Climat : Cop 21, un accord révisable à la hausse mais non contraignant
La réduction des émissions de gaz à effet de serre pourrait devenir plus contraignante mais... non obligatoire. Explications après la signature du 12 décembre.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour maintenir le seuil d’augmentation de la température au dessous de 2°C, voire si possible de 1,5° par rapport à l'ère préindustrielle... voilà l'engagement principal décidé dans l'euphorie de la négociation internationale de Paris. Le cap à franchir est très ambitieux et c'est sans doute pour cela qu'il n'implique pas d'obligation ni de sanction s'il n'est pas atteint. Mais d'ores et déjà la France s'est positionnée à la pointe du combat. Le président français a promis, dans la foulée de la conclusion de l'accord de Paris sur le climat, de réviser les engagements de la France en ma-tière de réduction des GES avant son entrée en vigueur en 2020.Une démarche logiqueL'engagement planétaire est plus ambitieux que tous ceux qui ont été annoncés jusqu'à présent et qui ne conduiraient qu'à contenir le réchauffement de la planète entre 2,7 et 3 ° C. La France, pour sa part, avait inscrit l'objectif d'une réduction des GES de 75 % entre 1990 et 2050. Ce qui signifiait, pour l'agriculture, une réduction de 12 % de ses GES à l'horizon 2028. Le secteur est rela- tivement épargné par rapport à d'autres domaines comme l'industrie. Cependant, limiter le réchauffement climatique à + 1,5° C implique un effort renforcé de la France et de son secteur agricole, tout comme les autres secteurs.
Aller vite
François Hollande veut aller vite. «Dès demain, je ferai la proposition que les pays qui veulent aller plus vite puissent réactualiser avant 2020 tous leurs engagements», a-t-il indiqué, alors que la date de première révision des engagements nationaux des 195 pays de la convention des Nations unies sur le climat a été un des sujets les plus débattus de la COP 21. Il s'est également engagé à revoir à la hausse la contribution financière de la France destinée aux pays du Sud pour les aider à atteindre les objectifs de réduction des GES. L'objectif est de faire en sorte que les pays occidentaux affectent plus de 100 milliards de dollars à un fonds qui aide les pays en développement à développer des activités qui ne contribuent pas au réchauffement climatique.La dimension agricole n'est pas sous-estimée par le gouvernement. Estimant que l'agriculture est à la fois « victime et solution» pour le dérèglement climatique, Manuel Valls a désigné, dès le 12 décembre, trois chantiers sur lesquels il compte avancer : stimuler la recherche-développement pour mettre au point des solutions, accroître le stockage du carbone dans le sol par l'élevage à l'herbe, enfin, tendre vers l'autonomie fourragère par une moindre dépendance au soja importé des Amériques, dont la production participe à la déforestation. À ce propos, le Premier ministre a appelé à un «plan protéines plus global» que celui qui existe actuellement. «Notre tâche, aujourd'hui, et pour les années à venir, c'est de permettre à l'agriculture de continuer à produire tout en continuant à réduire son empreinte carbone», a-t-il synthétisé.
Pas d'adhésion des agriculteurs sans davantage de soutiens publics
Produire 70 % de plus en 2050 tout en apportant des solutions au défi climatique, d'accord, mais il n'y aura pas d'adhésion des agriculteurs sans davantage de soutien des pouvoirs publics. Tel est le socle commun qui a rassemblé nombre d'intervenants à cette conférence, de pays aussi éloignés géographiquement et économiquement que le Royaume-Uni et le Malawi. L'impératif de produire plus et en même temps de contribuer à la réduction des émissions nécessitera de la formation et de la recherche, donc des budgets.À cela s'ajoute une contrainte, celle de produire de façon compétitive. «Les agriculteurs peuvent relever ce défi (des aléas climatiques et des besoins alimentaires croissants)», et les biotechnologies « sont un levier important » face au défi, a déclaré Meurig Raymond, président de la NFU, le syndicat des agriculteurs britanniques. Mais «une reconnaissance des pouvoirs publics est nécessaire».
Agra Presse