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Crise agricole : FDSEA et JA lancent un projet de développement à la carte

Yannick Fialip fait le point sur la situation tendue que vit aujourd’hui le monde agricole et ouvre sur un projet de développement agricole.

Yannick Fialip : «C’est en faisant un retour en arrière à travers les 70 ans de la FDSEA, qu’on s’est aperçu que la Haute-Loire a
traversé d’autres périodes difficiles mais qu’elle a toujours su rebondir à travers des projets».
Yannick Fialip : «C’est en faisant un retour en arrière à travers les 70 ans de la FDSEA, qu’on s’est aperçu que la Haute-Loire a
traversé d’autres périodes difficiles mais qu’elle a toujours su rebondir à travers des projets».
© HLP

Le président Hollande a été bousculé lors de sa visite au Salon de l’Agriculture, samedi dernier à Paris. Qu’en pensez-vous ?

Yannick Fialip, président de la FDSEA : «Le salon de l’Agriculture c’est un rendez-vous pour le monde agricole et c’est, entre autres, l’occasion de faire partager les difficultés de notre milieu et ce jusque dans les plus hautes sphères. François Hollande devait entendre les revendications des agriculteurs. Il n’a pas assez travaillé sur les dossiers cruciaux pour aider à sortir de la crise dans laquelle nous sommes, à savoir l’embargo russe ou encore la gestion de cette crise au plan européen. Nous considérons qu’il n’a pas encore pris la réelle dimension de nos difficultés. Au SIA, nous avons voulu faire prendre conscience au Président de la République de l’ampleur et de la profondeur de la crise et notamment pour les éleveurs qui ne s’y retrouvent plus aujourd’hui, qui voient le fossé se creuser entre temps de travail et rémunération du métier».


Qu’attendez-vous concrètement du Président de la République ?

Y.F. : «Il doit aller voir le Président russe et faire lever l’embargo ce qui aurait un effet immédiat sur les marchés. Et au niveau européen, il doit faire pression pour remettre de la régulation sur les marchés. Cela fait plus d’un an que le syndicalisme porte ce message et on n’a rien vu changer. La voix de la France doit être entendue par l’Europe, au même titre que celle de la Grande Bretagne qui menace de quitter l’Europe… On a l’impression que la voix de Cameron a plus de poids. Attention, il ne faut pas mettre les différentes agricultures européennes en compétition, mais il est urgent d’agir sur les marchés pour ramener du prix sur nos produits. Phil Hogan est venu à Paris la semaine dernière, il semble que la Commission européenne commence à bouger…».


Et en France ? Une première avancée auprès des GMS a été actée la semaine dernière. Où en est-on aujourd’hui ?

Y.F. : «C’est vrai, après nos actions ces dernières semaines, plusieurs grandes enseignes de la distribution se sont engagées à ne pas baisser leurs prix d’achat. Maintenant reste à convaincre les industriels de répercuter ces engagements sur le prix payé aux producteurs. Dans les semaines à venir, on va faire pression sur les industriels. On a fait le job auprès de la Grande distribution ; il faut maintenant que la filière amont suive. Certaines PME se sont déjà engagées à valoriser ce retour des GMS et annoncent des prix du lait autour de 310, 315 € les 1000 litres sur l’année».


Concrètement, en Haute-Loire quelles actions prévoyez-vous ?

Y.F. : «Dès cette fin de semaine, nous envisageons une action contre le groupe Savencia qui méprise ses producteurs, en leur envoyant un courrier dans lequel ils sont considérés comme de simples fournisseurs de matière première, alors que l’entreprise fabrique le St Agur un des fromages les plus chers du marché… Notre plan d’actions est en cours de réflexion…Par ailleurs, nous avons aussi écrit à nos Parlementaires. Le gouvernement s’est engagé à modifier la Loi de Modernisation de l’Économie pour, notamment, que les distributeurs et les industriels prennent mieux en compte les coûts de production des produits… Nous demandons donc aux parlementaires, même s’ils sont dans l’opposition, de signer cette nouvelle loi».


Un mot sur le Plan d’Urgence ?

Y.F. : «Ce Plan d’urgence est une opportunité pour aider les agriculteurs, les éleveurs, à passer un cap. En Haute-Loire, on a su réagir et on est actuellement le premier département auvergnat en terme de consommation de l’enveloppe du FAC (Fonds d’Allègement des Charges). Et je souligne que c’est en partie grâce à la bonne coopération entre les OPA, dans l’élaboration des dossiers ; certains sont déjà payés.Sur début 2016, j’insisterai sur 2 mesures importantes. J’incite les agriculteurs à solliciter leur banque pour une année blanche, soit le report d’une partie des annuités en fin de tableau, une véritable bouffée d’oxygène pour les trésoreries. De même la baisse de 25 % des cotisations sociales est une aide importante, qui peut représenter entre 1 000 et 2 000 € de charges en moins sur une exploitation. À cela peut s’ajouter pour les plus faibles revenus un report fin 2016, ou en 2017 avec étalement sur 3 ans. Rapprochez-vous de la MSA pour en savoir plus. Là encore, le syndicalisme a fait le job en allant chercher les enveloppes ; on ne comprendrait pas que ces organismes, banques et MSA, ne soient pas au rendez-vous.

Tournés vers l’avenir, la FDSEA et les JA de Haute-Loire préparent un projet de développement agricole. Quel en est l’objectif et que prévoit-il ?

Y.F. : «En cette période de crise, le syndicalisme, FDSEA et JA, a essayé de réfléchir pour redonner du dynamisme aux agriculteurs. C’est en faisant un retour en arrière à travers les 70 ans de la FDSEA, qu’on s’est aperçu que la Haute-Loire a traversé d’autres périodes difficiles mais qu’elle a toujours su rebondir à travers des projets.Nous travaillons donc sur un nouveau projet qui permettra d’inscrire chaque exploitation dans un dispositif en 2 temps : d’abord un diagnostic précis de la situation avec les points forts et les points faibles de l’exploitation, puis l’élaboration de pistes d’évolution pour augmenter les performances technique et économique (qualité, bio, diversification, augmentation des volumes, diminution de charges…). Ce projet propose un accompagnement à la carte de chaque exploitation. Pour cela, nous (FDSEA et JA) nous rapprochons des différentes OPA avec lesquelles, nous avons déjà commencé à travailler, puis des filières. Nous allons également voir nos collègues de la région, car si la Haute-Loire est pionnière dans cette réflexion, elle peut s’adapter à tous les départements. Enfin pour financer ce projet, nous souhaitons être accompagnés par la nouvelle grande Région.Il concernera tous les agriculteurs qui voudront bien adhérer à cette dynamique et en particulier à tous ceux qui rencontrent des difficultés sur leur exploitation. Aujourd’hui, cette crise cache un réel risque de cassure avec des gens qui vont quitter le métier. FDSEA et JA, nous voulons réagir et proposer des solutions. Ce projet sera mis en place dès 2016/2017. Plutôt novateur dans son approche individualisée, il a pour finalité de permettre à chacun de gagner en performances, en revenu et en conditions de travail».

Propos recueillis par Suzanne Marion

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