Réactions sections régionales
Cap historique pour l’élevage herbager
Le travail de longue haleine mené par le Massif central sur la PAC a porté ses fruits. La réorientation des soutiens vers les productions fragiles est en marche. De quoi donner davantage de légitimité à la PAC.



Voilà plus de deux ans que nous avons entamé dans le Massif central un travail de réflexion sur la PAC. Le travail a débouché sur des propositions contenues dans le « livre blanc de l'agriculture du Massif central». Il s'est accompagné d'une mobilisation de tous les instants, qui a démontré que l'ensemble des agriculteurs du Massif central, quelles que soient leurs productions, soutenaient ces propositions.
Il y a eu les états généraux de la filière ovine pour alerter sur l'urgence qu'il y avait à trouver des solutions concrètes pour ce secteur au bord du gouffre. Il y a eu la rencontre du 17 juin au cours de laquelle dans un amphithéâtre plein comme jamais, nous avons étayé nos demandes d'un soutien économique à l'herbe et d'une relance de la politique des ICHN.
Et puis surtout il y a eu, en point d'orgue, la manifestation historique du 16 septembre à Clermont-Ferrand où nous étions plus de 20.000 à faire part de nos difficultés et de nos espoirs de voir s'opérer une réorientation de la PAC en faveur des plus fragiles.
Les objectifs poursuivis par Michel Barnier dans la négociation européenne conclue le 20 novembre, étaient en tous points similaires à ceux annoncés dans le « livre blanc de l'agriculture du Massif central ». C'est pourquoi dans la « boîte à outils » tous les instruments existaient pour procéder au rééquilibrage que nous appelions de nos vœux.
Le 23 février, Michel Barnier a fait part des choix de la France pour la mise en œuvre de la réorientation des soutiens de la PAC et la manière dont les différents outils seront utilisés.
Des soutiens réorientés :
une PAC légitimée
Les décisions annoncées représentent un cap historique puisqu'une partie des soutiens de la PAC va être réorientée pour soutenir les secteurs les plus fragiles, et notamment le secteur de l'élevage. Ces soutiens seront plus légitimes et plus efficaces, ce qui était une nécessité absolue pour préserver les moyens d'une politique agricole européenne forte après 2013.
Nous avons été entendus sur les principes fondamentaux. La tentation de l'aide unique à l'hectare, indifférenciée, ne tenant pas compte des actifs a été clairement écartée. Pour nous, certaines avancées sont indéniables et viendront apporter une bouffée d'oxygène à un secteur d'élevage en crise profonde.
Il y aura bien un soutien à tous les hectares d'herbe productifs dans le premier pilier de la PAC. Le soutien à l'herbe sera conditionné au maintien d'une activité d'élevage.
Pour la production ovine qui en avait le plus grand besoin on peut dire que « le compte y est ». Le ministre de l'Agriculture a démontré un soutien sans faille à cette filière, mesurant clairement, dès le départ, les injustices dont elle avait été victime depuis de nombreuses années. Aujourd'hui, l'espoir peut légitimement renaître chez les moutonniers.
La nécessité d'un soutien spécifique à la production laitière des zones montagneuses est reconnue, même si l'enveloppe qui lui est consacrée est insuffisante. Les critères d'attribution restent à fixer et nous serons vigilants à ce que le facteur économique et humain avec la prise en compte des actifs soit déterminant dans les choix.
Contractualisation
Il nous faut désormais travailler à conforter nos productions et nos filières en zones difficiles, en particulier par la valorisation des produits et par des relations renouvelées entre transformateurs et producteurs pour préparer la sortie des quotas. Dans ce contexte, les éleveurs n'admettraient pas que les entreprises ne poursuivent qu'un seul objectif, celui d'en profiter pour récupérer des moyens financiers auprès des producteurs. Nous devons donc construire un partenariat contractuel, visant à augmenter la valeur ajoutée de nos produits au profit de toute la filière.
La fragilité du secteur bovin allaitant a été prise en compte avec le maintien du principe du couplage de la PMTVA. Il faut saluer cette orientation. D'une manière générale, quels que soient les systèmes d'exploitation, ceux qui avaient été les « laisser pour compte » de la PAC jusqu'à présent, verront leur sort s'améliorer.
Pour les productions végétales aussi il convient de souligner quelques avancées, avec une aide à la production de protéines végétales. Une dotation significative en faveur d'un système d'assurance récolte et d'un dispositif de solidarité au sein de la filière végétale permettant de prendre en compte les zones intermédiaires à faible potentiel ou les zones qui ont choisi de privilégier les Hommes et les structures d'exploitation plus petites.
Quelques réserves persistent
Cependant, en dépit de toutes ces avancées incontestables nous regrettons le désengagement financier de l'Etat, en particulier sur le financement des mesures du deuxième pilier. Ce désengagement a, à nos yeux, deux conséquences néfastes.
L'effort fait sur la revalorisation des ICHN est très insuffisant puisqu'il consiste, ni plus ni moins, qu'à tenir un engagement fait par le Ministre Hervé Gaymard en 2002 de revalorisation de 50 % des 25 premiers hectares alors qu'il aurait fallu des moyens beaucoup plus conséquents pour redonner de l'efficacité à l'ensemble de la politique des ICHN.
Le désengagement financier de l'Etat ne permet pas de répondre totalement aux objectifs affichés par les Pouvoirs Publics.
Nous attendons désormais du Ministre qu'il corrige le tir sur l'engagement de l'Etat dans le deuxième pilier.
Nous participerons, avec nos structures nationales, aux groupes de travail prévus pour définir les critères d'attribution des soutiens, tels qu'ils sont désormais définis.
Nous serons très attentifs sur l'herbe, l'aide laitière et l'aide ovine notamment.
Forts de cette nouvelle orientation, gage du maintien d'une politique agricole durable, nous entamons dès aujourd'hui un travail de fond pour préparer l'avenir pour nos exploitations et pour nos filières du Massif central.