Communiquer pour ne pas subir
Les 4es rencontres Made In Viande ont eu lieu du 31 mai au 6 juin 2018 dans toute la France. En Nouvelle-Aquitaine, 189 sites ont ouvert leurs portes à un public venu avec de nombreuses questions sur l’élevage et ses pratiques.
Depuis quatre ans, la filière élevage et viande s’efforce de mieux communiquer sur ses pratiques au travers de l’opération Made in viande. Éleveurs, marchés aux bestiaux, centres de tri, abattoirs, boucheries, transformateurs, grandes surfaces tous les acteurs ont répondu présents. Au fil des ans, l’opération prend de l’ampleur et le nombre de visiteurs augmente. Fait notable cette année, les scolaires ont été nombreux à participer à l’opération, près de 2 000 au total. Réunis à Tulle pour une conférence de presse, les participants ont rappelé les enjeux de parler de leurs métiers. « Aujourd’hui, la consommation de viande chute de 3 % par an environ, rappelle en préambule Xavier Nicolle, délégué régional Interbev Nouvelle-Aquitaine. Made in Viande est une opération de communication sur nos métiers pour améliorer notre image. »
S’ouvrir au public pour ne pas subir
Malmenée par les attaques récurrentes des associations antispécistes, la filière prend de plus en plus sa communication en main. « En tant qu’éleveurs, cela nous fait très mal d’être accusés ainsi, confie Gilbert Delmond, éleveur en Corrèze. Si nos animaux étaient stressés, ils ne profiteraient pas. » Fréquemment au centre des polémiques, les abattoirs comme les marchés aux bestiaux ouvrent aussi leurs portes pour battre en brèche les idées reçues contre la maltraitance animale. « La profession n’était pas habituée à ces attaques, cela l’a prise au dépourvu, confie Pascal Hermand, directeur de l’abattoir de Brive et de la SAS Viandes de Corrèze. Pourtant, nous travaillons depuis plus de 10 ans pour améliorer la prise en charge des animaux. Nous n’avons pas attendu d’être poussés par les médias pour travailler ! ». Si les participants sont choqués par les attaques dont ils sont victimes, ils appellent au dialogue et au respect mutuel, rappelant au passage que la filière travaille depuis longtemps avec des associations telles que WWF ou Wellfarm. Ils s’accordent aussi sur un point : si le nombre d’éleveurs poursuit sa chute, quid de l’entretien des paysages et de la production de viande ? « Nous devrons manger de la viande qui viendra d’autres pays alors que nous produisons en France de la viande de grande qualité », se désolent-ils.
L’équilibre alimentaire en question
La question de la consommation de viande prétendument trop élevée en France interpelle la filière mais aussi les professionnels de santé. « Il n’existe pas d’équivalence réelle à la viande au niveau nutritionnel, souligne Nicole Soulenq, diététicienne. Si l’on veut remplacer la viande dans son alimentation, il faut être très prudent. Encore plus s’il s’agit d’enfants. Une carence en protéines animales peut occasionner des retards de développement staturo-pondéraux voire mentaux ». Pour mémoire, la consommation hebdomadaire de viande en France est actuellement de 370 g en moyenne, en deçà des 500 g maximum conseillés par l’ANSES.