Barbec’install : s’inspirer de projets réussis pour son installation
Jeudi 26 septembre, le Point accueil installation a organisé une nouvelle édition de son Barbec’install au Batifolier, chez Benoît Remise, pour échanger avec les étudiants en lycées agricoles, futurs agriculteurs.
Jeudi 26 septembre, le Point accueil installation a organisé une nouvelle édition de son Barbec’install au Batifolier, chez Benoît Remise, pour échanger avec les étudiants en lycées agricoles, futurs agriculteurs.
Tous les deux ans, dans une ferme d’un jeune agriculteur, le Point accueil installation (PAI) organise un Barbec’install où sont invités les partenaires à l’installation, et les élèves des lycées agricoles, pour discuter parcours à l’installation et possibilités de travail dans le monde agricole, dans une ambiance détendue.
Près d’une centaine d’élèves venus des trois lycées agricoles du département ont répondu présents à l’invitation, et se sont retrouvés chez Benoît Remise au lieu-dit Le Batifolier (Le Buisson).
Cet événement permet de réunir les nombreux partenaires à l’installation (service de remplacement, chambre d’agriculture, MSA, Groupama, notamment) en un seul endroit pour que tous puissent poser leurs questions en toute détente.
Ce type de rendez-vous informel est l’occasion, pour les élèves, de poser des questions qu’ils n’osent pas forcément poser dans un autre cadre »
« Ces élèves sont les salariés agricoles et les agriculteurs de demain », a souligné Nathan Mouret, responsable du PAI. « Ce type de rendez-vous informel est l’occasion, pour les élèves, de poser des questions qu’ils n’osent pas forcément poser dans un autre cadre ».
Pour Élodie Joubert, membre du bureau des Jeunes agriculteurs de Lozère (syndicat qui chapeaute le PAI), « cette soirée est l’occasion de leur mettre un pied dans le bain, leur faire connaître les possibilités d’emplois qu’il y a derrière. C’est pour ça qu’on le fait seulement tous les deux ans. Là, on a des étudiants en première et deuxième années, et il suffit que dans leur cursus, ils aient pu avoir ce moment de partage ».
Un événement qui a été lancé il y a une dizaine d’années, et qui fonctionne : « ça prend bien, c’est un moment convivial, et c’est une formule qui nous plaît ». Notamment via le lien établi avec le profil du ou des jeunes agriculteurs qui reçoivent les étudiants sur leurs fermes au fil des événements.
Des jeunes jugés motivés et intéressés, notamment par le Service de remplacement et ses possibilités d’emplois au sortir des études. « Ça leur crée des opportunités en plus avant de s’installer », note Nathan Mouret. « Chaque partenaire a un peu ses questions selon les attentes des jeunes, et l’avancée de la réflexion des projets futurs », complète Élodie Joubert.
Lire aussi -> Mieux connaître le Service de remplacement
L’installation a le vent en poupe en Lozère
Chaque année depuis 2015, en moyenne 20 000 chefs d’exploitation cessent leur activité tandis que 14 000 s’installent »
« L’installation se passe, pour le moment, très bien en Lozère », s’est par ailleurs satisfaite la membre du bureau des Jeunes agriculteurs de Lozère. « On est encore l’un des départements qui installe le plus en France, on est très fiers de ça et on souhaite que ça dure ».
Pour rappel, la question du renouvellement des générations commence à devenir pressante en agriculture : dans les dix ans à venir, plus de la moitié des agriculteurs encore en activité partiront à la retraite, et de nombreuses fermes se retrouveront vacantes. Selon le recensement agricole (RA) de 2020, sur le territoire français (métropole et départements d’outre-mer) 416 436 exploitations agricoles sont en activité, pour 360 000, environ, chefs d’exploitations et co-exploitants.
Un rapport de la Cour des comptes publié en 2023 et intitulé « la politique d’installation des nouveaux agriculteurs et de transmission des exploitations », rappelle que « chaque année depuis 2015, en moyenne 20 000 chefs d’exploitation cessent leur activité tandis que 14 000 s’installent ». 43 % des exploitants sont aujourd’hui âgés de plus de 55 ans et sont donc susceptibles de partir en retraite d’ici dix ans. L’installation reste donc un vrai défi pour le monde agricole, en général.
« Il faut que l’on continue à installer, il faut continuer sur cette lancée », a souligné Élodie Joubert qui note par ailleurs que le domaine de l’agriculture continue d’intéresser les jeunes, et de s’envisager comme une carrière pérenne. « Maintenant, il faut qu’on ait des installations qui soient viables et vivables ». Et c’est là tout le rôle du PAI, d’accompagnement et de soutien des projets jusqu’à ce qu’ils soient mûrs. « L’installation, pour les étudiants, reste un but, confirme Nathan Mouret. Par contre, les étudiants souhaitent désormais travailler avant de s’installer ». Un point prôné de longue date par le PAI et les Jeunes agriculteurs, et qui semble rentrer dans les objectifs des futurs agriculteurs. « C’est toujours une excellente idée d’aller voir ailleurs ce qui se fait, de découvrir d’autres systèmes d’exploitations ». Pour Élodie Joubert, les futurs agriculteurs doivent prendre le temps de découvrir avant de s’installer : « on pousse pour qu’ils prennent le temps de faire des études, qu’ils prennent le temps d’aller voir ailleurs, le temps de poser le projet pour qu’il mûrisse ».
Autre constat fait par les acteurs de l’installation : les nouveaux agriculteurs viennent désormais de différents horizons. « On a des profils qui évoluent, des hors-cadre familiaux de plus en plus, de plus en plus de femmes, ou des gens qui arrivent sur le tard après une reconversion professionnelle. Il faut gérer tout ça. Alors, ceux qui ne sont vraiment pas du milieu, ils ont encore plus besoin de passer par nos structures, notamment le PAI, pour arriver à mûrir un projet. La société évolue et l’agriculture n’y manque pas non plus. Mais cela est une richesse, à condition que ce soit bien anticipé et que les projets soient solides ».
Benoît Remise : des Aubrac et des chèvres
Installé depuis trois ans sur la ferme familiale, Benoît Remise avait tout pour suivre une trajectoire toute tracée : éleveur d’Aubrac. Mais un stage et une rencontre avec des chèvres lui ont ouvert d’autres perspectives. Ancien élève du lycée agricole Terre-nouvelle (Bac et BTS), il a poursuivi avec un certificat de spécialisation en chèvres, dans le Lot. Il n’existe que trois écoles en France qui délivrent ce certificat spécifique.
Le cheptel caprin français est le quatrième de l’Union européenne, derrière la Grèce, l’Espagne et la Roumanie. La France arrive en tête pour la production laitière. 5000 exploitations détiennent 770 000 chèvres. Ces exploitations se répartissent en trois catégories : les livreurs de lait non transformé (48 %), les fromagers (47 %) et les mixtes (5 %).
Une toute nouvelle voie pour Benoît Remise, qui a terminé sa bergerie abritant sa trentaine de chèvres en début d’année, et attenant à un atelier de transformation. Les chèvres, de race alpine, sont arrivées sur l’exploitation il y a un an.
En première au lycée, on a fait une visite d’exploitation caprine, et ça m’a vraiment plu. J’ai donc creusé le sujet, et me suis intéressé à la production, avant d’apprendre le métier de fromager ».
À terme, Benoît Remise espère augmenter le troupeau de chèvres pour arriver à une quarantaine de têtes, et garder une vingtaine d’Aubrac pour la filière Fleur d’Aubrac, « pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». Un atelier de diversification qui lui permet aussi de « ne pas agrandir le foncier », et de tourner sur sa soixantaine d’hectares.
« La chèvre est un animal qui m’a toujours plu, s’amuse le jeune éleveur quand on lui demande le pourquoi de cette production particulière. Elles sont proches de nous, et la façon de les conduire me plaît vraiment. Et puis, le fait de transformer sur place ma production est très valorisant ».
Fabriquant deux fromages, Benoît Remise les vend sur les marchés locaux et à des restaurateurs. Quant aux GMS, il n’y songe pas vraiment pour le moment. Dans son atelier, et que les élèves ont pu goûter durant l’événement, Benoît Remise propose donc le Cabrifolier, un petit fromage carré et une tomme de chèvre.
S’il reste modeste sur ses objectifs, avec l’idée de bien développer ses débouchés commerciaux et d’asseoir sa production, Benoît Remise ne s’empêche pas de songer au futur, et de réfléchir à d’autres projets.
Quant aux jeunes qu’il a accueillis sur son exploitation ce 26 septembre, le jeune agriculteur a un message : « trouver ce qui vous plaît, et garder votre ligne directrice, même s’il y a des moments de doute. J’en ai encore, des inquiétudes, mais je crois en mon projet », a-t-il conclu.
Lire aussi -> « S’installer hors-cadre familial et participer aux concours, c’est possible »
Le PAI, une aide à l’installation
En 2023, près de 200 dossiers ont atterri sur le bureau de Charlotte Pantel, chargée de mission au PAI. En 2022, ce sont près de 130 dossiers que le PAI avait accompagnés. Objectif ? Que les projets soient les mieux construits possible, pour que les installations deviennent des réussites agricoles pérennes. Renseignements auprès du PAI au 04 66 65 99 45 ou pai48@installationlozere.fr.