul dans de nombreuses zones françaises », remarque le directeur de l'Union Aubrac, Jacques Renou. De fait, l'Union Aubrac maintient aussi son nombre d'adhérents (autour de 640). Si la région Occitanie et le Massif central concentrent 70 % des effectifs Aubrac, de plus en plus de départements plébiscitent la race, ce qui n'est pas sans conséquence sur les missions de l'Union Aubrac. « Clairement nous sommes un peu à un tournant, parce que notre volonté est d'accompagner et de conseiller un maximum de nouveaux éleveurs et notre expertise terrain, aujourd'hui largement reconnue, doit rester notre mission prioritaire », relève Yves Chassany.
Bientôt un label bas carbone pour l'Aubrac ?
L'Union Aubrac a déposé une demande de GIEE Label bas carbone. « On le sait, la contribution de nos élevages dans leur environnement est une préoccupation de plus en plus prégnante. Il nous est donc apparu intéressant de nous saisir de cette opportunité. Nos systèmes plutôt vertueux, ont des arguments à faire valoir en ce sens, il n'est pas question de passer à côté ! », a introduit Yves Chassany. Une vingtaine d'éleveurs se sont portés volontaires pour établir un diagnostic « Optimiser les pratiques d'élevage pour améliorer le bilan carbone des exploitations Aubrac ». L'élevage peut bénéficier de crédits carbone, émis par les entreprises et industries qui ne peuvent pas tous les compenser, en diminuant leurs émissions ou en mettant en place des pratiques de stockage. « Ce dispositif peut nous permettre de capter des fonds pour les élevages et préparer les exploitations pour l'avenir, de mettre en avant le rôle positif de l'élevage à l'herbe et ainsi améliorer l'image de l'élevage », a expliqué le président.
Pour réaliser les diagnostics de départ CAP'2ER, l'Union Aubrac a sollicité les chambres d'agriculture. « Nous espérons une concrétisation cet automne tant dans l'acceptation de notre GIEE que dans la mise en oeuvre des diagnostics chez les éleveurs volontaires », envisage Yves Chassany.
En parallèle, l'Union Aubrac a donné la parole à Jean Valadier, président de la communauté de communes Aubrac Carladez et Viadène sur le projet de certification haute valeur naturelle mis en oeuvre sur le futur pôle viande né de la reprise des anciens sites Arcadie à Argences-en-Aubrac par Beauvallet. Le site de transformation de viande bovine en ultra-frais, frais et surgelé va redémarrer en septembre, celui de l'unité d'abattage est prévu en septembre-octobre 2022. L'objectif affiché est d'implanter un pôle viande accompagné d'une filière locale structurée autour du label haute valeur naturelle, « une démarche de qualité différenciante et créatrice de valeur ajoutée ». Des rencontres sont prévues dès la rentrée entre Beauvallet, l'OS Aubrac, les chambres d'agriculture de l'Aveyron, du Cantal et de la Lozère ainsi que les organisations de producteurs. Un premier objectif est fixé à 200 exploitations minimum du territoire classées HVN-HVE, livrant entre 20 à 25 vaches par semaine de races Aubrac, Limousine et Simmental.