À bon entendeur…
Rencontre Dans le cadre de sa tournée dans la région Nouvelle Aquitaine, le préfet de région Étienne Guyot, était présent à Gimel-les- cascades, où les responsables agricoles lui ont présenté l’agriculture corrézienne et les dossiers en cours.
Rencontre Dans le cadre de sa tournée dans la région Nouvelle Aquitaine, le préfet de région Étienne Guyot, était présent à Gimel-les- cascades, où les responsables agricoles lui ont présenté l’agriculture corrézienne et les dossiers en cours.
C’est au Gaec Pélissier que se déroule la rencontre. Cette exploitation créée en 1992 par les grands-parents a été reprise en 2012 par Béatrice et Patrice Pélissier, les parents, et rejoint par leur fils Baptiste en 2018. Sur leur ferme de 206 ha de SAU (superficie agricole utilisée), morcelés sur trois communes en zone de montagne, les trois associés possèdent 8 taureaux et 130 vaches limousines reproductives de broutards, vendus à 8 mois à l’Italie pour l’engraissement. Petit plus depuis 2020, après la construction d’un bâtiment d’engraissement, Baptiste développe la vente directe de vaches grasses pour les particuliers.
Aperçu de la ferme Corrèze.
Très vite, Daniel Couderc, Président de la Chambre d’agriculture, et son directeur, François Trignol, exposent un aperçu de la ferme corrézienne moyenne. Le département compte 3 500 fermes de 63 ha et 1 900 fermes de 110 ha. Jusqu’en 2019, les exploitations se sont agrandies et ont augmenté leur cheptel mais une telle dynamique trouve ses limites dans l'humain. Les systèmes spécialisés « bovins viande » perdent de leur efficacité économique régulièrement à cause d'évènements, tels que la crise de la vache folle, la FCO et les premières flambées des matières premières. Dans les quinze prochaines années, sont prévus 900 nouveaux départs à la retraite. Se pose aujourd’hui, le problème de la capacité à s’installer, de la motivation des jeunes à reprendre une exploitation, auquel s’ajoute la désertification rurale. Il restera alors moins de 1 000 fermes en Corrèze. Le secteur agricole recherche le moyen de rajouter de la valeur ajoutée à une activité qui perd de la compétitivité tous les jours. Les subventions et les aides ne sont pas ou plus toujours adaptées et leur répartition de celles-ci, ne sont pas toujours équitablement distribués sur l’ensemble du territoire français.
« À force de jouer la solidarité nationale, ce sont les acteurs ruraux qui trinquent ! »
Le projet de loi
Aujourd’hui, la FDSEA et les JA proposent un projet de loi, « Entreprendre en agriculture » pour redonner une ambition et un cap à l’agriculture de demain, projet pour lequel ils attendent un réel soutien de l’état.
- Cette loi exige, le renforcement de la souveraineté agricole et alimentaire.
- Les JA et la FDSEA demandent un accompagnement des transitions agricoles et la garantie d’un salaire décent pour chacun.
- Ils revendiquent une amélioration de l’attractivité des métiers agricoles, la facilitation de la transmission et de l’installation des jeunes.
- Et appellent à une simplification administrative.
La situation sanitaire
Lors de cette entrevue, les représentants des syndicats ont alerté sur la gravité de la situation sanitaire en raison des épidémies de fièvre catarrhale ovine (FCO) types 3 et 8, de la maladie hémorragique épizootique (MHE) et de la grippe aviaire. Ils exigent des mesures urgentes pour protéger les éleveurs et limiter les impacts économiques : ainsi est nécessaire une extension des zones de vaccination gratuite, une surveillance renforcée du marché des vaccins et la mise en place rapide d’un soutien financier.
La loi EGAlim
Les JA et la FDSEA alertent sur l’importance de la mise en œuvre de cette loi et appellent les services de l’état – garants de l’ordre public et du respect des lois – à effectuer régulièrement des contrôles afin de vérifier la bonne application des dispositions de la loi. Les JA attendent des actes ; que des amendes soient données aux entreprises qui ne la respectent pas, afin de faire des exemples. Le préfet de région approuve « la vertu de l’amende », promet la vérification des entreprises "mauvais payeurs", et promet la stricte application de la loi pour éviter le clivage entre les différents acteurs, et aider à rétablir un équilibre dans les échanges économiques, permettant ainsi de mieux valoriser le travail des éleveurs et de permettre un avenir durable pour les exploitations.
La compensation environnementale du département
Elle s’inscrit dans la séquence Éviter - Réduire - Compenser (ERC), et s’applique aux projets d’aménagement. Le dispositif porte sur les différents enjeux environnementaux (biodiversité́, air, sol, etc...). Les compensations relatives à des enjeux spécifiques, dont l’eau, sont également prévues. La compensation peut être à̀ la demande, c’est-à-dire mise en œuvre au cas par cas par le maître d’ouvrage ou un tiers ; ou à̀ l’offre, c’est-à-dire basée sur des crédits de compensation vendus par un tiers à̀ un maître d’ouvrage.
Mais la FDSEA alerte que souvent pour les agriculteurs c’est la « double peine » : non seulement les terres agricoles sont consommées pour réaliser les projets d’aménagement, mais la compensation est généralement fléchée vers les surfaces agricoles car cela est moins coûteux que de remettre en état des friches ou des sols pollués.
Cartographie des zones humides et des tourbières
Les JA et la FDSEA restent vigilants quant au risque de classement abusif et erroné de certaines zones humides dans la cartographie, et exigent un double critère sol et végétation caractéristique pour justifier d’un classement en zone humide ou tourbière. Les bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE) devront être validées par l’UE afin que l’agriculture française ne soit pas pénalisée. La cartographie nationale des zones humides pourrait à terme concerner 10 % de la SAU, il est donc impératif de revoir cette carte.
Monsieur le préfet, après avoir écouté et noté les différents points exposés, promet de faire remonter les demandes. Il reconnaît la nécessité de reprendre la loi agricole, la loi de finance et de palier les urgences telles que la crise sanitaire et le changement climatique.
Espérons que le message sera entendu de Matignon et du nouveau gouvernement.