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Manifestation
Barrages levés contre un rendez-vous avec Michel Barnier

En situation de crise, les éleveurs de porcs et de lapins du Sud de la Loire ont exprimé leur colère, en bloquant, jeudi dernier, trois ronds-points stratégiques de l’agglomération clermontoise. Ils seront reçus au ministère le 10 janvier prochain.

 

A  l'appel de la section régionale porcine de la FRSEA Massif central et des Jeunes agriculteurs, près de 500 éleveurs de porcs et de lapins d'Auvergne, du Limousin, de Rhône Alpes et de Midi-Pyrénées ont convergé, jeudi dernier, vers Clermont-Ferrand. Armés de banderoles, de casquettes et de tracts, ils ont bloqué simultanément trois carrefours de l'agglomération, celui des quatre routes en direction de Limoges, celui du Brézet et celui de la Pardieu. De quoi entamer la patience des automobilistes les plus pressés, car en filtrant la circulation, les éleveurs ont créé de jolies files de voitures. « Il faut bien que l'on se fasse entendre ! », a lancé un éleveur à une conductrice excédée. « Et puis d'abord vous en connaissez beaucoup des gens qui manifestent sans déranger personne! ».
Les producteurs voulaient faire du bruit, mission accomplie, dans le respect de chacun et argumentaire à l'appui : « On manifeste parce qu'aujourd'hui nous produisons à perte. Nous n'arrivons pas à vivre du prix de vente de notre cochon, car il est trop faible, et à côté de cela nous devons faire face à une hausse importante du prix de l'aliment », informait un éleveur, venu du Lot. Tract dans une main pour étayer ses propos, et rondelle de saucisson dans l'autre, il continue son raisonnement : « Et demain si la production porcine disparaît, plus question de déguster une tranche de saucisson comme celui là!».

Rencontre en préfecture

La filière est en danger et les éleveurs ont voulu le faire savoir, y compris à la préfecture de région, où faute d'avoir pu rencontrer le préfet en personne, ils ont été reçus par le secrétaire général, le directeur de cabinet et le DRAF, en fin de matinée. « Avec un cours du porc moyen à 1,129 €/kilo et des coûts de production à 1,59 ?/ kilo, les éleveurs de porcs perdent de l'argent au quotidien. On peut estimer qu'en 2007, le déficit pour un éleveur s'élèvera à environ 30 € par porc produit. Au final, pour un élevage de 100 truies naisseurs-engraisseurs, c'est une perte de 7.000 € par mois », a expliqué Bruno Bunisset, président de la section régionale porcine Auvergne Limousin.
Après avoir exposé le contexte et leurs revendications, les éleveurs ont expliqué vouloir obtenir un rendez-vous dans les dix jours avec le ministre de l'agriculture. Une exigence en forme d'ultime préalable à la levée des barrages. A 15 h 15, la nouvelle est tombée. Une délégation, composée de chaque président de région, sera reçue par Michel Barnier, le 10 janvier. L'occasion pour les responsables professionnels de faire valoir leurs quatre revendications prioritaires : «Premièrement, un prix du porc qui permette aux éleveurs de vivre du prix de leur produit, en portant une attention particulière au marché au cadran de Plérin, deuxièmement des soutiens d'urgence pour les exploitations les plus fragilisées par la crise, troisièmement, une cotation spécifique pour les zones à faible densité porcine qui prenne en compte nos spécificités et enfin une année blanche pour les intérêts d'emprunt bancaire et pour les cotisations nationales ».

Réactions


- Hervé Chambon, agriculteur installé depuis quelques mois et éleveur de porcs à Aubiat
« Je suis éleveur de porcs en post-sevrage et engraisseur en Label Rouge. Je constate que les prix du marché pour le porc sont inférieurs de 10 % en 2007 par rapport à 2006. La problématique des matières premières n'a fait qu'accentuer le choc qui touche notre production depuis plusieurs années. Par exemple, le cours des céréales est passé de 130 à
260 €/t et le prix du fioul a augmenté considérablement. Je déplore l'attitude de la grande distribution qui estime que ses besoins sont largement couverts. C'est insensé ! C'est juste qu'elle ne veut supporter aucune hausse, voire au contraire diminuer le prix du porc pour augmenter sa marge ! C'est très difficile pour nous car les coûts de production sont très élevés. Si on continue à évoluer dans cette crise, notre trésorerie étant déjà épuisée, on peut perdre tout le capital du cheptel en un an ! Il faudra alors que les consommateurs achètent du cochon d'ailleurs sans compter sur la même qualité que celle de nos produits... »

- Stéphane Thouly, Secrétaire général des JA, éleveur de porcs à Celles sur Durolles et producteur de lait
« On est obligé de manifester car on est en train de nous tuer ! Le cours du porc n'est pas du tout bon. La conjoncture défavorable de la hausse du coût des matières premières appuie là où ça fait mal depuis plusieurs années car le prix payé au producteur est de moins en moins cher au cadran de Plérin. Le prix du saucisson est quant à lui toujours le même alors qu'on modifie allègrement le prix payé au producteur de 30% comme un yo-yo ! On est dans un marché libéral mais aucun agriculteur n'a été épargné par la vente à perte : ne serait-ce pas interdit par la loi ? De plus, aujourd'hui, on fait rentrer des pleins camions d'Espagne, on transforme ici et après les politiques se vantent de faire du saucisson d'Auvergne. Vive l'appellation quand on doit tuer nos porcelets pour réguler la production ! »

- Annie, productrice en Corrèze
«On perd 30 € par porc. On ne peut plus continuer à ce rythme-là. Nos marges de négociation avec les marchands d'aliments sont faibles, les prix restent très élevés. Il faut absolument que les cours du porc augmentent ! ».

- Christophe, producteur dans la Loire
« Je me suis installé en 1997 et à mon installation nous avons créé l'atelier porcin. Depuis, en tout et pour tout, ma production de porcs m'a rapporté durant seulement dix mois, six mois en 2001 et quatre mois en 2006. On ne fait que perdre de l'argent et aujourd'hui c'est le lait qui me permet de combler le trou du porc. La situation est intenable, d'autant plus pour les élevages spécialisés ! ».

 

Les éleveurs de lapins également en grande difficulté

Tout comme les producteurs de porcs, les éleveurs de lapins subissent de plein fouet la hausse du prix des matières premières. « Les conséquences sont dramatiques pour les éleveurs, quand on sait que l'aliment représente 70% du prix de revient du lapin vif», explique Marie-Thérèse Charlanne, présidente du groupement lapins Massif central (GLMC). La perte pour un élevage moyen serait de l'ordre de 25.000 €. Dans ces conditions, la filière cunicole du Sud de la Loire demande des soutiens d'urgence pour les exploitations les plus fragilisées par la crise, et plaide en faveur d'un « prix du lapin qui permette à l'éleveur de vivre de sa production ».

 

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