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Bâtiment : elle est où la reprise, elle est où ?

Malgré quelques signes de reprise, les entreprises du bâtiment peinent à renouer avec la rentabilité. Elles réclament plus de stabilité fiscale, moins de normes et de concurrence déloyale.

Le bâtiment et les TP représentent 3 610 emplois dans le département. 140 ont été perdus en 2016.
Le bâtiment et les TP représentent 3 610 emplois dans le département. 140 ont été perdus en 2016.
© J.-M.A

Ce vendredi 24 mars, la tonalité des discours des représentants de la FFB (Fédération française du bâtiment) était à l’image du temps, grise et chagrine. Car si les signes d’un redressement se font jour en ce premier trimestre, ils sont encore bien timides et fragiles dans le Cantal comme l’a déploré Jean-Michel Verdier, le président de la FFB 15, qui a fait état d’une fracture territoriale plus aiguë que jamais entre zones rurales et métropoles. Certes, les carnets de commandes se remplissent un peu mieux, mais ils ne sont pas le reflet de la santé économique des entreprises cantaliennes en panne de trésorerie avec des marges sévèrement amputées par des prix qui, eux aussi, sont restés au ras des pâquerettes.

140 emplois perdus

Pour preuve de ce retard à l’allumage : les chiffres de l’année 2016. Le secteur a ainsi perdu dans le département 140 emplois(1) sur les 3 610 que représentent le bâtiment et les TP, soit - 3,8 % quand l’érosion à l’échelle de la grande région n’a été que de - 0,1 %. Les mises en chantier ? “Elles sont restées bien timorées”, affirme Jean-Michel Verdier, évoquant 500 logements seulement entamés, 178 000 m2 de réalisation et 51 000 m3 de béton utilisé. Trop peu pour rebondir. Face à cette pénurie de la commande, publique notamment(2), la FFB 15 et son président ont pris leur bâton de pélerin pour aller à la rencontre des élus locaux et prêcher la bonne parole de l’investissement. Et comme l’an dernier déjà, Jean-Michel Verdier ne s’est pas montré tendre à l’égard des édiles. “Si certains tentent des réalisations, d’autres n’ont pas de projets ni de vision, c’est d’autant plus dommageable quand on nous martèle que la DETR (dotation d’équipement des territoires ruraux et premier levier d’investissement pour les communes, NDLR) a augmenté de 36 % en 2016 !” Lors de ces échanges avec des maires et présidents d’intercommunalité, la FFB a identifié trois freins : une taille associée à un défaut de structuration ne permettant pas de disposer de l’ingénierie suffisante pour le montage administratif et financier de projets, des retards d’appel d’offre liés à la fusion des Régions (partenaire financier des collectivités), et, enfin, la complexité administrative des appels à projets. Sur le champ de la rénovation et de l’entretien des bâtiments, la situation n’est guère plus favorable. “La relance viendra avec la confiance et la stabilité”, estime le président. Deux conditions peu probables dans une année triplement électorale comme 2017... Bertrand Sablier, délégué général de la FFB, considère néanmoins que ce contexte électoral est une formidable opportunité d’affirmer les revendications d’un secteur oublié de la campagne. Avec une priorité : “Développer les marchés et conserver ce qui marche.”

En quête de stabilité et concurrence... loyale

Ce qui marche, c’est à ses yeux : le prêt à taux 0, la TVA à taux réduit, le dispositif Pinel, le CICE(3) “qui a évité des milliers de faillites”. À l’inverse, la FFB continue d’être vent debout contre l’instabilité fiscale avec, par exemple, un régime fiscal de l’investissement locatif qui a changé neuf fois depuis 1995 alors qu’il restait stable outre-Rhin ; contre l’excès de normes, plus de 4 000 encadrant le secteur du bâtiment. Vent debout contre la concurrence déloyale, celle des autoentrepreneurs, contre le travail détaché, avec néanmoins, un acquis récent, celui de la carte d’identification professionnelle qui se déploie actuellement. Vent debout aussi contre le compte pénibilité et le procès en racisme fait autour de la clause Molière qui impose le français sur les chantiers. Une clause qui vise pour la FFB “à ce que tout le monde sur des chantiers, où parfois cohabitent jusqu’à 50 nationalités, comprenne les règles de sécurité”. “Le problème du détachement, c’est aussi celui de travailleurs venus des pays de l’Est pour deux, trois mois, qu’on maltraite, qu’on fait dormir dans des camionnettes, c’est de l’esclavagisme moderne”, a-t-il lancé, avant de réclamer une vraie relance de l’apprentissage par des mesures adaptées. En rappelant au passage que le secteur du bâtiment, qui représente 7 % du PIB national, est celui qui pourvoie le plus de postes d’apprentis : un quart de tous les contrats passés en France le sont dans les entreprises du bâtiment.

 

(1) Dix mille emplois supprimés en France. (2) Qui représente 15 à 20 % du chiffre d’affaires du secteur du bâtiment. (3) Crédit d’impôt compétitivité emploi.

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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