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Circuits courts : pas très rationnel, mais ce n’est pas grave !

Les circuits courts, en agriculture, c’est un modèle qui progresse de façon importante depuis une quinzaine d’années. Mais loin de la carte postale des médias parisiens, sur le terrain, est-ce rentable pour les agriculteurs ?

Jacques Mathé estime qu’on n’est encore qu’aux prémices des circuits courts, même s’il pense qu’ils ne peuvent être qu’une diversification pour la très grande majorité des exploitations.
Jacques Mathé estime qu’on n’est encore qu’aux prémices des circuits courts, même s’il pense qu’ils ne peuvent être qu’une diversification pour la très grande majorité des exploitations.
© Élisabeth Hersand

« Il n’y a pas de risque d’avoir trop d’offres en circuits courts… quoi qu’il arrive, les producteurs engagés dans ce domaine resteront minoritaires », lance Jacques Mathé. Spécialiste de l’économie rurale, ce professeur associé à l’Université de Poitiers se penche depuis des années sur la production agricole et ses débouchés : « Depuis 70 ans, l’agriculture et l’agroalimentaire français étaient sur un chemin industriel, et la tendance des circuits courts requestionne ce modèle ». Une agriculture qui était par ailleurs très homogène dans son mode de production. « Depuis le début des années 2000, il y a plus de diversité dans l’agriculture. On voit de plus en plus d’agriculteurs qui sont dans des débouchés mixtes ». Mais selon lui, cette évolution ne peut se faire qu’à la marge. « Quand on livre un million de litres de lait à sa coopérative, impossible de tout transformer et vendre en direct », dit-il. Notamment parce que la vente directe est gourmande en main-d’œuvre : « Si on rapporte les circuits-courts au nombre d’heures travaillées, économiquement, ce n’est pas rentable. D’ailleurs, ceux qui réussissent bien ont souvent une très bonne efficience, et une énorme organisation. »

L’affaire des élus ?

Même si l’envie du grand public d’aller vers plus de circuits courts a été largement boostée par la crise sanitaire et les confinements, Jacques Mathé estime qu’on n’est encore qu’aux prémices de l’évolution. « Il y a encore assez peu de produits transformés, et d’organisation des différentes filières ». Pour structurer l’offre, il estime que la balle est du côté des collectivités. « Ça a déjà un peu commencé, avec la mise en place des PAT (NDLR, projets alimentaires territoriaux) mais le prix n’est pas toujours au rendez-vous… ». L’économiste estime que les élus doivent créer des outils de transformation, pour que les circuits deviennent de véritables éléments de développement de leur territoire. Des équipements qui commencent d’ailleurs à apparaître.

 

 

Le juste prix…

Pour un agriculteur, trouver le juste prix auquel vendre son fromage de chèvre ou son kilo de farine, c’est loin d’être évident. « Dans le système d’agriculture français, le prix échappe presque tout le temps aux agriculteurs. Ce n’est pas quelque chose qu’ils ont l’habitude de maîtriser. » Une difficulté d’autant plus importante que, selon Jacques Mathé, ce prix doit tenir compte du service et de la qualité du produit. « Il faut vendre le sourire de la crémière. Ne pas le faire, c’est une erreur ! ». Et même s’il faut évidemment que ce prix ne soit pas rédhibitoire, il assure que le degré d’acceptation du prix d’un produit acheté en circuit court est bien plus élevé qu’on le croit. « De façon générale, le prix s’oublie, mais la satisfaction du consommateur reste ».

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