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Ce que le Brexit impliquerait pour l’agriculture française

Peu mobilisée sur l’issue du référendum britannique du 23 juin concernant le maintien ou non de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne (Brexit), l’agriculture française s’interroge néanmoins. La baisse éventuelle de la livre, l’hypothèse de nouveaux droits de douane, la réduction possible de l’offre, la désorganisation du commerce sont sources d’inquiétude.

−	En cas de Brexit, le Royaume-uni devrait se passer du soutien de plus de 3,5 milliards d'euros que lui apporte annuellement la Pac
− En cas de Brexit, le Royaume-uni devrait se passer du soutien de plus de 3,5 milliards d'euros que lui apporte annuellement la Pac
© Open Europe

Enfant terrible de l’Union européenne, ardent défenseur d’un libéralisme dérégulateur, le Royaume-uni est pourtant devenu un horizon et un marché familier pour les agriculteurs français. Certains secteurs de production se font du souci. Demandez aux producteurs de pommes ou de fruits en général. Ou encore, au secteur ovin qui s’était tant battu contre les Britanniques dans leur guerre du mouton. Aujourd’hui, ils se prennent à regretter l’éventuelle absence des Anglais. En fruits et légumes, le Royaume-uni largement déficitaire augmente ses volumes d’importations d’année en année. Il a importé 3,7 millions de tonnes de fruits en 2015, dont 120 000 tonnes de pommes environ à la France. « Un Brexit pourrait avoir des conséquences sur les producteurs de pommes français, estime Daniel Sauvaitre, président de l’association nationale pommes poires (ANPP). Il craint le « premier effet » à savoir la « tempête sur les marchés » qui pourrait découler du départ du Royaume-uni de l’Union européenne. Le président de l’association estime qu’une dévalorisation de la livre sterling, et par conséquent un pouvoir d’achat amoindri du Royaume-uni, pourrait conduire à une baisse des commandes vers la France. « Cela pourrait booster la production nationale britannique », développe-t-il encore. La deuxième crainte de l’ANPP concerne les contraintes administratives supplémentaires qui pourraient résulter d’un Brexit et handicaper les échanges. À partir du moment où « le cordon ombilical » serait coupé, il faudrait mettre en place des accords bilatéraux qui sont aujourd’hui encore bien incertains, selon l’association.
Accords bilatéraux incertains
Cette hypothèse d’accords bilatéraux nouveaux inquiète. « Dans les deux ans qui viennent, rien ne changerait concernant les dispositions intracommunautaires, estime le président de la FNSEA Xavier Beulin. Mais des discussions intenses s’engageraient pour renégocier des accords bilatéraux. À l’issue des deux ans, cela peut être négatif dans les deux sens. » Pour lui, l’agriculture française « regarde le Royaume-uni de manière offensive, car c’est un marché de consommation important ». Avec l’Irlande et les Pays-Bas, la France est le principal partenaire commercial du Royaume-uni pour le secteur de l’alimentation. Selon les données 2015 du Defra (le ministère de l’Agriculture britannique), la France est la deuxième destination pour les exportations d’alimentation humaine et animale du Royaume-uni, avec 2 milliards de livres, après l’Irlande (3 milliards de livres) et devant les États-unis. La France est le troisième fournisseur du Royaume-uni (3,9 milliards de livres) derrière l’Irlande (3,9 milliards de livres) et les Pays-Bas (4,7 milliards de livres). Enfin, l’Hexagone a un solde positif vis-à-vis de la Grande-Bretagne. D’éventuels droits de douane ou dévaluations de la livre pourraient en rendre l’accès plus difficile. Dans le commerce de la viande, « un Brexit bouleverserait la donne », continue Paul Rouch, directeur délégué du syndicat d’industriels, Culture viande, qui s’attend par exemple à la mise en place de barrières douanières. Il associe également cette perspective à « un imbroglio juridique et des conflits à l’OMC ». Le secteur le plus concerné par les échanges entre les deux pays et la viande ovin. La France est la première destination du Royaume-uni pour l’agneau et le mouton, elle représente 54 % des exportations britanniques. « Oui, le Brexit aura un impact », affirme Michèle Boudoin, président de la fédération nationale ovine. Déjà en déficit de production en France, elle craint qu’avec l’absence de l’agneau anglais sur le marché, « la consommation ne chute encore plus ». Certes, les Français verraient un concurrent devenir moins pugnace mais, en première ligne, « l’agneau français risque de devenir très cher. » D’où un risque de désaffection du consommateur. Autre hypothèse, un surcroît de compétitivité britannique si le taux de change de la livre dégringole.

La suite dans le Réveil Lozère, page 3, édition du 23 juin 2016, numéro 1365.

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