Dernière ligne droite avant l’éradication IBR
Dans le prolongement de l’arrêté ministériel du 31/05/2016 « fixant les mesures de prévention, de surveillance et de lutte contre la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) », un nouvel arrêté s’applique depuis le 05/11/2021, complété par l’instruction technique du 21/01/2022.
Avec la promulgation de la Loi de Santé Animale européenne (LSA), l’objectif final d’éradication de l’IBR en France a été fixé à fin 2026. Le rôle des services de l’État (DDETSPP) est renforcé, puisqu’ils sont responsables des retraits de qualification et des mises en non-conformité. Les nouveaux textes réglementaires listent des mesures à application progressive pour atteindre cet objectif.
Un rapprochement des règles avec le cahier des charges prophylaxies bovines
Une prophylaxie commencée doit être terminée au plus tard 90 jours après la première intervention. Cette notion figurait déjà dans les textes mais est ici clairement rappelée. Le taux de tolérance de réalisation est de 10 % ou 1 bovin si l’effectif à contrôler est inférieur à 10. Il s’agit bien de résultats et non de prélèvements, cette mesure permet de gérer les échantillons non analysables (hémolysés, quantité insuffisante…) mais ce sont bien tous les animaux désignés qui doivent faire l’objet d’une prise de sang.
Une évolution pour les cheptels indemnes d’IBR…
Pour les cheptels indemnes depuis moins de 3 ans, la surveillance se fait en sérologie de mélange sur tous les animaux de plus de 24 mois ou sur 6 Laits de Grand Mélange (LGM) par an pour les élevages laitiers. Pour les cheptels indemnes depuis plus de 3 ans, la surveillance se fait sur 40 animaux au plus, désignés par un algorithme, ou sur 1 LGM par an. Pour que cette évolution ne se fasse pas au détriment de la qualité de l’appellation « indemne d’IBR », le respect de l’algorithme est demandé. Cependant, pour prendre en compte la problématique des animaux dangereux ou de ceux vendus récemment, et en concertation avec les représentants des éleveurs, des vétérinaires et de l’État, une tolérance a été instaurée (possibilité de changer jusqu’à 10 animaux sur les 40 désignés par l’algorithme).
… une surveillance des cheptels non indemnes en analyses individuelles…
Le dépistage doit concerner tous les animaux de plus de 12 mois, y compris un échantillonnage des mâles non reproducteurs de 12 à 24 mois. L’analyse mélange ayant une sensibilité plus faible, les cheptels non indemnes d’IBR doivent être surveillés en sérologies IBR individuelles. L’objectif est de s’assurer de ne pas passer à côté d’un animal infecté très faiblement positif. Cela représente un surcoût mais pour les élevages en phase active d’assainissement et qui en font la demande, GDS Creuse, pour ses adhérents, les accompagne en prenant en charge 50 % du reste à charge éleveur des frais d’analyse, dans le cadre de la mutuelle sanitaire.
… et une obligation d’éliminer les animaux positifs en fin d’assainissement
Les animaux infectés doivent faire l’objet d’une vaccination régulière certifiée par le vétérinaire sanitaire. Pour limiter les risques de réexcrétions, il est même recommandé de faire ces injections tous les 6 mois (hyper-immunisation) quel que soit le vaccin. Lorsque le pourcentage de bovins infectés d’IBR parmi les bovins de 12 mois ou plus est inférieur à 10 % (ou lorsque le troupeau ne détient qu’un bovin infecté), les animaux doivent être éliminés avant la fin de campagne, soit avant le 31 mai 2023. Ces élevages vont être contactés spécifiquement.
Des règles aux mouvements qui évoluent…
Pour les animaux issus d’élevages indemnes, la prise de sang d’achat doit être faite entre 15 et 30 jours, une dérogation au contrôle IBR pouvant être accordée si le transport est maîtrisé (circuit indemne d’IBR). Les animaux issus de cheptels non indemnes doivent faire l’objet chez le vendeur d’une quarantaine certifiée par le vétérinaire sanitaire de 21 jours et d’une prise de sang dans les 15 jours précédant le départ, suivie chez l’acheteur d’une prise de sang d’achat entre 15 et 30 jours. Si le dépistage avant départ n’a pas été fait, l’acheteur devra réaliser une deuxième prise de sang au moins 15 jours après la première.
… notamment pour les ateliers dérogataires
Une Instruction Technique (IT) est en préparation concernant les ateliers d’engraissement dérogataires. À compter du 1er octobre 2022, ils ne devraient introduire que des animaux issus d’élevages indemnes d’IBR. Cela permettrait de lever le statut « à risque » sur le cheptel allaitant associé et de bénéficier d’éventuels allégements de prophylaxie. S’ils décident néanmoins de continuer à introduire des animaux de toute origine, ils devront les faire vacciner systématiquement par le vétérinaire sanitaire de l’atelier, avec un vaccin « marqueur ». En cas d’anomalie, les ASDA jaunes seront bloquées jusqu’à résolution du problème. Nous communiquerons sur les modalités pratiques dès la parution de l’IT.
Une situation creusoise favorable avec 97 % de cheptels « indemne d’IBR »…
Au 31/08/2022, sur 2 349 cheptels détenant des bovins, 2 278 avaient un statut « indemne d’IBR » dont 2 145 avec le statut « indemne d’IBR allégement ». Avec 97 % de cheptels indemnes, notre département confirme donc sa situation très favorable vis à vis de l’IBR. En France, cela facilite les circuits commerciaux entre éleveurs puisque des dérogations au contrôle IBR à l’introduction sont alors possibles, si les bovins sont issus de troupeaux indemnes d’IBR avec un transport maîtrisé. 7 680 bovins en ont bénéficié sur la campagne, soit 67 % des animaux introduits en élevage. Rappelons que la dérogation ne concerne que l’IBR et qu’il est nécessaire de rester vigilant vis à vis d’autres maladies (BVD, paratuberculose, néosporose, besnoitiose…) avec une prise en charge de 50 % des frais d’analyses pertinentes dans le cadre du billet de garantie conventionnelle. À l’export, la reconnaissance du programme d’éradication français permet de profiter de dispositions favorables. Nous avons eu une alerte récente, l’Algérie imposant le statut « indemne d’IBR » de tous les animaux importés, y compris pour la boucherie.
… et très peu de cheptels détenant des animaux infectés
Il ne reste plus que 9 cheptels détenant des animaux positifs IBR en Creuse. Nous avons observé deux contaminations de cheptel indemne, preuve que la vigilance doit rester de mise lors des mouvements. Et dans 20 % des élevages avec des positifs connus, nous avons enregistré l’apparition de nouveaux animaux contaminés. Cela vient rappeler que la vaccination est un outil intéressant mais la seule solution fiable à long terme est la réforme de tous les animaux positifs d’un cheptel.
L’IBR, une composante incontournable de notre mission « J’apporte des garanties »
En raison de son impact clinique et des exigences commerciales qui en ont découlé, la lutte contre l’IBR s’est structurée collectivement dans les années 1990 avec la mise en place des appellations puis en 2006 avec le dépistage obligatoire et en 2016 avec le premier arrêté ministériel. Avec l’objectif d’éradication fixé à 2026 en France, de nouvelles mesures d’application progressives sont prévues. Ainsi, à partir du 31 décembre 2023, les élevages indemnes d’IBR ne pourront plus introduire d’animaux non indemnes puis ce sera le cas des ateliers dérogataires. À terme, avec l’éradication de l’IBR, c’est une facilitation encore améliorée des circuits commerciaux vis à vis de cette maladie, y compris aux échanges et à l’export. N’hésitez pas à contacter votre vétérinaire sanitaire, la DDETSPP ou GDS Creuse pour tout renseignement complémentaire. La semaine prochaine, nous vous présenterons les modalités pratiques de la prochaine campagne de prophylaxie.