Comment produire du haricot sec en Limagne ?
L’entreprise Naudet et Fils recherche des hectares irrigués pour la production de haricots secs et sécuriser ses approvisionnements.
La Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme présentait le 23 octobre dernier, une potentielle culture à mettre en place dans le département. L’entreprise Naudet et Fils développe une filière française de production de légumes secs. Elle recherche à ce titre près de 1 000 ha en Limagne pour s’approvisionner en haricots secs rou-ges et blancs et sécuriser sa pro- duction. « C’est une opportunité qui se présente à nous. Il y a certes des solutions et une nouvelle organisation à trouver mais nous nous devions de la présenter aux agri- culteurs. Ce n’est pas idiot de produire du haricot en Limagne puisqu’il y a déjà une production de haricots de semences depuis 30 ans avec Limagrain » explique Bertrand Nicolas, élu à la Chambre d’agriculture.
Itinéraire technique
Le haricot s’implante obligatoirement dans des parcelles irriguées au sol non hydromorphe. Il se sème aux alentours de la mi-mai dans des sols réchauffés à la température minimale de 12°C. « L’objectif est d’avoir une levée rapide et homogène pour faciliter la gestion des adventices » précise Frédéric Moigny, conseiller à la Chambre d’agriculture. L’écartement des rangs est compris entre 45 et 60 cm et la densité de semis s’élève à 230 000 grains/ha. Les semences sont importées directement des États-Unis et vendues aux producteurs au coût de 340€/ha. « L’homologation des semences pour le Bio ne pose à priori pas de problème. »
La gestion des adventices est en revanche très stricte notamment concernant la culture de haricot blanc puisque l’entreprise exige aucune présence de morelle qui tâche les grains ni de datura extrêmement toxique.
Les apports d’azote sont à limiter et à réaliser après l’obtention de reliquats sortis hiver. Concernant, la protection des maladies et des ravageurs, l’entreprise « Naudet et Fils ne donne aucune prérogative ». La culture n’est cependant pas épargnée. Les agriculteurs peuvent être amenés à observer du Sclérotinia. « Le développement de la maladie est limité par le rallongement des rotations minimum 5 ans. Il faut également éviter les précédents tournesol et colza. » Les producteurs doivent surtout craindre dans cette culture la Graisse, une maladie provoquant des tâches brunes sur les haricots les rendant invendables. « C’est très rare si la semence est de qualité. » Du côté des ravageurs, la mouche du semis, les pucerons et la pyrale du maïs sont à craindre.
Une récolte complexe
Les haricots se récoltent entre fin août et début septembre à un taux d’humidité de 16 à 18%. Les travaux s’effectuent en deux temps avec d’abord un arrachage des pieds et un battage. « Il faut des « colombos », des machines spéciales qui permettent de battre le grain sans le fendre. Deux sont présentes sur le département mais elles sont saturées. L’investissement pour un tel outil s’élève à environ 130 000€ » précise Frédéric Moigny. Le coût à la récolte est estimé à environ 450€/ha. Les objectifs de rendements se situent aux alentours de 27 quintaux/ha en haricots rouges et blancs conventionnels et à 10 quintaux/ha en Bio.
Une fois récoltés, les haricots sont stockés à plat à la ferme avant le transport par camion jusqu’à l’usine de l’entreprise dans l’Indre. « L’agriculteur doit gérer le transport. » Concernant les prix de vente, ils étaient garantis en 2019 à 990€/t pour le haricot rouge et 830€/t pour le haricot blanc. Les haricots biologiques étaient vendus 2 800€/t. La production est contractualisée auprès de Naudet et Fils sur un contrat annuel ou d’une durée de cinq ans. L’entreprise assure l’accompagnement technique.
Infos plus
Pour plus d’informations contactez la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme : 06.30.00.26.94.