Cantal conseil élevage : quand le bien-être animal se traduit en résultats technico-économiques
"Donnez du confort à vos vaches, elles vous le rendront bien." La promesse est celle d'Alexandre Batia de Rhône conseil élevage. Il en a fait la démonstration lundi, dans le Cantal.
D es vidéos comme on en voit rarement : des vaches laitières observées dans la stabulation toute la journée et la nuit, grâce au principe du "time-laps" (une photo prise à intervalle régulier depuis le même point de vue). De quoi mettre en évidence ce qu'elles aiment, ce qu'elles redoutent, et surtout leur "cycle de vie". Cette expérience était présentée à Riom-ès-Montagnes par Alexandre Batia, spécialement venu du Rhône pour l'assemblée générale de Cantal conseil élevage.
Parallèlement, les résultats techniques obtenus par les éleveurs en fonction de leurs habitudes étaient comparés. Il est ainsi mis en évidence le rapport quantité et qualité de lait produit avec une forme de "bien-être animal" qui résulte d'une bonne connaissance du comportement des ruminants, de leur mode de digestion, de leur morphologie et de leurs besoins physiologiques. Alexandre Batia a ainsi résumé le cycle de vie de la vache laitière durant les 24 heures que constitue une journée.
Méthode des quatre fois 60
"L'animal doit pouvoir exercer 10 à 12 cycles de deux heures : 1 h 30 de repos et 30 minutes d'ingestion, d'abreuvement et de déplacement." Le premier conseil que donne le spécialiste, c'est l'observation par l'éleveur. Pour l'y aider, il lui livre une formule mnémotechnique facile à retenir : "60 minutes après la distribution, 60 % des vaches doivent être couchées et 60 % d'entre elles doivent ruminer. Une vache qui rumine, c'est 60 coups de mâchoire." Et comme pour l'homme, il vaut mieux de petites quantités régulières que la "gloutonnerie" suite à une période de jeûne trop importante. L'effet yoyo aura pour conséquence d'empêcher de faire remonter leur PH, tuant ainsi des millions de bactéries et protozoaires, le fameux microbiote.
Images à l'appui, il souligne qu'un animal satisfait par la ration, la prend en levant la tête, déglutit sans forcer, "signes d'un bon équilibre pour alimenter le rumen". A contrario, si l'animal donne des coups de nez à droite et à gauche et sort la langue, cela signifie qu'il trie, à la recherche de fibres fines. C'est le cas lorsque le foin ou la paille ne sont pas assez coupés. Alexandre Batia en souligne les méfaits pour la santé animale : "Quand une vache trie, elle pousse sur ses membres. À force, les pattes arrières se retrouvent légèrement ouvertes, en canard."
Les tuyaux pour faire du lait
Or, la santé des pieds est très importante, insiste-t-il en rappelant un
chiffre : "Une boîterie, c'est jusqu'à 450 litres de lait en moins." Alors, il est très vigilant aussi aux lésions, occasionnées lorsque l'animal se couche, mettant en évidence le lien avec le "confort au sol". L'expert conseille la paille en abondance (ou à défaut un super matelas avec si possible encore un peu de paille dessus), et aussi de l'aisance (les autre pattes dans la logette). À la fois pour satisfaire le bien-être animal, mais aussi optimiser le temps de couchage. Là encore, la production de lait en dépend, la pression sanguine jusqu'à la mamelle s'exerçant différemment. Mais avant de s'installer, l'animal observe son environnement, puis se laisse tomber sur les genoux, avant l'arrière. "Elle a de la mémoire. Si elle se fait mal, le prochain coup, elle restera debout." Si au contraire elle se plaît dans cette logette, ce sera du temps gagné sur son cycle de vie, car elle s'y installera facilement et rapidement. D'où l'ultime conseil donné : une place par vache, au cornadis comme en logettes. Jamais moins.
Enfin, comme une évidence, Alexandre Batia rappelle que "pour faire du lait, il faut de l'eau" et donc un accès aisé à une eau abondante et de bonne qualité. Une vache c'est 150 litres consommés par jour, avec un débit de 10 à 15 litres par minute. Les conseillers agricoles martèlent qu'il faut un point d'eau pour 15 vaches, mais la consigne est encore rarement tenue... La température aussi a son importance. L'eau "idéale" est à 15°C. "À 4 ou 5°C, c'est trop froid. Au dessus de 17°C, apparaissent les premières bactéries." En brandissant une bouteille d'eau sale, l'intervenant souligne que seulement 2,5 g de bouse souille un bon tiers des 1,5 litre de la bouteille...
En conclusion, "ce sont les détails, l'observation et la réactivité qui font la réussite, estime Alexandre Batia. Donnez du confort à vos vaches, elles vous le rendront bien".