FCO
De la prévention à la vaccination, les éleveurs veulent être soutenus
Pour faire le point sur la FCO, la DGAL a programmé trois réunions régionales (*). La première s’est tenue la semaine dernière à Clermont-Ferrand. L’occasion pour les éleveurs du berceau des races à viande d’évoquer la problématique des surcoûts.


Les premiers froids de novembre ont probablement freiné leur prolifération. Cependant, même si on peut espérer qu'un hiver rigoureux mette un coup d'arrêt à la propagation de la maladie, le parasite qui véhicule la FCO semble être coriace.
Le problème avec la FCO, c'est qu'elle comprend pas moins de 24 formes différentes générées par 24 sérotypes distincts.
Arrivé par le Nord, le sérotype 8 est celui qui affecte actuellement une partie du bassin allaitant. Pour le Sud-Ouest, il s'agit du sérotype 1 et pour la frange méditerranéenne, ce sont les sérotypes 2 et 4 qui semblent être en cause. La diversité du virus fait que la vaccination contre un stérotype ne protège pas contre les autres.
Stratégie vaccinale
A priori, un vaccin pour le sérotype 1 devrait être disponible d'ici janvier-février. Pour le stérotype 8, un appel d'offres européen a été lancé. Deux laboratoires travaillent actuellement sur la mise au point d'un vaccin dont la mise en marché est annoncée pour mi 2008. Les quantités étaient stipulées dans l'appel d'offres : 27 millions de doses pour les bovins et 6,7 millions de doses pour les ovins. «On couvre globalement le cheptel français», a estimé Roger Serres, président de la FRGDS. Sauf que la France n'est pas le seul pays européen concerné par la maladie, l'Allemagne et les Pays-Bas sont particulièrement touchés, et que même si le vaccin sera commercialisé, il ne sera pas d'emblée disponible dans ces proportions. Il va donc falloir mettre en place une stratégie vaccinale, avec à la clé des choix déterminants à faire :
«Soit on va vacciner pour empêcher la propagation de la FCO en zone indemne, soit on va choisir de vacciner pour limiter la maladie en zone infectée», a expliqué Christophe Ayral, en précisant que la stratégie vaccinale serait du ressort de l'AFSSA.
En attendant la commercialisation du vaccin, de nombreuses interrogations subsistent, notamment quant à l'efficacité de la désinsectisation. «Nous n'avons pas de chiffres précis sur l'impact de cette désinsectisation sur le recul de la maladie. Mais pour le moment, c'est le protocole en vigueur», a estimé le directeur du GDS du Puy-de-Dôme.
Prise en charge des surcoûts
Les outils de maîtrise de la FCO, que sont la désinsectisation, les sérologies et les virologies représentent un coût important pour les éleveurs. A cela, il faut ajouter les coûts indirects tels que la perte des animaux, la stérilité, les baisses de performance...
La fièvre catarrhale ovine engendrerait, selon les experts, un taux de mortalité de 20 % chez les ovins et de 1 % chez les bovins. Financièrement, les pertes pour 2008 sont estimées à 10 millions d'euros. De la prévention jusqu'à la vaccination, les éleveurs souhaitent que les surcoûts soient pris en charge. «Tout ne va pas pouvoir se faire sur fonds propres», a souligné Claude Font, président de l'association régionale ovine d'Auvergne.
Pour 2008, la caisse de solidarité nationale animale va être réactivée pour aider aux soins des animaux malades. Dans ce cadre, 45 E seront octroyés par bovins malades dans la limite de 20 à 30 % d'animaux malades et 7 E par ovins malades.
Sophie Giraud
(*) Les deux autres réunions régionales se dérouleront le 11 décembre, à Vatry dans la Marne et à Rennes en Ile-et-Villaine.
Comment ça se passe avec l'Italie ?
La problématique immédiate liée à la FCO a été celle de la commercialisation des broutards avec l'Italie. Depuis le début du mois de novembre, si les exportations ont repris à un rythme soutenu, la problématique sanitaire demeure. L'Italie a certes besoin de faire rentrer des animaux maigres pour répondre aux demandes du marché, mais les engraisseurs italiens prennent des précautions. «Chez eux aussi, il y a des enjeux sanitaires. Ils ne veulent pas contaminer leur troupeau laitier. Derrière la production laitière, il y a en effet toute l'économie valorisante du parmesan», a expliqué Bruno Chaput, président de l'EDE du Puy-de-Dôme.
La fièvre catarrhale ovine continue sa progression, y compris dans le Puy de Dôme où un troisième foyer a été révélé le 28 novembre dernier dans le cadre d'un dépistage sérologique de routine(1). Le périmètre interdit s'est donc agrandi (2), et l'ensemble du département demeure sous l'influence du dispositif de conduite sanitaire imposé aux zones réglementées. De fait, pour la vente des broutards et pour les sorties de la zone réglementée vers la zone indemne de FCO, il y a toujours l'obligation de désinsectisation des animaux et des bâtiments, suivie d'une prise de sang 28 jours avant le départ pour une sérologie, 14 jours pour une virologie (tolérance pour la mise en pâture à moins de 5 km et pour les veaux de lait). Le désengorgement commercial se poursuit ; en date du 3 décembre il restait 19 200 broutards à commercialiser et près de 11 000 veaux femelles de race allaitante. Une grande majorité d'entre eux étant située dans le nord du département.
(1)- La localisation de ce cas implique une extension de la zone réglementée, périmètre interdit inclus, dans le Cantal, le Lot, l'Aveyron, la Lozère, le Tarn et Garonne, la Dordogne et le Lot et Garonne.
(2)- Les cantons du périmètre interdit sont les suivants : Aigueperse, Clermont-Ferrand, Combronde, Ennezat, Gerzat, Manzat, Maringues, Menat, Pont du Château, Pontgibaud, Randan, Riom, Riom est et ouest, Royat, St Gervais d'Auvergne, Billom, St Dier, Vertaizon, Vic le Comte, Cournon, Aubière, Beaumont, Champeix, Issoire, Montaigut, Pionsat, Rochefort Montagne,
St Amant Tallende, Veyre Monton et l'arrondissement de Thiers
Les éleveurs attendent cohérence et soutien
Les éleveurs du Sud de la France rappellent qu'ils sont les victimes de la fièvre catarrhale ovine et qu'ils attendent plusieurs choses des responsables politiques.
"Nous attendons une grande cohérence des politiques sanitaires et des messages, tant au niveau français qu'européen. Cette cohérence doit être organisée au sein des administrations mais aussi entre l'administration et les instances professionnelles" expliquent-ils.
Les éleveurs attendent avec impatience le vaccin et demandent que la recherche soit accélérée pour trouver la protection sur les différents sérotypes qui permettra de protéger les troupeaux et les exploitations.
Ils interpellent l'Europe, l'Etat et les collectivités locales afin "qu'ils prennent en charge les frais de vaccination des animaux sur la durée. Dans un souci d'économie et d'efficacité, nous demandons que les éleveurs puissent pratiquer la vaccination par eux mêmes" précise le communiqué.
"Les conséquences de la maladie, avortement, mortalité, baisse de production devront pouvoir être compensées pour les éleveurs, ainsi que le matériel spécifique nécessaire".