De nouveaux horizons pour la production bovine française
C’est désormais une réalité indéniable : le marché de la viande bovine s’ouvre à au-delà des frontières européennes, offrant un nouveau souffle potentiel à la production française.
Face à la baisse constante des exportations de broutards français vers les marchés européens historiques tels que l’Italie, l’Espagne ou la Grèce, les éleveurs et leurs opérateurs s’interrogent sur les nouveaux débouchés. Il existe des marchés naissants et à fort potentiel dans lesquels les filières française et européenne doivent être présentes, selon les intervenants d’un colloque organisé par Interbev, le 3 octobre à l’occasion du Sommet de l’élevage.
Être attentif et réactif aux marchés émergents
“Le développement de la demande mondiale de viande bovine d’ici dix ans, c’est l’équivalent de la production brésilienne”, a prévenu Philippe Chotteau de l’Institut de l’élevage (Idele). Cette affirmation invite la filière à rester attentive et réactive aux opportunités des marchés émergents. Et ces derniers semblent prometteurs, à commencer par les pays du bassin méditerranéen et du Proche-Orient, situés à nos portes et dont les marchés en vif sont aujourd’hui très peu fournis par l’Union européenne. L’évolution du niveau de vie, les changements de consommation et l’accompagnement de l’agriculture par certains gouvernements font naître des opportunités à l’export. “C’est le cas de l’Algérie qui a entrepris de soutenir le développement de son agriculture depuis 2012”, explique Francis Jacquier, directeur général de Sofrana (Société bétail et viande export-import). Ainsi, le gouvernement algérien met en place des plans d’investissement, propose des aides à la création d’élevages laitiers et incite la consommation de viande bovine. “Nous avons donc l’espoir d’être parmi les fournisseurs”, souligne le représentant de Sofrana. Même chose au Maroc où les structures d’élevage de grande capacité (4 000 têtes) et les abattoirs privés se développent. “La Turquie, la Libye, le Liban et la Tunisie sont également des marchés aux potentiels importants en engraissement et en animaux finis pour lesquels nous devons être attentifs, présents et réactifs”, relève Francis Jacquier.
Travailler le vrai potentiel de consommation
Mais les éleveurs et leurs opérateurs sont-ils capables d’accéder à ces nouveaux débouchés ? Tout n’est pas gagné en la matière ! La concurrence est rude sur certains marchés, “avec des prix inférieurs et une compétitivité plus accrue” de la part des prétendants. Et les obstacles sont parfois tenaces dans les pays tiers, qu’ils soient politiques, religieux (abattages rituels) ou sanitaires (Russie). “Les échanges avec ces nouveaux États sont très instables car il n’y a aucune régularité sur les volumes. Ils varient chaque mois en fonction des demandes d’importations formulées par les pays tiers”, explique Philippe Chotteau. Le chercheur insiste donc sur l’intérêt de la France à maintenir, voire augmenter, ses capacités de production pour exploiter le réel potentiel de consommation des pays du pourtour méditerranéen et au-delà et, d’autre part, compenser l’érosion du marché italien des broutards, “même si la France restera le fournisseur quasi-exclusif de broutards en Italie”. Pour expliquer l’érosion de ce marché traditionnel transalpin et du “surprix” du JB franco-italien, le représentant de l’Idele fait état d’une crise multifactorielle subie par l’engraissement italien. “La baisse de la consommation de viande bovine, des prix de vente qui ne compensent plus la hausse des charges, une pression foncière dans la plaine du Pô, des contraintes environnementales ainsi que l’installation de 1 000 unités de méthanisation dans les exploitations italiennes venant concurrencer l’engraissement, sont autant d’évènements qui impactent les ateliers d’engraissement, les échanges franco- italiens et provoquent une restructuration de la filière, surtout à l’aval.” La consolidation des marchés européens et la pénétration de nouveaux débouchés supposent donc surtout d’être en capacité de répondre aux attentes à travers la mise en place d’une filière viande bovine offensive capable de conquérir les marchés.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
Droits de reproduction et de diffusion réservés.