PÂTURAGE
Bovins et ovins «patte dans la patte» contre l'embroussaillement
L'estive mixte permet de valoriser de manière optimale la ressource herbagère et de réduire l'enfrichement des parcelles.
L'estive mixte permet de valoriser de manière optimale la ressource herbagère et de réduire l'enfrichement des parcelles.
La saison de l'estive bat son plein. Les troupeaux en villégiature en altitude profitent d'une herbe encore fraîche malgré un été d'ores et déjà lourdement entamé. Leur présence permet par la même occasion d'entretenir les paysages et de réduire l'expansion de l'embroussaillement. À 1 390 mètres d'altitude, dans le Livradois-Forez, l'estive collective du Col du Béal et du Merle peut compter sur la présence de deux troupeaux bovins et ovins. Deux systèmes différents, séparés, mais qui permettent une gestion optimale de l'estive.
La complémentarité contre l'embroussaillement
Sur les 215 hectares de l'estive du Col du Béal, « il y a un peu tout mais surtout beaucoup de myrtilles et de bruyère » témoigne Jérôme Carret, le président de la coopérative. Depuis sa création en 2004, ils sont quatre agriculteurs à faire paître leurs animaux sur ce plateau. L'estive, exclusivement bovine jusqu'en 2017, accueille depuis un troupeau de 75 vaches allaitantes salers et charolaises et un troupeau de 240 brebis. Sur la surface divisée en deux îlots, les animaux ne se rencontrent pas. Pourtant, cette mixité a permis de rouvrir de petites zones gagnées par la végétation buissonnante. « Le pâturage mixte permet une gestion plus agressive de l'embroussaillement » précise Romain Eychenne d'Auvergne Estive. Bovins et ovins n'ont en effet pas les mêmes goûts alimentaires. Là où les vaches préfèreront une herbe riche, les brebis se satisferont également des jeunes pousses buissonnantes. « Les deux systèmes renforcent leur emprise sur la végétation envahissante (...) tout en limitant leur emprise sur le milieu» ajoute le conseiller. Scinder ainsi l'estive en deux troupeaux réduit la concentration des animaux en un même lieu. Dans certaines estives, cette complémentarité bovin/ovin est largement employée. « Les éleveurs font d'abord passer les bovins sur une zone puis les brebis après. Il y a un peu de concurrence, puisque la vache va manger le meilleur, mais cela force les brebis à consommer davantage les jeunes buissons. Elles iront là où les vaches ne seront pas allées. »
Le tremplin PPT
À l'estive collective du Col du Béal et du Merle, les agriculteurs attendent de pouvoir passer à la vitesse supérieure. L'ouverture prochaine du Plan Pastoral Territorial (PPT) sur le territoire du Livradois-Forez, pour une durée de 5 ans, va permettre d'aménager l'estive notamment en « points d'eau » et « faire un peu de broyage de myrtille » espère Jérôme Carret. Porté par le Syndicat Mixte du Parc Naturel Régional du Livradois-Forez, le PPT est composé de quatre axes stratégiques coconstruits avec les acteurs locaux. Les estives collectives du territoire pourront en effet bénéficier de soutiens financiers (Feader, Conseil régional d'AuRA et les départements du Puy-de-Dôme et du Cantal) pour la création d'aménagements répondant à leurs besoins allant des points d'abreuvement aux cabanes de berger, parcs de contention et clôtures.