Conseil général : exercice budgétaire 2015 délicat
Malgré une baisse de dotations de 3,6 millions d'euros, le Conseil général devrait parvenir à équilibrer son budget l’an prochain tout en continuant d’investir.
Le président de l’Assemblée départementale l’a dit et redit vendredi lors du débat d’orientations budgétaires : en 2015, malgré une réduction de 3,6 millions d’euros des dotations d’État allouées au Département, “on sait encore faire” (…), “mais chaque année on repousse les limites de l’impossible”. Une gageure à l’heure où, selon les prospectives de l’ADF (Association des départements de France), les 30 Départements les plus fragiles en 2013 - dont certains qu’on aurait crû en meilleure santé comme l’Oise, la Seine-et-Marne - vont se retrouver à l’horizon 2017 avec une épargne nette négative, c’est à dire dans l’incapacité d’investir. Dans le Cantal, on n’en est pas là mais Vincent Descœur n’a pas caché que sans une inflexion de la politique gouvernementale, la contribution du Conseil général au redressement du défit public se paiera cash pour l’économie cantalienne, dont le Département est l’un des principaux donneurs d’ordre.
Encore 29 millions d’investissement
En attendant, l’équilibre budgétaire pour 2015 sera atteint au prix d’efforts de gestion conséquents, du fait de ressources globales amputées de deux millions d’euros : le budget de fonctionnement est en repli de 1 % avec la poursuite du non remplacement de 20 départs en retraite (60 au total entre 2014 et 2016). Parallèlement, le Conseil général a continué à réduire son endettement avec un recours à l’emprunt contenu à 12 millions d'euros pour un encours réduit au 1er janvier à 170,7 millions et une durée moyenne de l’encours à 7,6 années, “dans la moyenne des Départements” de la même strate. Grâce à cette rigueur, Vincent Descœur a annoncé un programme d’investissements doté d’un peu plus de 29 millions et qui devrait permettre de concrétiser plusieurs chantiers phares : l’aménagement de la RD 120, la réhabilitation de l’école départementale d’équitation, une nouvelle remontée mécanique au Lioran, les travaux du campus universitaire d’Aurillac ou encore la construction du nouveau centre de secours d’Aurillac, dont la collectivité assurera la charge d’emprunt. “Si nous pouvons encore proposer un programme d’investissements digne de ce nom, c’est parce que nous avons anticipé ces choix et trouvé des solutions innovantes”, a affiché le président, tout en précisant qu’il n’y aurait pas de recours à une augmentation d’impôt pour faire face à ces difficultés et que le soutien aux collectivités locales serait préservé. Des difficultés qui, pour Charly Delamaide, ne datent pas d’hier : “Nous avons vécu au-dessus de nos moyens entre 2009 et 2010, si bien qu’en 2010 nous étions le département le plus endetté de France. La convention signée avec l’État autour de 27 engagements pour améliorer la situation du Département a porté ses fruits”, a reconnu le conseiller général socialiste d’Aurillac 3. Ce dernier a cependant proposé, face aux incertitudes sur les compétences et les moyens des Départements, de laisser à la future majorité (élue en mars) la responsabilité d’élaborer ses orientations budgétaires. Ce à quoi Bruno Faure (Salers, majorité départementale) a rétorqué qu’à l’époque “on vous (Vincent Descœur) accusait de mettre le Département en faillite, en banqueroute. Finalement, on annonce 29 millions d’investissements pour 2015...” Voilà pour le côté pile, côté face, les perspectives sont som- bres, et pour l’élu “les prochains licenciements pourraient vite concerner les entreprises du BTP locales”.
2016, année horribilis ?
Inquiétudes partagées par Josiane Costes (Aurillac 1, GRD) qui a jugé intenable l’effort demandé aux Départements notamment par les restes à charge liés aux allocations individuelles de solidarité. “Il est urgent que des règles claires, pérennes, lisibles, soient mises en place et prennent en compte l’hyper-ruralité”, a-t-elle plaidé, appelant par ailleurs à réduire dès l’an prochain les aides à l’agriculture “très morcelées” et à certaines manifestations dont les retombées ne sont pas évidentes”. Fidèle à ses positions, François Vermande (Maurs) a estimé indispensable de cerner les dépenses autour de priorités : “l’investissement productif et l’attractivité du département (les routes, les collèges,...)”. Si tous ont affiché un nécessaire recentrage des interventions de la collectivité, parfois le message a été plus ambivalent, Gérard Salat (Saint- Flour 2, PS) regrettant une baisse de subventions au CAUE, Florence Marty (Aurillac 2, PS) de ne pas connaître le sort réservé aux contrats de ville, à l’agence départementale d’aide aux collectivités (Adac)...“ Si en 2016, ce qui nous est promis se concrétise, le débat sur l’Adac, le CAUE... sera derrière nous. On est à des années-lumière de ce qui nous attend, 2016 pourrait bien être une année horribilis”, a prédit Vincent Descœur.
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